Tchad : qui a attaqué le palais présidentiel ?
Que s’est-il passé hier soir autour et dans l’enceinte du palais présidentiel tchadien ? Certes, selon les quelques éléments distillés ça et là, on sait qu’un commando s’en est pris à la présidence, à la tombée de la nuit. Durant un peu moins de deux heures, des habitants de la capitale N’Diamena ont rapporté des tirs nourris.
Puis, par divers canaux, les autorités ont vite fait savoir que la situation était maîtrisée et que la menace était éradiquée. Mais cette brève restitution ne rend pas compte de tout. En effet, qui sont les membres de ce commando qui a poussé l’audace jusqu’à s’attaquer au site le plus protégé du Tchad ? Quels étaient leurs objectifs ? Surtout, comment expliquer la facilité avec laquelle ils sont quand même arrivés jusqu’à la présidence ? Ce sont là autant de questions auxquelles les autorités tchadiennes devraient répondre dans les prochains jours.
Les officiels tchadiens sont pour le moment plus prompts à mettre l’emphase sur le fait que l’attaque a été déjouée et que les assaillants ont été défaits. Un triomphalisme assorti d’un bilan selon lequel des 25 membres du commando qui s’en est pris au palais présidentiel, 18 seraient mort, alors que dans les rangs de l’armée tchadienne, on ne déplorerait qu’une seule victime. Et il est vrai que les agresseurs n’ont pas eu le temps de faire douter le pouvoir à N’Diamena.
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Mais il faut avouer que dans cette attaque-là, il y a encore plusieurs inconnues. A commencer par celle qui entoure l’identité des assaillants. En effet, qui sont-ils ? Via les réseaux sociaux, certaines sources avaient évoqué la piste de Boko Haram. Mais dans sa déclaration relayée tard hier soir par la télévision tchadienne, le ministre des Affaires étrangères et porte-parole du gouvernement, Abdourahmane Koulamallah, écartait la piste terroriste. A l’en croire, ils n’étaient pas non plus munis d’armes à feu. Quels étaient donc ces 25 assaillants venus déstabiliser le Tchad, mais ne comptant manifestement que sur les poignards dont il se seraient servis contre les gardes en faction à la rentrée du palais présidentiel ? A l’évidence, on n’a pas encore tous les éléments sur cette attaque. D’autant qu’on n’est pas non plus certain de savoir ce que voulait ce mystérieux commando. Parce qu’à priori, ce n’est pas à 25 qu’ils espéraient se rendre maîtres du palais de la présidence. A moins de s’être embarqués dans une aventure suicidaire, ils devaient être quelques illuminés terroristes portés à poser une action d’éclat. Quoiqu’en dise par ailleurs le chef de la diplomatie tchadienne.
Quoiqu’été très vite défaits, ces assaillants ont néanmoins mis en évidence une inquiétante faille sécuritaire de la part du Tchad. Que le commando ait réussi à rapprocher la menace si près de la présidence, cela n’est pas normal. C’est révélateur en particulier d’un gros problème en matière de renseignements. Un problème qui pourrait bien se rapporter au vaste changement que le président tchadien a opéré en octobre dernier au niveau de la hiérarchie des différents corps de l’armée et de la sécurité. Un coup de balai dont l’ampleur avait surpris plus d’un tant il était inédit. Manifestement, ce mercredi 8 janvier, le pays et le régime en ont fait les premiers frais.
Boubacar Sanso Barry
Source: Ledjely