Regroupements politiques : Malades de leur unité
Chacun des potentiels candidats voit midi à la porte. La course aux féticheurs et autres marabouts est bien relancé. Ceux-ci en échange d’une hypothétique victoire à la prochaine présidentielle de 2022 réclament le sacrifice de taureau couleur arc-en-ciel et de fortes sommes d’argent parce qu’ils doivent s’enfermer pendant une semaine en ayant pour seules compagnies des gins.
Les divergences s’accumulent entre le Mouvement du 5 juin et les autorités de la transition. Et aucune des parties ne semble prête à faire des concessions. Le premier depuis des mois a reproché aux secondes des démarches cavalières vérifiables à la conduite des travaux de concertations devant déboucher sur la fixation de la forme, du fond et de la durée de la transition. Les secondes frileuses redoutent plus que jamais un scénario réservé à l’ex –putschiste Sanogo dont le séjour dans les geôles du pays semble les dissuader de donner le petit doigt aux politiques qui pourraient couper jusqu’à l’épaule.
Ainsi, la moindre suggestion émanant des chapelles politiques est examinée à la loupe, voire jetée dans les poubelles. Ici, on affectionne la surprise. Les acteurs convoqués à la six-quatre- deux à des rencontres dont l’issue est déterminante pour l’avenir du pays, afin de minimiser les risques de concertations et d’accord partie sur les réformes à engager.
Les suspicions nées alimentent de nouveaux procès d’intention. On prête l’intention aux autorités de la transition de rouler pour tel ou tel autre candidat caché contre une quelconque promesse de leur garantir l’impunité. On susurre que l’amnistie ne résiste pas à la légalité.
Côté formations politiques, chacun des potentiels candidats voit midi à la porte. La course aux féticheurs et autres marabouts est bien relancé. Ceux-ci en échange d’une hypothétique victoire à la prochaine présidentielle de 2022 réclament le sacrifice de taureau couleur arc-en-ciel et de fortes sommes d’argent parce qu’ils doivent s’enfermer pendant une semaine en ayant pour seule compagnie des gins qu’ils auraient domestiqué. Marabouts et féticheurs sont avec les griots des gens intelligents qui ont appris par cœur les lois de la communication : « Ne dire à l’autre que ce qu’il aime entendre. Ainsi ta compagnie serait recherchée ».
Féticheurs et marabouts à la manœuvre
D’aucuns se sont enfermés dans cette croyance en leur bonne étoile qu’il paraît impossible de les en extraire. L’unité du groupe en pâtit. Combien de regroupements de partis politiques ont volé en éclats, chaque champion étant persuadé que le cheval du bonheur collectif passe par sa seule porte. Toute idée contraire est violemment combattue. Au besoin, après avoir échangé des poignées de mains, on s’affronte aux mortiers, sur les antennes radio, dans les colonnes des journaux. Des voyages sont accomplis dans le passé de cet empêcheur de jouir enfin. Des accusations gratuites portées contre de supposés dangereux concurrents qui ne se plient à ses désirs et étiquetés proches du somment de l’Etat qui pourrait être tenté de lui retourner l’ascenseur au moment venu. Des fidèles lieutenants espionnent le partenaire, sondent ses intentions. Au bout du compte, on perd plus de temps à l’éparpillement des énergies, à créer en permanence des adversaires qu’on perde tout, puisque la cible visée n’est pas la bonne.
A couteaux tirés avec les autorités, ils s’entre-déchirent. Les partis politiques ont véritablement mal à leur unité. Quelques fois, ils ne chaussent pas des lunettes périmées dans l’analyse des faits et gestes du pouvoir. Derrière le passage en force du pouvoir en place se cache finalement le désir longtemps caressé de caser un des leurs, en l’occurrence le colonel Malick Diaw à la tête du CNT lorgnée par le Mouvement du 5 juin qui revendiquait ¼ des sièges à pourvoir, soit 30 membres.
A son corps défendant, le Mouvement du 5 juin, fer de lance de la chute du régime, estimait que la volonté d’opérer un changement quantitatif et qualitatif passait par l’occupation par un des siens de la présidence de cet organe important. Ce énième pain était enlevée de sa bouche – après les promesses non tenues de lui confier les rênes de la primature et de l’attribuer ¾ des portefeuilles ministériels – s’apparenterait à obstruer les canaux d’évacuation à ses frustrations accumulées.
Source : L’Informateur