Référendum/élections : Quel impact sur le chronogramme ?

Après un premier report alors qu’il était prévu pour le 19 mars dernier, le référendum est au stade de vulgarisation. Quel impact son report aura sur le chronogramme des élections générales ? Maliexpress.net relance le débat.

La position du Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel par rapport au chronogramme des élections, sous le couvert de l’anonymat, un membre de ce regroupement fait observer des remarques. « Le Cadre a été créé en juillet 2021 pour accompagner la transition dans le seul but et objectif du respect strict du délai convenu à l’époque et cela dans un mémorandum rendu publique. Malgré le non-respect du délai par le gouvernement de Choguel qui il faut le rappeler c’était engagé au respect du délai à sa prise de fonction et devant le CNT. Le Cadre toujours dans son engagement d’un Mali stable et apaisé s’est encore engagé pour le retour à l’ordre constitutionnel dans le nouveau chronogramme soumis à la CEDEAO et aux acteurs sociopolitique et accepté par ceux-ci. Le Cadre a toujours œuvré pour le respect du délai donc le retour à l’ordre constitutionnel à la date du 24 février 2024 le cadre y tient », souligne-t-il sans ambages.

Interrogé par rapport au report du chronogramme, Kaou Abdramane Diallo a tenu à rappeler le fait que le ministre de l’Administration territoriale a produit un communiqué, le mois dernier, dans lequel il indiquait le report du référendum. Ce qui selon lui va avec pour conséquence, un impact certain sur l’ensemble du chronogramme. « Cette annonce était attendue car avec le rythme des réformes prioritaires et des dispositifs indispensables à mettre en place avant tout processus électoral dans notre pays, nous voyions bien qu’il était difficile d’aller au référendum pour Mars 2023 », explique M.Diallo.

Plus loin, il avance des raisons qui confortent la transition : « Au moment où ce chronogramme était déroulé, l’AIGE n’était pas encore complètement mise en place. Et pour qui connaît les prérogatives dédiées à cette autorité indépendante des élections, il était tout à fait prévisible qu’après la mise en place de son équipe et de l’ensemble de ses démembrements que c’est elle qui, désormais, de concert avec l’ensemble des acteurs concernés, allait désormais assurer la conduite du processus comme prévu par la nouvelle loi électorale. L’administration territoriale ne jouant qu’un rôle d’appui technique ».

Le cadre du PACP qu’il est (également membre du M5-RFP), Kaou Diallo fera remarquer qu’il est impératif de tirer des leçons du pays. « C’est vrai que ce report aura un impact fondamental sur le respect des engagements pris par les autorités, mais il est fondamental, eu égard aux défis qui nous attendent et au fait de devoir tirer tous les leçons des difficultés précédentes liées aux élections dans notre pays par le passé, il fallait prendre le temps nécessaire de mettre en place tous les dispositifs indispensables à la tenue d’élections acceptables dans notre pays. Nous venons de loin et ne devons plus tomber dans des écueils d’élections bâclées ou mal préparées. Au PACP, c’est comme ça que nous le comprenons et nous sommes disposés à accompagner de bonne foi, avec tous les acteurs concernés, les préalables devant nous amener à des élections apaisées, gage de la réussite de cette transition sur laquelle, nos compatriotes fondent un ultime espoir », lance-t-il pour donner un quitus à tout report.

Quid du respect du chronogramme

À la question de savoir si avec le report du référendum, il est encore possible de respecter le calendrier des autres élections, notre interlocuteur non moins membre du Cadre répond par l’affirmative. « Oui ! Il est possible de maintenir le calendrier des autres élections si il y a la volonté…Par exemple, comme le Cadre le conseille, alléger le calendrier électoral. Si les autorités ont la ferme volonté, il est fort possible de respecter le calendrier électoral et remettre le pouvoir à la date du 24 février 2024. Pour cela, plusieurs scénarios peuvent être envisagés dans un cadre concerté entre tous les acteurs. Le Cadre pense à l’abandon de certaines élections pour se concentrer sur les élections législatives et présidentielles qui peuvent aussi être couplées au référendum… En bref, plusieurs scénarios peuvent être envisagés », suggère le membre du Cadre comme alternative au respect du chronogramme des élections.

