Pour faux, usage de faux, escroquerie et grivèlerie d’hôtel : Sory Camara prend 8 ans de réclusion criminelle
Accusé de faux, usage de faux, escroquerie et grivèlerie d’hôtel, Sory Camara était à la barre des Assises le 3 septembre 2024 pour répondre de ces faits. Reconnu coupable, il écope de 8 ans de réclusion criminelle et au payement de 12 900 000 FCFA de dommages et intérêts.
Sory Camara réfute les faits à la barre en déclarant n’avoir escroqué personne. Il pensait mener la Cour en bateau en tenant des propos qui n’avaient aucune logique. Suite à cela, le président de la Cour et le parquet l’interpellent et lui demandent de les respecter en arrêtant de raconter une histoire montée de toutes pièces. Aux dires de Dr Youssouf Ouattara, l’une des victimes de Sory Camara, ils avaient conclu un contrat verbal par l’intermédiaire de son collègue Aboubacar Diamoutènè, pharmacien, par rapport aux visites médicales des postulants : ”Il s’agissait d’une consultation médicale, ophtalmologique et ORL pour le compte de la nouvelle société minière. Le coût s’élevait à 20 000 FCFA par candidat. Ainsi, on a procédé aux consultations jusqu’à 480 postulants. C’est là que mes collègues m’ont interpellé pour une avance parce qu’il s’agissait de 700 consultations. On n’a pas eu gain de cause et après j’ai appris l’arrestation de Sory Camara.
Pour sa part, Aboubacar Diamoutènè, pharmacien, indique avoir connu Sory Camara à travers deux jeunes avec qui il avait l’habitude de travailler. ”Ils ont loué mon véhicule et le deal était de me payer chaque 15 jours en raison de 50 000FCFA /jour. Lorsqu’il n’y a pas eu de paiement après les 15 jours, j’ai mis la pression sur les deux jeunes et ils m’ont finalement présenté Sory Camara comme étant le coordinateur de la nouvelle société minière. Ils ont réussi à me convaincre et ont loué un second véhicule. Peu de temps après, je me suis rendu compte que son histoire n’était pas claire parce qu’il n’avait honoré aucun des engagements”, explique-t-il.
Les postulants étaient censés ouvrir un compte à la Banque Atlantique sur instruction de Sory Camara. Selon Mamadou Sow, chef d’agence de la Banque Atlantique à Sikasso, le processus d’ouverture de comptes a démarré en son absence lorsqu’il était en congé. ”A ma reprise, j’ai demandé à mes agents lorsque j’ai constaté de l’affluence à l’agence et ils m’ont fait savoir que ce sont des agents d’un nouveau site minier. Après mes investigations auprès des différents sites miniers présents à Sikasso et auprès de la direction régionale de la géologie de Sikasso, on a arrêté l’ouverture des comptes.”, indique-t-il. ”Il n’y a pas que des génies en sciences ou en littérature, mais il y en a également pour faire du mal”, dixit le procureur, en qualifiant Sory d’un véritable escroc. Il a mis en place ce stratagème tout seul. Il est au début et à la fin de cette affaire. Il a créé cette société fictive pour escroquer les jeunes de Sikasso qui sont à la recherche d’emploi. Il n’a pu répondre à aucune question de la Cour et n’a pu apporter la preuve de ses propos mensongers. Il faut le maintenir dans les liens de l’accusation”, a-t-il requis. Son avocat tente de prouver son innocence, mais en vain et la Cour a délibéré sur sa condamnation à 8 ans de réclusion criminelle et au paiement de 12 900 000 FCFA de dommages et intérêts aux parties civiles présentes au procès.
Rappelons les faits. Courant les mois d’avril et mai 2020, une rumeur se répandait dans la ville de Sikasso selon laquelle, un agent d’une société minière procédait à un recrutement massif de travailleurs pour l’exploitation de la mine d’or de Tabakoto dans le cercle de Kadiolo en substitution de l’entreprise déjà existante sur le terrain. L’agent recruteur indiqué, en l’occurrence, Sory Camara a très vite été sollicité par des centaines de jeunes à la quête de travail. Pour donner du crédit à son projet, le sieur Camara confectionne un badge à l’effigie d’une société minière dénommée “Michael Gold-SA” sur lequel badge était mentionné le nom Sory Camara, coordinateur, N° Mlle : 001. Il portait ce badge ainsi que des tenues et des bottes de miniers.
