Sergueï Lavrov, lors d’une conférence de presse commune avec le ministre Abdoulaye Diop
Allocution et réponses aux questions des médias du Ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov, lors d’une conférence de presse commune avec Abdoulaye Diop, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République du Mali, Moscou, 28 février 2024.
Bonjour,
Nous avons le plaisir d’accueillir à Moscou une délégation de nos amis maliens dirigée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale du Mali, Abdoulaye Diop, et avec la participation du ministre de la Défense, Sadio Camara.
Nous avons discuté du développement des relations bilatérales dans de nombreux domaines dans le cadre des accords conclus entre les dirigeants de la Russie et du Mali, notamment lors d’une rencontre en marge du deuxième sommet Russie-Afrique et de plusieurs conversations téléphoniques entre le président de la Russie Vladimir Poutine et le président de la période de transition du Mali Assimi Goïta, qui se sont déroulées depuis.
Nous nous sommes entendus sur des mesures supplémentaires pour développer la coopération économique et commerciale, qui est encore considérablement en retard par rapport au niveau de notre dialogue politique confiant. Nous avons confirmé notre intérêt pour l’organisation d’une réunion des agences compétentes du bloc économique visant à examiner les démarches pratiques pour mettre en œuvre les deux visites de délégations d’experts maliens à Moscou en 2023. Il s’agit de la réalisation de projets précis avec la participation d’entreprises russes dans les domaines de l’exploration géologique, de l’exploitation des ressources minérales, des transports, des infrastructures, de l’énergie, de l’agriculture, des technologies de l’information et de bien d’autres secteurs encore. De tels projets conjoints ont déjà été déterminés lors des contacts de l’année précédente. Nous sommes à présent disposés à commencer à les mettre en œuvre dès ce printemps.
Nous avons constaté une tendance positive dans le développement de notre coopération militaire et militaro-technique.
Nous apprécions hautement la coopération dans le domaine humanitaire, y compris la formation du personnel malien sur la base de nos institutions d’enseignement supérieur. Plus de 10.000 diplômés des universités de l’URSS et de la Fédération de Russie vivent et travaillent au Mali au profit de leur pays. Nous conservons un quota élargi afin d’assurer la poursuite de cette pratique. Chaque année, nous accordons 290 bourses d’études de notre budget à des étudiants maliens.
Nous avons été informés de la situation actuelle au Mali et des actions entreprises par les dirigeants du pays pour engager un processus de paix, notamment par le biais du “dialogue direct inter-malien”, que le président de la période de transition Assimi Goïta a initié au mois de janvier de cette année. Notre ami, le ministre Abdoulaye Diop, a souligné l’importance particulière du soutien de la Russie dans la lutte contre le terrorisme et dans l’amélioration de l’efficacité militaire de l’armée malienne et des forces de l’ordre, y compris la formation du personnel militaire et policier.
Nous avons discuté des besoins du Mali en matière d’aide humanitaire. Nos amis nous ont remercié pour les fournitures de 50.000 tonnes de blé en 2023, de 25.000 tonnes d’engrais en décembre 2023 et en janvier de cette année, et de 17.000 tonnes de diesel en décembre 2023 et en janvier de cette année. Nous poursuivrons certainement ce soutien.
Nous nous sommes mis d’accord sur les principaux problèmes du continent africain. Nous avons une position commune sur la nécessité d’une véritable démocratisation des relations internationales, en particulier sur la base du strict respect par tous les pays de toutes les dispositions et de tous les principes de la Charte des Nations unies, dans leur interdépendance et leur intégralité. Jusqu’à présent, le principe fondamental selon lequel l’organisation mondiale est basée sur le respect de l’égalité souveraine des États n’a pas été mis en œuvre par nos collègues occidentaux de quelque manière que ce soit. Dans aucune situation survenant dans les relations internationales, le principe d’égalité, qui est fondamental pour les Nations unies, n’est respecté par l’Occident.
Nous sommes reconnaissants à nos amis maliens pour le soutien de nos initiatives sur la plateforme des Nations unies et dans d’autres formats multilatéraux. Dans la plupart des cas, le Mali coparraine les projets de résolution proposés par la délégation russe. Nous sommes convenus de renforcer davantage la coordination de la politique étrangère dans tous les domaines.
