Rapport sur les évènements de Moura : Les autorités protestent vigoureusement !
Dans un communiqué en date du samedi 13 mai, le Gouvernement de Transition dit avoir consulté le rapport sur ”les événements de Moura du 27 au 31 mars 2022” publié le 12 mai 2023 par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme. Par ce communiqué, les autorités de la transition ont dénoncé avec véhémence, ”ce rapport qu’il a qualifié de biaisé, reposant sur un récit fictif et ne répondant pas aux normes internationales établies”.
A travers cette communication, le gouvernement du Mali a précisé ”qu’après l’opération aéroportée réussie des forces armées à Moura, à la demande du Gouvernement de la Transition, la justice militaire a décidé d’ouvrir une enquête judiciaire pour élucider les éventuels cas de violation des droits de l’homme. Et d’ajouter que c’est justement la même mesure que recommande le rapport du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme”.
Cependant, le gouvernement de transition déclare s’interroger sur l’opportunité de cette publication qui recommande selon lui, une décision que ce dernier a pris il y a plus d’un an. ”si ce n’est de perturber la tranquillité des Maliens à l’approche d’un scrutin référendaire d’une importance capitale pour le processus de refondation en Cours”, cite le communiqué.
Ouverture d’une enquête
En outre, le gouvernement a ajouté qu’à la suite des évènements de Moura, conformément aux procédures en vigueur au Mali, une enquête a été ouverte pour faire toute la lumière sur les allégations de violations des droits humains. “Le 09 Avril 2022, un transport judiciaire de constat a été effectué par le parquet de Mopti. Les premiers éléments de l’enquête mettent en évidence l’hypothèse d’un affrontement ayant provoqué des morts par projectiles, et le constat que la grande majorité des corps sont des adultes de sexe masculin”, indique le même communiqué.
Cependant, sur le plan sécuritaire, le gouvernement de transition a affirmé qu’il n’échappe à personne que l’intervention militaire des Forces Armées Maliennes (FAMa) a été salutaire et a apporté beaucoup de quiétude à la population. Signe, selon lui que ”la défaite infligée à la Katiba Macina et à ses sponsors étatiques étrangers a permis de les désorganiser durablement”. Ainsi, en réponse au rapport du haut commissariat des nations unies pour les droits de l’homme, le gouvernement balaie d’un revers de la main toute violation des droits des civils et persiste que seulement des combattants djihadistes ont été tués lors de l’opération.
“Aucun ressortissant civil de Moura n’a perdu la vie pendant l’opération militaire. Parmi les morts, il n’y avait que des combattants terroristes et toutes les personnes interpellées ont été mises à la disposition de la gendarmerie de Sévaré. Après enquête, précise le document, les personnes interpellées ont été transférées au Service d’Investigations judiciaires de la gendarmerie nationale de Bamako, puis mises à la disposition de la justice”.
Par ailleurs, le communiqué ajoute que l’enquête poursuit son cours et que le Gouvernement du Mali est déterminé à faire aboutir cette procédure, dans le respect strict des droits de l’Homme et en toute indépendance.
Protestations
Dans la même dynamique, le gouvernement dit avoir examiné la méthodologie ayant guidé la rédaction du rapport du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme et a affirmé avoir appris avec stupeur que la mission d’établissement des faits avait utilisé des satellites au-dessus de Moura pour obtenir des images.
Cependant, le gouvernement du Mali a ténu à rappeler qu’en aucun moment, ni la MINUSMA, ni le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme ne lui ont adressé une demande d’autorisation pour prendre des images de Moura grâce à des satellites. “En utilisant des satellites pour obtenir des images, sans autorisation et à l’insu des Autorités maliennes, la mission d’établissement des faits a effectué une manœuvre clandestine contre la sécurité nationale du Mali”, dénoncent les autorités maliennes.
Par conséquent, le Gouvernement de la Transition annonce l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire contre la mission d’établissement des faits et ses complices. Motif de l’accusation : espionnage, atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat, des crimes réprimés par le code pénal (Art 33 et 35), ainsi que de complot militaire, un crime réprimé par le code de justice militaire (Art 130), sans préjuger de la qualification des autorités judiciaires.
Instrumentalisation de la MINUSMA
Outre les protestations, le Gouvernement de la Transition dit avoir mis en garde contre l’instrumentalisation de la MINUSMA et des Droits de l’Homme dans le dessein de briser la dynamique de la montée en puissance des forces de défense et de sécurité du Mali et de s’opposer aux choix stratégiques du Mali. Et d’ajouter “qu’il est contradictoire et paradoxal de noter la célérité avec laquelle la mission d’établissement des faits a été mise en place au moment où le Mali portait plainte devant le Conseil de Sécurité des Nations Unies, le 15 Août 2022 sur les actes d’agression contre la souveraineté et l’intégrité territoriale d’un Etat membre des Nations Unies par la junte française, avec des preuves de violations flagrantes et répétées de son espace aérien et d’espionnage, pour avoir collecté des renseignements au profit des groupes terroristes opérant dans le Sahel, tout en leur larguant des armes et des munitions”.
Sur cette base, le communiqué mentionné que dans un souci de cohérence et d’éviter la politique des deux poids deux mesures, le Gouvernement a estimé que la suite donnée au présent rapport de la mission d’établissement des faits ne saurait être examinée séparément de la plainte portée par le Mali devant le Conseil de Sécurité contre ”la junte française”.
En clair, le gouvernement a mis en avant son attachement au respect et à la protection des droits de l’Homme sur l’ensemble du territoire national et au bénéfice de tous les citoyens. En outre, il a exprimé sa détermination à poursuivre son œuvre de refondation pour le retour à un ordre constitutionnel apaisé et sécurisé.
Ahmadou Sékou Kanta pour maliexpress.net