Les sanctions de la Cedeao asphyxient l’économie malienne : L’inaction du Gouvernement la parachève
Depuis la rectification de la transition par Assimi Goita et la proposition de son gouvernement à la prolonger démesurément, le Mali et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’ouest, CEDEAO se regardent en chiens de faïence. Nana Akufo Ado, Président en exercice de la CEDEAO et ses pairs ont décidé d’asphyxier le Mali par des sanctions économiques et financières qui dépassent tout entendement. Ces sanctions, il faut le reconnaitre ont été imposées sur le Mali après moult tentatives de médiation, de remédiation et d’appel au respect des engagements des autorités de la transition.
La menace a été mise en exécution après la proposition par les autorités maliennes d’une durée qui équivaut à un mandat électif d’un quinquennat. Par son manque de vision et sa diplomatie moribonde le gouvernement fait subir aux populations et aux entreprises les pires soubresauts. Mesure-t-il véritablement les conséquences de ces sanctions sur le quotidien des maliens ? Les victoires militaires enregistrées sur le terrain suffisent-elles face à la montée en flèche du mercure social dû aux sanctions ? jusque quand le Mali peut-il résister à ces sanctions qui se font sentir déjà ? Les héros du 18 Août 2020 vont-ils devenir les bourreaux des maliens ?
Il ne serait nullement exagéré d’affirmer que le Mali ne pourrait pas tenir face aux sanctions infligées par ses voisins de la CEDEAO, soutenue par l’Union Africaine et l’Union Européenne. Pays sans littoral et son commerce tributaire de l’importation jusqu’à hauteur de 60 %, le Mali ne pourrait pas résister longtemps, au risque de parachever son économie déjà agonisante à cause des sanctions.
Le premier secteur à être touché par ces sanctions est sans nul doute le secteur privé, lui qui dépend de l’Etat à plus de 80 %. Qu’il soit dit en passant quand l’Etat s’enrhume le secteur privé tousse. Aujourd’hui tous les établissements financiers sont sous pression parce que les ressources financières se font de plus en plus rares, alors que la demande est pressante. Jusque quand ces restrictions budgétaires et les colmatages vont continuer ?
Seul le gouvernement est à mesure de répondre à ce questionnement, mais d’ores et déjà les effets pervers des sanctions se font sentir partout. La grande interrogation est celle de savoir la limite du tolérable pour les maliens qui broient aujourd’hui du noir. Le Colonel Assimi Goita, Président de la Transition va-t-il continuer à céder aux sons de sirène de certains hommes politiques qui lui font croire que tout est rose alors que tout est au contraire noir ?
Pour ne pas être le bourreau du peuple, après avoir écrit une nouvelle page de l’histoire de notre pays, le Colonel Président doit accepter de négocier avec la CEDEAO pour convenir d’un chronogramme raisonnable, soutenable permettant non seulement la levée progressive des sanctions comme préconisée par l’Organisation sous régionale, mais aussi pour donner une bouffée d’oxygène.
En acceptant de discuter avec la CEDEAO et surtout en tombant d’accord sur un chronogramme détaillé et applicable dans un délai raisonnable, le Colonel Président aura allégé la souffrance de son peuple, pourra mener à bien sa lutte contre la corruption et la délinquance financière et pourrait paraitre aux yeux des maliens comme étant non seulement le soldat de la paix, mais aussi comme étant le sauveur. Tout autre discours en dehors d’une négociation avec la CEDEAO pour un compromis, serait tout simplement suicidaire. Si tant est que le coup de force ou coup de balai du 18 Août 2020 avait comme but de soulager le peuple qui en avait ras le bol de la gouvernance chaotique du pays sous le régime précédent, alors il n’y a pas de raison de faire encore souffrir ce même peuple qui est dans le pétrin depuis 2012.
En définitive, Assimi Goïta, le Président de la Transition a désormais le choix entre enfoncé davantage le pays en continuant à entretenir la crise et à faire le bras de fer avec la Communauté internationale, ou bien accepter les conditions proposées par l’Algérie et l’UA qui sont favorables à une durée de transition de 16 mois.
Source : L’Alternance