Le mandat d’arrêt international à l’encontre de Karim Keïta, l’un des fils de l’ex président malien Ibrahim Boubacar Keïta, dans le cadre d’une enquête sur la disparition d’un journaliste d’investigation en 2016. Il nous revient que La “notice rouge” d’Interpol a été diffusée à la demande d’un juge d’instruction du tribunal de grande instance de la commune IV de Bamako.
Au moment où le mandat d’arrêt a été émis, Karim Keita se trouve actuellement à Abidjan (Capitale ivoirienne), la question reste de savoir réellement si les autorités ivoiriennes accepteront elles de livrer le fils de l’ex chef d’État malien ?
Par ce que nous sachions, il semblerait que Karim Keita dispose de trois nationalités (Malien, Ivoirien et Canadien). La nationalité ivoirienne, il l’a acquise avec la complicité de son ami l’ex feu Pm Hamed Bagayoko malgré qu’il soit né en Côte d’Ivoire, le droit de sol n’est pas reconnu dans ce pays. Cette nationalité lui a été donnée pour échapper à la justice malienne car il faisait l’objet de plusieurs malversations financiers au Mali pendant qu’il était Président de la Commission Défense de l’Assemblé Nationale.
La preuve lorsque les autorités Burkinabé avaient émis un mandat d’arrêt contre l’ancien Président Blaise Compaoré , la Côte d’Ivoire avait refusé de l’extrader.
Les raisons du mandat d’arrêt contre Karim Keita
Karim Keita, le fils aîné de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par les autorités judiciaires et policières du Mali. Est -ce là le début de la fin de l’impunité au Mali ? Karim Keita, affectueusement appelé «Katio » par les siens était l’incarnation même des dérives et abus du régime de son président père, Ibrahim Boubacar Keita. Impliqué dans la gestion des affaires de l’Etat à un niveau insoupçonné, il apparaissait comme le président-bis de la République. Rien ne se faisait sans l’aval de Karim qui nommait et dégommait les ministres comme bon lui plaisait. Lui refuser une faveur, même indue ou extravagante, signifait pour nombre de ministres un départ lors du prochain remaniement. Karim, c’était aussi la captation de l’Etat et sa mise au service d’intérêts privés voire mafieux. Les marchés publics les plus juteux étaient tout naturellement pour les sociétés-écrans ou les amis de Karim Keita. Les nominations aux postes clés de la République, en dehors du périmètre que l’ancien Premier Ministre Boubou Cissé s’était adjugé, relevaient des recommandations de celui que certaines langues fourchues appelaient Bébé Doc. Les investitures pour la députation ou les mairies, c’étaient encore lui. Jusqu’à la fatidique et caricaturale imposition de Moussa Timbiné à la présidence de l’Assemblée nationale.
Tous ces comportements avaient fait de Karim Keita l’homme le plus vilipendé pour ne pas dire le plus haï des maliens dans la galaxie IBK. Le fils chouchou de IBK savait tout cela mais il croyait dur comme fer au bouclier de son père pendant le mandat de celui-ci et en son immunité parlementaire. En effet, Karim Keîta s’était fait élire député de la circonscription électorale de la Commune 2 de Bamako. Mais plus que tout, Karim Keita s’était mis en tête de « succéder démocratiquement » à son père en se faisant élire Président de la République. Comme dans d’autres pays africains. Mais il avait oublié que comparaison n’est pas toujours raison.
On le voit donc, « Katio » était au cœur d’intérêts très importants avec des ingrédients financiers, sociaux et politiques et il n’était pas question de laisser quiconque contrarier ces pratiques et les projets qui les sous-tendaient.
Or voilà qu’un journaliste, Birama Touré s’est mis en tête de divulguer des secrets hautement préjudiciables aux intérêts du père, du fils et du clan. Il fallait par tous les moyens de l’empêcher la publication des informations que détenait le journaliste.
Par tous les moyens ? En tout cas Birama Touré, qui officiait dans le très célèbre et très journal d’investigations, le « Sphinx » tombe dans un traquenard le 29 janvier 2016 et se fait enlever sans plus jamais réapparaitre.
Adama Dramé, le patron du Sphinx se fit un devoir de faire éclater la vérité. Toutes les pistes qu’il a explorées sur la base d’investigations sérieuses menaient invariablement vers Karim Keita et vers la Sécurité d’Etat ou dit-on, Birama Touré serait mort de sévices pour lui extorquer ses secrets. Ainsi Adama Dramé lui aussi, menacé de mort pour en savoir trop s’est exilé depuis de nombreuses années en Europe. Le célèbre inspecteur de police, Papa Mambi Keita dit l’Epervier du Mandé prit lui aussi le chemin de l’exil pour les mêmes raisons.
Face aux multiples révélations, la justice ne pouvait rester inerte. Le Procureur de la Commune IV actionna alors le commissariat de Sébénicoro, lieu de résidence de Karim Keita avant que l’affaire ne soit finalement confiée au Service d’Investigations Judiciaires du Camp 1 de la Gendarmerie.
Nonobstant de nombreuses prises de positions des faîtières de la presse nationale, des dénonciations de reporters Sans Frontières et d’autres associations ou organisations internationales, le cas Birama Touré ne connaîtra aucune évolution. Ses parents, des familles fondatrices de Bamako, alertèrent, menacèrent sans résultat ni succès. Karim Keita, après le coup d’Etat du 18 août, organisa, avec l’aide de hauts gradés, son exfiltration du Mali. A coup de centaines de millions de FCFA dit-on. Mais voilà que la justice reprend son cours. La Cote d’Ivoire extradera-t- elle son hôte devenu ainsi encombrant ? D’autres affaires attendent-elles Bébé Doc ?
Source : maliweb.net