LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU SAHEL : L’AES sur les cendres du G5 Sahel ?

À l’instar du Mali, les deux autres pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), le Burkina Faso et le Niger, ont annoncé le 1er décembre dernier leur retrait de toutes les instances et organes du G5 Sahel, y compris de la force conjointe de cette organisation. Cette décision assène un coup dur à l’organisation dont les objectifs initiaux fixés sont compromis.

Dans le but de renforcer davantage leur alliance au sein de l’ASE, les deux autres pays de la région du Liptako-Gourma, jusqu’alors membres de l’organisation du G5 Sahel, ont également choisi, à l’instar du Mali, de se retirer de toutes les instances et organes du G5 Sahel. Rappelons que cette organisation était composée initialement de cinq pays : le Mali, le Niger, le Burkina Faso, la Mauritanie et le Tchad.

Le communiqué conjoint, le numéro 001, émis par le Burkina Faso et la République du Niger, annonce que les gouvernements de transition des deux pays ont, après un examen approfondi du fonctionnement du G5 Sahel, souverainement décidé de se retirer de cette organisation, y compris de la Force conjointe, à compter du 29 novembre 2023.

L’opérationnalisation de la force conjointe du G5 Sahel a connu un échec depuis le retrait du Mali de l’organisation et de ses institutions le 15 mai 2022. Depuis lors, la situation sécuritaire au Sahel a été marquée par le terrorisme et les actions de groupes extrémistes violents, qui ciblent régulièrement les zones frontalières, en particulier la région du Liptako-Gourma, dans la zone des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger. En ce début de l’année 2023, la situation s’est encore détériorée avec une intensification des affrontements entre l’État islamique au Grand Sahara et le Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin, qui rivalisent pour étendre leur influence et contrôler les principales routes d’approvisionnement.

La naissance de l’Alliance des États du Sahel est un signal fort en faveur de la préservation de la souveraineté des trois États concernés. Cette alliance s’inscrit particulièrement dans la perspective panafricaniste de ces États. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, trois pays confrontés aux mêmes réalités politiques, économiques et sécuritaires, partagent également les mêmes aspirations, à savoir la souveraineté et l’assistance à leurs populations. C’est cette motivation qui a conduit à la mise en place de l’Alliance des États du Sahel, visant à trouver une solution commune aux défis auxquels ces États font face.

Au Sahel, les trois pays, désormais anciens membres du G5 Sahel, exposés aux menaces des groupes armés terroristes et confrontés aux mêmes réalités politiques et économiques, démontrent une volonté renforcée de consolider les liens qui existent depuis 1970 à travers l’Autorité du Liptako-Gourma (ALG). Dans le but d’éradiquer le fléau du terrorisme dans la région sahélienne, ils ont décidé de renforcer leur coopération en signant la Charte du Liptako-Gourma, instituant ainsi l’Alliance des États du Sahel (AES) le samedi 16 septembre 2023. Cette convention a été signée au palais de Koulouba par le président de transition malienne, en présence de l’ambassadrice du Burkina Faso auprès de la République du Mali, du ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la Culture du Niger, représentant le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Nigériens à l’extérieur.

Il convient de rappeler que le G5 Sahel a été créé le 19 décembre 2014 par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, dans le but de mutualiser les capacités et les moyens pour faire du Sahel un espace de sécurité et de développement.

Cependant, selon le communiqué conjoint, « force est de constater qu’après près de 9 ans d’existence, l’organisation peine à atteindre ses objectifs. Pire, les ambitions légitimes de nos États, visant à faire du G5 Sahel une zone de sécurité et de développement, sont contrariées par des lourdeurs institutionnelles et des pesanteurs d’un autre âge. Ces éléments nous convainquent que la voie de l’indépendance et de la dignité que nous empruntons actuellement est incompatible avec la participation au G5 Sahel dans sa forme actuelle. »

Oumar Sawadogo

Source : L’Observatoire

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