Portrait : BOURAIMA KANAKOMO, Handicapé et marchand de poisson

Malgré son handicap, armé d’une béquille, Bouraima Kanakomo se faufile entre les étals du marché de Yirimadio, pour encaisser son argent auprès de ses débiteurs. Une tâche quotidienne qu’il exécute pour ensuite reprendre la route du centre (Mopti) pour se réapprovisionner en poissons. Portrait d’un téméraire.

Natif de Mopti et âgé de 43 ans, Bouraima Kanakomo, infirme est marchant de poissons fumés. Une activité qu’il exerce depuis qu’il a été amputé d’une jambe à la suite d’un accident de circulation à dans sa ville natal. En dépit, de cette invalidité, il voyage de village en village, pour s’approvisionner en poissons pour ensuite regagner Bamako pour les revendre en détaille. Une activité qu’il exerce depuis plus d’une décennie.

En dépit de son accident qui lui a coûté une jambe il y a de cela plus de dix ans, notre interlocuteur vit de son travail pour subvenir aux besoins de sa famille. Ainsi, il se déplace dans les différents villages Bozo de Mopti pour s’approvisionner en poissons fumées. « Au début, j’étais juste un pécheur comme tous les autres membres de ma famille. Chez nous les Bozos, c’est une tradition de devenir pêcheur. Depuis le bas âge, c’est quelque chose qu’on nous apprend et nous vivons avec cette mentalité. Malheureusement, depuis mon accident survenu lors de la campagne présidentielle du deuxième mandat du Président Amadou Toumani Touré, j’ai dû me m’orienter exclusivement vers la vente de poisson», nous raconte-t-il.

Selon lui, son infirmité ne l’a pas empêché de continuer son travail. Il dira que ce commerce de poisson était au début très rentable mais de nos jours présente quelques difficultés. D’après lui, sa diminution physique ne le permet pas souvent de faire des trajets dans des zones très reculées pour acheter des poissons pour ensuite venir les revendre dans la capitale. « En principe, je dois me rendre dans des hameaux pour passer des commandes. Le problème c’est que les Bozos sont comme des nomades, ils ne restent jamais très longtemps sur place. Il faut constamment se déplacer le long du lac Débo pour acheter des poissons, les acheminer en pinasse à Mopti et ensuite, prendre la route de Bamako», dit-il.

Selon son point de vue, la ville de Mopti regorge d’assez de vendeur de poisson, de ce fait, il faut se rendre à Bamako ou à Ségou pour pouvoir rapidement liquider les marchandises. ‘’Une difficulté supplémentaire qui a un impact sur les bénéfices’’, lance-t-il.

Contraintes

Pour notre interlocuteur, cette activité qu’il a débuté après son accident qui lui a coûté une jambe n’est plus aussi rentable comme avant. La difficulté d’acheminement de sa marchandise et la flambée des prix du carburants rendent laborieux les choses. « Depuis quelques temps, il est très pénible de se faire des bénéfices avec ce travail. Non seulement pour s’approvisionner est compliqué mais aussi la demande n’est plus aussi forte comme avant. Ce qui fait que je suis obligé de donner la plupart de mes poissons à crédit», confesse-t-il.

Toujours sur les difficultés, il a ajouté l’impact du conflit qui a fait de nombreux déplacés parmi ses fournisseurs. A l’en croire, la plupart des Bozos qui lui réservaient des poissons dans la cercle de Tenenkou ont dû quitter la zone pour se réfugier le long du fleuve en allant vers Youwarou, Aka, Attara et Seby.

Pour autant, il ne compte pas baisser les bras car, il estime qu’en faisant cela, il veut donner une sorte d’encouragement à toutes les personnes qui comme lui éprouvent des entraves à travailler. « Malgré les encombres liées à ma mobilité je n’ai jamais baissé les bras. Au contraire, cela m’a donné la force de redoubler d’efforts et d’affronter la vie. La seule chose que je regrette c’est évidemment de n’avoir pas fait preuve de prudence avant mon accident. Nonobstant le fait que je possède une seule jambe, je voyage dans des zones très reculées pour faire mes emplettes ».

En somme, M. Kanakomo se dit être déterminé à poursuivre avec courage ce travail qui aujourd’hui nourrit sa famille et qui lui permet de payer les frais de location de sa maison et les nombreuses autres dépenses. Une façon pour lui de faire passer un message à ses semblables.

Ahmadou Sékou Kanta pour Maliexpress.net

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