POUPONNIÈRE DE NIAMANA : Quand la crise multidimensionnelle aggrave des équations multiformes déjà difficiles à résoudre

POUPONNIÈRE DE NIAMANA : Quand la crise multidimensionnelle aggrave des équations multiformes déjà difficiles à résoudre

Les orphelinats ne sont pas épargnés par les effets négatifs de la crise socio-économique et politique à laquelle le Mali fait face depuis plus d’une décennie. De nos jours, le Centre national d’accueil et d’hébergement de Niamana, communément appelé la Pouponnière, bénéficie de moins de dons et est confronté à un délestage accru qui affecte sérieusement les 104 orphelins à sa charge.
Accueillir, héberger et encadrer les enfants abandonnés ou de parents inconnus, les orphelins sans soutien, les enfants de mères malades mentales… Telle est la mission essentielle du Centre national d’accueil et d’hébergement de Niamana, communément appelé la Pouponnière. Juridiquement, la Pouponnière a la charge de s’occuper de ces enfants de 0 à 5 ans qui peut être prolongée à 6 mois en cas de nécessité. Mais, de nos jours, la Pouponnière compte 105 enfants parmi lesquels 55 ont dépassé l’âge limite. Elle ne peut malheureusement pas se séparer de ces pensionnaires qui sont dans des situations de vulnérabilité. L’âge le plus avancé parmi ces enfants en situation de vulnérabilité est de nos jours 31 ans. Parmi ces enfants, il y en a qui souffrent de plusieurs handicaps, dont la paralysie totale. Le centre compte de nos jours 108 employés qui sont chargés de veiller sur les enfants. Il s’agit notamment des nourrisseurs, le personnel de santé, l’économat, les personnes d’accueil, la section placement, les cuisinières, la sécurité…
Malgré le budget alloué par l’Etat et les dons qu’il reçoit de quelques institutions étatiques et des personnes de bonne volonté du Mali ainsi que des donateurs extérieurs, le centre est de nos jours confronté à d’énormes difficultés. «C’est le seul centre national où on n’envoie tous les enfants quelle qu’en soit la situation ou l’état de santé. L’État a beaucoup de priorités, sinon, c’est lui qui doit tout prendre en charge, les gaz, le salaire des employés… mais ça ne suffit pas», a souligné M. Amadou Dembélé, Directeur du Centre d’accueil et de placement familial de Niamana.
«Nous avons beaucoup de problèmes parmi lesquels le délestage. Le crédit qu’on nous alloue est largement inférieur à nos besoins. Ce qui fait que nous ne pouvons pas faire fonctionner notre groupe électrogène qui a une capacité de 200 litres ne pouvant pas tenir 24h. Nous avons un problème de conservation de nos aliments. Nous ne pouvons pas payer la viande tous les jours et aussi souvent pour nous aider les gens nous apportent des bœufs. Quand cela arrive, il faut conserver la viande et nous n’avons pas d’électricité ni les moyens nécessaires pour la conservation», a-t-il ajouté.


La crise socio-économique qui frappe de plein fouet les Maliens se fait sentir partout, y compris chez les orphelins et les enfants abandonnés. «Cette année, le jour de la fête, on n’avait pas de viande, personne ne nous a remis de bœuf pour la fête. Hors l’année dernière, on a eu au minimum trois bœufs… C’est après la fête que nous avons reçu deux bœufs», a précisé le Directeur.
La crise multidimensionnelle à laquelle notre pays fait face depuis plusieurs années affecte sérieusement l’aide que le centre a l’habitude de bénéficier de divers donateurs. «Ceux qui nous donnaient par exemple 5 000 F CFA avant cette crise, ont aujourd’hui du mal à nous offrir mille F CFA. Tout le monde est affecté par cette crise sinon les Maliens sont très généreux et ils font de leur mieux pour nous aider. Les gens nous appuient souvent de très loin, surtout les étrangers. Nous profitons aussi pour saluer tous les Maliens et les étrangers, car c’est leur générosité qui nous permet encore de tenir», a souligné M. Dembélé. «Le bâtiment doit être rénové et nous avons fait le devis estimatif par la Direction générale des biens de l’État. Le coût s’élève à un peu plus de 55 millions. Quand il pleut, l’eau rentre dans nos locaux, y compris dans nos dortoirs et nos bureaux. Aussi, dans nos dortoirs, il n’y a pratiquement pas de toilettes et les femmes qui y travaillent sont exposées à des infections», a-t-il déploré.
En plus de faire des dons et si on pouvait faire mieux pour la réalisation du rêve de ces enfants qui est de pouvoir avoir la chance de faire partie d’une famille. Grandir en ayant auprès de soi un père, une mère, des frères et des sœurs. Le responsable du centre a également insisté sur l’avantage de l’adoption pour les enfants qui est totalement gratuite et est beaucoup plus avantageuse pour eux que les dons. «Je préfère que les gens viennent adopter les enfants. Ceci est plus efficace que de venir faire des dons. Nous avons 104 enfants dans le centre et nous avons vingt régions. Diviser les 104 par 20. Après cette division, vous verrez que des cercles n’auront pas d’enfants, c’est cette solidarité qui peut facilement nous aider à résoudre beaucoup de problèmes ici. Adopter les enfants est mieux pour les enfants que d’être aidés ici au centre», a expliqué M. Dembélé.
Le centre d’accueil et de placement familial de Niamana (Pouponnière) est confronté à beaucoup d’autres problèmes pour offrir une meilleure prise en charge aux 105 orphelins, dont la majorité souffre de handicap ou de plusieurs handicaps. Parmi ces difficultés, le Directeur Dembélé énumère le manque d’ambulance ; le manque de moyens adéquats pour le transport de quelques enfants handicapés qui doivent être conduits chaque jour à l’école dans le centre-ville ; la régularisation complète de 70 de ses employés à l’INPS et à l’AMO pour que ses derniers puissent bénéficier de leurs droit facilement chaque fois sans passer par le Directeur du centre.
Il faut rappeler que la Pouponnière est un centre étatique créé par l’Ordonnance N°90-37/P.GRM du 5 juin 1990 portant accueil et placement familial pour les enfants abandonnés ou de parents inconnus, les orphelins sans soutien, les enfants de mères malades mentales.
Dan Fodio
source: Maliexpress.net

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