Affaire des soldats ivoiriens détenus à Bamako : Jusqu’où ira le Colonel Assimi Goïta ?

Même si le pouvoir de Transition du Mali ne badine pas avec le respect de la souveraineté du pays, il est fort souhaitable que l’homme fort de Bamako se montre flexible dans cette affaire des soldats ivoiriens détenus comme « mercenaires » depuis le 14 juillet dernier.

La sagesse africaine enseigne qu’en tirant trop sur la corde, elle finit par se rompre. Le président de la transition malienne, le Colonel Assimi Goïta connaît-il ce proverbe, lui qui est issu de la pure tradition africaine basée sur l’humilité, la mesure, le bon voisinage et l’hospitalité ? L’on se pose des questions.

En effet, l’affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés et détenus à Bamako, depuis le 14 juillet, a aujourd’hui plus que polarisée toutes les attentions. C’est au point que la communauté mondiale s’en préoccupe avec une certaine inquiétude, car cette crise peut provoquer des déflagrations armées entre le Mali et la Côte d’ivoire. Quelles peuvent être les conséquences d’un conflit armé entre ces deux pays si liés et si proches ? Surtout qu’il n’est pas exclu qu’en cas d’affrontements armés, les populations pourraient s’autodétruire dans des violences hautement dévastatrices.

C’est pour cela qu’il est urgent de faire violence sur soi-même et envisager des mesures d’apaisement, donc de dénouement de cette affaire « regrettable » marquée par des « incompréhensions » et de nombreux « dysfonctionnements ».

En ce sens que les plus hautes autorités du Mali devraient accepter le début de mea culpa exprimé par les autorités ivoiriennes sous l’égide de la médiation togolaise. Il s’agit de considérer le discours récemment tenu par le ministre Directeur de Cabinet du président Alassane Ouattara à Lomé comme un aveu de faute des dirigeants ivoiriens. Le ministre Fidèle Sarassoro s’était lors de cette intervention engagé au nom de la Côte d’ivoire à respecter désormais les procédures requises pour le déploiement de pareilles contingents militaires vers le Mali. Cet engagement ne traduit-il pas l’expression d’un regret pour ce débarquement irrégulier des 49 militaires ivoiriens à Bamako ? Rien n’est moins sûr. Donc, à partir de cette ouverture, rien n’empêche les dirigeants de ces deux pays d’œuvrer à trouver une solution permettant à chaque partie de sauver la face.

Au contraire, la tension s’est exacerbée par d’autres déclarations qui ont conduit la CEDEAO à se saisir du dossier, après les interventions infructueuses des dirigeants nigérian, sénégalais, etc. Ce qui n’a pas empêché le Secrétaire général de l’ONU à sortir de sa réserve pour réfuter le qualificatif « mercenaire » attribué par Bamako à ces soldats ivoiriens. Toute chose qui a suscité des protestations chez les alliés et proches du Colonel Assimi Goïta. Sans oublier que les menaces d’Abidjan selon lesquelles « cette prise d’otages ne sera pas sans conséquences » n’a rien arrangé dans ce bras de fer.

Au final, avec la décision de la CEDEAO d’envoyer à Bamako dès cette semaine, une délégation de haut niveau avec pour seul objectif d’obtenir « la libération immédiate et sans condition » des détenus ivoiriens indique que cette affaire a atteint son paroxysme. Ce sera donc une mission de la dernière chance pour le dénouement de ce dossier ; dans la mesure où des missions de bons offices, dont des religieux ivoiriens et maliens semblent avoir atteint leur limite dans ces discussions pour libérer ces infortunés militaires.

La question se pose alors de savoir jusqu’où ira le colonel Assimi Goïta dans sa volonté de châtier l’Etat de Côte d’Ivoire pour ses graves manquements ou pour sa volonté de déstabiliser la transition malienne. Le colonel Goïta acceptera-t-il de lâcher du lest en libérant les soldats d’Alassane Ouattara pour une paix des braves entre les deux nations si attachées l’une à l’autre ? Le numéro Un malien ne risque-t-il pas d’être désavoué par certains acteurs politiques d’envergure de son pays qui commencent à trouver sa posture trop radicale et intransigeante ? De nombreux leaders politiques ne disent-ils pas déjà que « diriger un pays, c’est résoudre ses problèmes et non lui en créer » à l’instar d’Housseini Amion Guindo dit Poulo ?

En outre, il faut avouer qu’aujourd’hui, le Mali a plus de problèmes existentiels que la Côte d’ivoire, qui est la première puissance économique de l’UEMOA. En plus, la Cote d’Ivoire, qui fournit une bonne partie de l’énergie électrique au Mali, abrite sur son sol près de 5 millions de Maliens. Ces éléments ne sont point négligeables pour un Mali largement infesté par le péril terroriste et économiquement exsangue. Ce qui devrait inciter le Colonel Assimi Goïta a bien vouloir lever le pied dans ce fâcheux dossier des militaires ivoiriens présumés dans une opération de mercenariat.

Boubou SIDIBE/maliweb.net

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