« Le rythme des réformes n’a pas baissé »

Y a-t-il une alternative pour le respect du chronogramme ? Au sein des alliés de la transition, notamment Kaou Abdramane Diallo du PACP, rien d’impossible : « Je dirais plutôt que la question devrait être : y-a-t-il une alternative à la réussite de la Transition (rires). Nous comprenons tout à fait l’exigence du respect du délai et des engagements pris par les autorités mais à leur décharge, malgré toutes les difficultés sécuritaires, politiques économiques et même diplomatiques que traverse le pays , le rythme des réformes n’a pas baissé et méthodiquement, de concert avec le CNT, tous les préalables ( loi électorale, mise en place AIGE ,charte des partis ,carte biométrique, fichier électoral…) nécessaires ont été mis en place ou en cours de l’être, ce qui est à saluer. Et il est fondamental, comme je le disais un peu plus haut, que vu l’acuité des enjeux ,que nous prenions le temps de bien faire les choses. Ce chronogramme et les élections qui s’ensuivront, nous le faisons d’abord pour nous-mêmes. Et personne ne sera plus soucieuse des intérêts des maliens plus que les maliens eux-mêmes. Juste dire que ce léger retard n’est pas rédhibitoire et ne met pas en péril le reste du processus. Les acteurs concernés autour de l’AIGE, nous devons tous nous appliquer à accompagner sans pressions, la conduite du processus jusqu’à la fin ».

Débats houleux

Lors d’un point de presse animé par son directoire, le vendredi 10 mars, ‘’le Cadre des partis et regroupements politiques pour le retour à l’ordre constitutionnel s’inquiétait de l’annonce par le gouvernement de transition du report du référendum prévu pour le 19 mars dernier. En guise solution, le Cadre propose tout simplement aux autorités de la transition ‘’de surseoir à la tenue du référendum et de mettre le projet de nouvelle constitution à la disposition du futur président de la République qui sera élu à la fin de la Transition’’. Pour le Cadre, il y a des avantages énormes à l’abandon du projet de réforme constitutionnelle puisque cela permettra aux autorités de la Transition de se concentrer sur la bonne préparation et l’organisation des élections à bonne date.

Mardi 11 avril dernier, à la faveur d’une conférence de presse, les responsables de la mission d’observation des élections au Mali (MODELE-Mali), ont fait le point sur les préparatifs des futures élections. Ainsi, dans son rapport, la mission d’observation fera observer l’absence d’un nouveau calendrier électoral. Sur un autre registre et s’adressant à l’AIGE, ‘’la mission d’observation demande la publication d’un calendrier électoral réaliste pour le retour à l’ordre constitutionnel et d’un chronogramme détaillé pour la tenue du référendum constitutionnel”.

Pour sa part, la communauté internationale fait des suggestions pour le respect du calendrier électoral. «A moins d’un an de la fin prévue de la transition, il incombe aux autorités maliennes de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour accélérer ce processus de sorte que l’ordre constitutionnel soit rétabli dans les délais convenus», suggère Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU.

En réponse, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, a indiqué dans un mémorandum que ‘’la mise en œuvre diligente du chronogramme de la transition demeure une priorité des autorités’’. Ainsi dira-t-il, « le report annoncé du référendum constitutionnel, initialement prévu le 19 mars 2023, participe de la volonté du gouvernement de prendre les mesures nécessaires en vue d’une bonne organisation dudit référendum à travers la pleine opérationnalisation de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE), y compris la mise en place de ses sections régionales et la vulgarisation du projet de Constitution ».

A.M.C pour Maliexpress.net

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