Transition et processus électoral : Modibo Kadjoké dévoile les incohérences et propose
Pour sa deuxième sortie depuis le coup d’Etat du 18 août 2020, le président de l’Alliance pour le Mali ‘’APM-Maliko’’, Modibo Kadjoké n’est pas allé par quatre chemins pour exposer au grand jour les incohérences du gouvernement dans la conduite de la transition. C’était le mercredi 28 avril 2021. Ce fut une occasion pour le directoire du parti de formuler des recommandations pour la bonne marche du processus électoral.
Dans son intervention, Modibo Kadjoké a fait un survol des ‘’anomalies’’ voire ‘’des zones d’ombre ’’ qui planent sur la transition politique en générale et le processus électoral en particulier.
Selon lui, les autorités de la transition, par mépris des attentes de la Communauté internationale et nationale veulent organiser 5 à 6 scrutins alors que, dit-il, la priorité doit être les législatives et la présidentielle. « Les résolutions issues des assises nationales et du dialogue national inclusif relatif aux organes de gestion des élections sont foulés au pied par les autorités de la transition » à en croire M. Kadjogué.
Poursuivant, le conférencier a laissé entendre que les élections se feront avec un fichier électoral non révisé. En lieu et place de la révision ordinaire des listes électorales, une révision exceptionnelle se fera. Au lieu de 30 jours programmés pour le faire, 21 jours sont retenu pour cette révision exceptionnelle. « Du coup, le choix est fait d’aller à des échéances aussi importantes que la présidentielle et les législatives de fin de Transition sans un fichier bien nettoyé et mis à jour », déplore le conférencier.
Autres anomalies citées demeurent la tenue des élections des présidents des régions, cercles et communes dans un climat d’insécurité alors que ces autorités seront élues au suffrage direct. Les détenteurs des armes dicteront leur loi dans les zones non contrôlées par l’Etat. Pourtant la désignation des autorités des régions par suffrage direct veut dire qu’elles ont les mêmes valeurs au niveau de leur région que le président de la République. Elles peuvent engager leurs régions dans des reformes sans avoir l’avis de l’Etat central dont la décision se fait à postériori.
Conscient de ces anomalies, le directoire de l’APM-Maliko a formulé plusieurs recommandations parmi lesquelles figurent l’établissement d’un calendrier consensuel des reformes, suivi d’un chronogramme et d’un plan de sécurisation des élections, le respect de la fin de la Transition en 18 mois en organisant les 2 scrutins essentiels : les législatives et la présidentielle.
Partant du fait que la nouvelle constitution n’a pas de lien avec ces 2 scrutins, Il faut, de son point de vue, prendre le temps d’un débat démocratique le plus large, le plus profond possible et le plus inclusif, organiser le scrutin référendaire à partir de 2022, réunir les meilleures conditions pour l’élection au niveau des Collectivités territoriales en 2022, ne jamais organiser d’élections pour les Collectivités dans les zones sécurisées par des armes non étatiques. Autres propositions demeurent l’organisation de la révision ordinaire des listes électorales aux dates prévues, la désignation des membres de la Ceni qui veille sur la régularité du référendum et des élections générales (art 14) avant le début des opérations de révision des listes électorales (article 10 de la loi électorale). A en croire l’orateur du jour, il faut consacrer le maximum d’énergie à créer les conditions d’élections les moins contestables possible pour rompre le cycle d’instabilité politique chronique que connait le Mali et recadrer la Transition afin de la rendre plus inclusive (CNT et Gouvernement y compris).
Source: l’Alerte