Dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale : Vers un nouveau plan social pour enfin bâtir la nation
La ‘’suppression’’ de l’Accord d’Alger a rabattu les cartes, d’un laborieux processus de paix au Mali enclenché depuis 2012. Ainsi à l’initiative du président de la Transition, revoici les Maliens autour de la table pour identifier les sources des crises qui affectent leur pays, prévenir et gérer les conflits en valorisant les mécanismes endogènes de gestion, pour la consolidation de la paix, identifier les conditions de retour des réfugiés et des déplacés, renforcer la confiance entre les populations et les Forces armées et de sécurité.
Les concertations communales du Dialogue Inter-Malien ont débuté le 13 avril 2024. Après cette phase, s’ouvriront les concertations régionales et celles organisées dans le District de Bamako, les Ambassades et Consulats. Quant à la phase nationale, elle est prévue dans la capitale du 6 au 10 mai 2024 et quelque 1000 à 3000 participants y sont attendus.
Ce dialogue se veut une thérapie inclusive et générale à la crise multidimensionnelle qui secoue le pays, depuis plus d’une décennie. Il devra faire passer au microscope les causes de la mauvaise gouvernance, de l’insécurité, des rébellions successives (1963, 1990, 2006 et 2012), du terrorisme et des crimes organisés, des crises qui ont sérieusement détérioré le tissu social et économique du pays.
Car, le cours de l’histoire n’a pas évolué positivement au Mali, malgré les nombreuses initiatives de paix comme les Accords de Tamanrasset du 6 janvier 1991, le Pacte national du 11 avril 1992, la Flamme de la paix organisée à Tombouctou le 27 mars 1996, l’Accord d’Alger du 4 juillet 2006, l’Accord préliminaire de Ouagadougou du 18 août 2013, l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger signé à Alger le 15 mai et parachevé à Bamako le 20 juin 2015, la Conférence d’Entente nationale tenue du 27 mars au 2 avril 2017, le Dialogue National Inclusif organisé du 14 au 27 décembre 2019.
D’où la nécessité pour les Maliens de se retrouver autour d’un dialogue fédérateur, «Made in Mali». Car après tous ces efforts, les Maliens peinent à vivre en harmonie, ils s’interrogent -individuellement et collectivement- sur la gouvernance du pays, personne ne sachant à quel saint se vouer. Ainsi peut -on comprendre que l’insurrection populaire ait abouti à la chute du régime IBK en Août 2020 , avec l’irruption de l’armée sur la scène. Celle-ci s’est vue obligée, de procéder à une seconde intervention d’Assimi et de ses camarades pour ‘’rectifier’’ la transition qui avait été mise en place.
Intrépide, la nouvelle équipe a engagé le pays dans des réformes et orientations nouvelles : adoption d’une nouvelle Constitution, dénonciation de l’Accord de défense et de la convention fiscale avec la France, fin des opérations Barkhane et Takuba, retrait du Mali du G5 Sahel, refus du renouvellement du mandat de la Minusma, création de l’Alliance des Etats du Sahel (Aes), retrait du Mali de la Cédéao, récupération de son droit d’expression sans intermédiaire à la tribune des Nations unies.
Devant toutes ces mesures, les Maliens doivent s’approprier la vision et les orientations des autorités. Cela passe d’abord par la réappropriation «nationale» du processus de paix et de réconciliation, socle de toute politique de développement socio-économique et de tous les enjeux du futur.
Cinq thématiques essentielles meubleront les travaux du dialogue. La Paix, la Réconciliation nationale et cohésion sociale, les questions politiques et institutionnelles, l’économie et le développement durable, les Aspects sécuritaires et défense du territoire, la Géopolitique et l’environnement international.
Selon le Président du Comité de pilotage du dialogue, il faudra «parler à tous les Maliens tant qu’il est possible».
Ousmane Tangara
Source : Le Challenger