Nous avons discuté en détail de la situation dans la région du Sahara et du Sahel, en mettant l’accent sur la situation dans les pays voisins, tels que le Burkina Faso, les républiques du Niger et du Tchad.
J’ai écouté avec grand intérêt l’évaluation faite par M. Abdoulaye Diop concernant les efforts déployés par Bamako, Ouagadougou et Niamey pour développer l’Alliance des États du Sahel qu’ils ont créée.
Nous avons été informés de la situation dans la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Nous sommes convaincus que les problèmes actuels dans les relations entre les pays de la région peuvent être résolus sur la base des principes de bon voisinage. Nous avons toujours soutenu la formule “des solutions africaines aux problèmes africains”. Nous sommes presque certains que si personne ne s’ingère, les pays de la zone Sahara-Sahel pourront parvenir à un accord mutuel.
Nous sommes prêts à apporter notre soutien à tous les pays de la région dans ces efforts, sous les formes et dans la mesure qui leur conviennent le mieux et qui ne vont pas à l’encontre de leurs propres intérêts.
Nous attachons une grande importance à la mise en œuvre des résultats du deuxième sommet Russie-Afrique, que j’ai déjà mentionné. Il s’est tenu à Saint-Pétersbourg en 2023. L’une de ses décisions a été d’établir un forum ministériel russo-africain au niveau des chefs des ministères des Affaires étrangères. Nous organisons notre première réunion cet automne à Sotchi. J’espère que nos amis participeront à cet événement.
Nous avons discuté de la nécessité de réformer l’ONU afin que sa structure reflète mieux les intérêts et la présence des pays africains au niveau mondial. Nous avons parlé de la lutte contre le terrorisme, du conflit israélo-palestinien et de la situation au Yémen.
Nous avons confirmé notre haute appréciation de la position responsable et équilibrée que le Mali adopte à l’égard de ce qui se passe par rapport à l’Ukraine. Nos évaluations sont perçues de manière tout à fait correcte. Nous en avons parlé une fois de plus aujourd’hui.
Les discussions ont été constructives. Elles se poursuivront au cours des deux prochains mois sur le plan commercial et économique.
Je suis sincèrement reconnaissant à nos amis pour la collaboration commune.
Question: Dans votre discours d’ouverture, vous avez déjà dit que la Russie continuait à apporter une aide humanitaire active au Mali, en lui fournissant du blé et du carburant. Comment la Russie envisage-t-elle d’aider le Mali à surmonter ses problèmes socio-économiques?
Lire: Une délégation du Gouvernement du Mali à Moscou
Sergueï Lavrov: Concernant notre assistance au développement socio-économique du Mali. Mon homologue le ministre Abdoulaye Diop et moi avons déjà mentionné les deux visites d’experts maliens en Fédération de Russie au cours de l’année 2023 pour rencontrer leurs homologues du bloc économique de notre gouvernement. Ils sont convenus d’un certain nombre de domaines dans lesquels il existe un intérêt mutuel pour la réalisation de projets communs.
Un mémorandum de coopération a été signé entre le ministère du Développement économique de la Russie et le ministère de l’Industrie et du Commerce du Mali, dans le cadre duquel un groupe de travail est en train d’être établi. Il sera chargé d’organiser des activités concrètes dans tous les domaines mentionnés: ressources naturelles, énergie, agriculture, transports, technologies de l’information et bien d’autres encore.
La première réunion de ce groupe se tiendra en avril 2024. Aujourd’hui, nos collègues ont confirmé le caractère réalisable de ces échéances. Ce processus est en cours. Nous avons l’intention de l’accélérer car les échanges commerciaux et économiques entre la Russie et le Mali ne correspondent ni au potentiel ni aux intérêts mutuels.
Quant au problème de la sécurité, nous coopérons de manière active dans le domaine militaire et militaro-technique. Nous constatons que les capacités de défense du Mali se renforcent grâce au travail de nos formateurs, à la formation du personnel sur le territoire de la Fédération de Russie pour les forces armées maliennes et à la fourniture d’équipements russes.
MID