Sur recommandation de Sory Camara, les jeunes candidats au supposé recrutement ont pris d’assaut la Banque Atlantique, Agence de Sikasso afin d’ouvrir leur compte pour une domiciliation bancaire. Face à cette affluence inhabituelle, le chef d’agence s’est renseigné sur la prétendue société minière puis a instruit à ses services d’arrêter l’opération de domiciliation concernée. Au même moment, Sory Camara demandait aux jeunes candidats, comme conditions indispensable dudit recrutement, de se soumettre à une visite médicale à la clinique Kénédougou sise au quartier Sanoubougou (Sikasso). Pour accomplir cette autre formalité, les jeunes candidats affluaient sur ladite clinique. Ainsi, les médecins Youssouf Ouattara, Ahmadou Dembélé et Adama Dembélé procédaient à l’examen médical de 485 candidats au recrutement en raison de 20 000 FCFA par candidat sans percevoir le moindre sou au titre de leurs prestations, sur le montant total de 9 700 000 FCFA.
Pour persuader davantage de l’existence de son entreprise, Sory Camara n’a pas hésité à louer une salle de conférence à l’hôtel Maïssa de Sikasso pour les besoins des prétendues formations de ses futurs employés en raison de 250 000 FCFA par jour et pendant sept (07) jours soit la somme de 1 750 000 FCFA ainsi qu’une villa à 350 000 FCFA par mois, d’où, le montant total de 2 100 000 FCFA.
Pendant ce temps, à l’hôtel Zanga de Sikasso, il avait pris une chambre où il totalise un mois d’impayés pour le montant total de 2 925 000 FCFA. Toujours dans la même logique, il a loué encore avec Baba Traoré, deux villas en raison de 300 000 FCFA par mois chacune soit le montant total de 600 000 FCFA. Il s’est fait également livrer par Mamadou Traoré, un commerçant de la place, des appareils électroniques composés d’humidificateurs et de réfrigérateurs d’une valeur de 5.000.000 FCFA en lui remettant un chèque à titre de paiement avant de lui retirer ledit chèque sous prétexte qu’il allait le soumettre à son cosignataire qui serait son partenaire européen, puis il a disparu par la suite. Avec le même mode opératoire, il s’est fait livrer par Ousmane Diallo, entrepreneur, des gilets, chaussures de sécurité détachable, casques, gants et tenues de travail pour un montant cumulé de 600 000 FCFA, puis il lui a fait accomplir une prestation de service à l’effet d’élaborer des contrats de travail en raison de 15.n 000 FCFA par candidat, soit la somme totale de 5 250 000 FCFA pour 350 contrats établis. Par le même stratagème, il a réussi à se faire remettre par Moctar Togola, un agent d’orange money, la somme de 3.373.500 FCFA en rassurant en plus ce dernier qu’il allait recruter un de ses frères dans la société minière au profit de laquelle il agit. En plus de tout cela, Sory Camara a pris en location deux véhicules 4X4 Prado avec Aboubacar Diamoutènè en raison de 50.000 FCFA par jour de location dont la somme de 3.200 000 FCFA est restée impayée. C’est dans ce contexte qu’une dénonciation anonyme a alerté le commissariat de police du 2ème arrondissement de Sikasso sur le comportement suspect de Sory Camara. L’enquête ouverte par ladite unité de police judiciaire a permis de découvrir qu’aucune entreprise dénommée “Michael Gold-SA” n’a été détentrice d’un quelconque permis d’exploitation minière en République du Mali, encore moins de la mine d’or de Tabakoto. Sur la base de plusieurs plaintes provenant de différentes victimes, l’arnaque du susnommé a été mise au grand jour. A l’issue de l’enquête préliminaire, Sory Camara a été poursuivi et inculpé devant le magistrat instructeur pour escroquerie, faux et usage de faux et grivèlerie d’hôtel.
Marie Dembélé
Source: Aujourd’hui-Mali