PÉNURIE DE CIMENT ET MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION : Chantier à l’arrêt, maçons et manœuvres au chômage !
Le Mali est partiellement coupé de ses voisins et cela engendre des conséquences sur la disponibilité de certains produits importés tels que le ciment. Faute de ce produit incontournable, absent de la liste des produits autorisés par la CEDEAO, entrepreneurs, maçons et manœuvres se retrouvent du coup au chômage.
Dans plusieurs quincailleries de la capitale, le ciment demeure introuvable. En dépit de ce que plusieurs personnes affirment, ce matériau de construction qui avait vu son prix monté en flèche est dorénavant rare. Une rareté qui occasionne des répercussions sur certains emplois. Outre les commerçants qui en sont privés, les entrepreneurs, les maçons et les manœuvres demeurent les plus affectés.
En effet, sans ciment, on ne saurait parler de construction de bâtiments. Sans construction, pas d’emploi pour les travailleurs qui se retrouvent d’emblée au chômage, lequel dure maintenant près d’un mois.
Selon Mamadou K, entrepreneur, ce problème lié au ciment n’est pas de la faute des responsables maliens, les pays voisins du Mali ne jouent pas franc jeu. Il soutient que les voisins auraient dû soutenir le Mali en cette période difficile. Par contre, il affiche son optimisme quant à un futur ravitaillement en matériaux de construction via les ports de la Guinée et de la Mauritanie.
Bouba Kané, manœuvre, affiche, quant à lui, son désespoir face à cette situation critique. « Cela fait maintenant deux semaines que je ne travaille pas. Pourtant, j’ai une famille à nourrir et un loyer à payer. Cet embargo nous fatigue énormément mais on va continuer à serrer la ceinture. Ma principale activité c’est les constructions mais je crois que je vais changer de travail, sinon je n’aurai même pas de quoi subvenir aux besoins de ma famille ».
Mohamed Magassa, vendeur dans une quincaillerie, tranche en faveur d’une rapide résolution de la crise avec la CEDEAO. Selon lui, ce bras de fer joue négativement sur l’ensemble des économies des pays en conflit. « Cela fait plusieurs jours que je ne vends plus de ciments car c’est très difficile de s’en procurer. Notre fournisseur nous a fait comprendre qu’il n’était plus en mesure de nous ravitailler ». Notre commerçant confessera que le ciment était l’article le plus vendu ces dernières années et cela s’explique par les constructions massives des maliens.
Ainsi, avec l’arrêt des travaux sur les différents chantiers, il est plus que nécessaire de trouver un compromis avec les différents pays fournisseurs pour résoudre ce problème. Dans ce contexte, une interrogation subsiste ! Pourquoi ne pas trouver des moyens pour amoindrir la balance malienne qui se trouve déficitaire ? Il existe bel et bien une cimenterie à quelques kilomètres de Bamako, mais cette usine ne produit pas assez de ciment qui puisse ravitailler le Mali dans son ensemble. Il est plus que temps selon plusieurs maliens de créer des usines afin de diminuer l’emprise des pays voisins sur le Mali.
A noter que le Mali dépend fortement du Sénégal et de la Côte d’ivoire pour cause de l’utilisation de leurs différents ports pour l’acheminement des produits maliens.
Cette crise servira de déclic pour le peuple malien car toutes les insuffisances ont été mises à nues et il faudra maintenant les combler.
Ahmadou Sékou Kanta
Source : Miroir Hebdo