Macron et les putschistes du 18 Août : A mariage de raison, jugement peu objectif
Le voile se lève-t-il sur la complicité entre la France et les acteurs du 18 Août 2020 au Mali ? On aurait dû s’en doutait avec la timidité peu ordinaire ayant caractérisé la condamnation du putsch par la France d’Emanuel Macron. Selon toute vraisemblance, l’indifférence à peine voilée du président français face à la chute d’IBK cachait une complicité qui apparaît dans l’intrigant jugement dont il a gratifié le régime de la Transition.
Alors que les Maliens sont de plus en plus taraudés par moult interrogations sur la trajectoire de la Transition, la France y trouve manifestement son compte à en juger par les propos dithyrambiques d’Emanuel Macron, lors de son apparition consécutive au sommet du G5. On retient de ces retrouvailles, une année ou presque après Pau, que les effectifs de l’appui militaire à la lutte anti-djihadistes ne connaîtront pas de réajustement à la baisse. Mais ce n’est pas tout. L’issue de la rencontre aura été également l’occasion pour le locataire de l’Élysée de laisser libre cours à la sympathie qu’il voue à la junte qui a usurpé et confisqué le pouvoir, malmené les institutions de la République et torpillé la légalité républicaine au gré de son confort arbitraire avant d’installer un pouvoir de fait auquel le régime défunt n’a pour l’heure rien à envier. En effet, Emanuel Macron rame à contre-courant des sceptiques et nombreuses voix qui jugent le maillage de Bah N’Daou pire que le pouvoir précédent. «En quelques mois – je dois bien dire – ces autorités de la Transition ont donné plus de gages que les autorités précédentes en trois ans», a-t-il déclaré, au mépris des moyens antidémocratiques et antirépublicaines ayant prévalu à leur avènement. Exit donc la belle époque du fétichisme des principes sacro-saints d’Etat de droit, de démocratie et de légitimité électorale au profit d’une France plutôt regardante sur ses intérêts politiques de circonstance et la prédisposition des régimes à les assurer. Perçu sous ce prisme, il n’est point étonnant qu’elle tire plus parti dans une autorité prédisposée à l’obéissance par la fragilité et l’illégalité de son assise politique. On peut en juger autant par l’aboutissement spectaculaire du processus de libération de Soumaïla Cissé en compagnie de l’otage française Sophie Pétronin avec des conditions que n’auraient sans doute pas concédées une autorité régulière plus comptable de pareil acte devant le peuple. Le parti que la France tire d’une prime au putsch et d’une protection des putschistes, à l’avènement desquels elle a pu jouer plus de partition active qu’une simple indifférence, pourrait aussi résider dans les nouvelles approches qui prévalent actuellement dans le traitement des équations du Nord-Mali. Il est loin de tenir d’un hasard, en effet, lorsque les mouvements armés les plus réticents ne consentent à siéger au gouvernement ainsi qu’à l’organe législatif qu’avec l’avènement de la junte putschiste.
Ce revirement spectaculaire dans les rapports entre Koulouba et Kidal, comme on le voit, se traduit par un pacte implicite de non-agression mais également par un passage en force peu soucieux des réserves de l’opinion publique dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix. Au risque de passer à l’application de l’APR avec l’ensemble des aspérités embarrassantes et susceptibles de faire le lit de frustrations dans les rangs des
Qui plus est, les gages dont la France officielle crédite les autorités de Transition pourraient tout aussi s’expliquer par blanc-seing qui semble caractériser la présence militaire française, avec notamment des opérations suspectes adoubées par les forces armées du pays d’accueil même lorsqu’elles dégagent les relents d’une bavure comme les frappes aériennes sur la bourgade de Bounti. Il en résulte que cet événement dramatique, qui a inspiré aux parlementaires français une interpellation corsée de leur ministre des Armées, s’est spectaculairement retrouvé sous le boisseau au sommet de N’Djamena au profit de l’intérêt évident qu’à l’Élysée de ne retenir que les succès de l’opération Barkhan, à quelques encablures d’une joute présidentielle que la présence militaire française est susceptible d’affecter.
Une kyrielle de motivations peu subjectives sous-tendent, en définitive, les lauriers que le président français a tressés aux autorités de Transition, qui jouissent d’une antipathie mesurable à la stupeur que suscite l’intrigante sortie d’Emmanuel Macron.
Le Temoin