Processus de refondation au Mali : Faut-il sacrifier le fond pour la forme ?

Le pays aurait résolument pris le chemin de la Refondation afin d’assoir une véritable assise politique, institutionnelle et sécuritaire, lui permettant de compter bientôt parmi les États exemplaires dans le concert des Nations. Tout serait fait avec minutie, guidé avec maestria, scruté dans le marbre, pour que dans une proche échéance, le Mali Kura soit une réalité.

Sauf que, à y regarder de plus près, il est à craindre que l’on ne se soit pas assez plongé dans la complexité de la situation ; et que quelque part, comme pris par une espèce d’euphorie baignant dans le nationalisme et le populisme, que l’on fasse les choses uniquement pour prouver que l’on est capable d’administrer. Peu importe la manière, l’esthétisme est sacré ! Le dimanche 18 juin, les Maliens avaient rendez-vous avec les urnes pour voter la nouvelle Constitution qui consacrera l’entrée du pays dans la quatrième république. Si globalement le vote s’est bien passé, l’on peut déplorer le fait que certaines localités ne purent participer au vote. Mais aussi, le faible taux de participation qui tournerait autour de 40%, pour un scrutin référendaire.

Autre fait à déplorer, c’est le manque de débat autour de thématiques profondes, telles que le système politique et institutionnel, la laïcité, entre autres. L’on ne change pas chaque jour de République. De ce fait, il aurait été grandement salutaire de prendre son temps pour procéder au referendum. D’où la question de la pertinence même d’une telle consultation avec un chronogramme si serré.

Dès lors, l’on peut craindre une certaine récupération du concept Refondation à des fins politiques. Avant de s’atteler à procéder à tout scrutin, ne faut-il pas, tout d’abord, tenir un langage de vérité, en insistant sur les failles tout en proposant des pistes de solutions réalistes ?

La communication, parent pauvre de la Refondation mais aussi les débats. Dans un moment où les Maliens éprouvent un réel besoin de s’exprimer, il faut multiplier les tribunes, organiser régulièrement des débats. Ne dit-on pas que de la discussion jaillit la lumière ?

Le risque de tout le processus, c’est qu’on se retrouve à la fin avec une œuvre que l’on vendra comme inédite mais qui dans le fond n’aura pas rempli l’attente des maliens.

Que dire alors de cette posture partisane prise par les autorités tout au long du processus ? En appelant clairement pour le OUI, meeting grandiose à l’appui. Elles auront été en même temps, juge et partie. La Refondation tant nécessaire, est-elle réellement comprise ?

Ahmed M. Thiam

Source: L’Alternance 

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