Insécurité alimentaire : plus de 1,5 million d’enfants menacés de mal nutrition aigüe
La situation nutritionnelle au Mali n’a jamais été aussi préoccupante. Ainsi, 3,8 millions de personnes -soit 16,1% de la population- y compris un million d’enfants, sont confrontées à une insécurité alimentaire et à la malnutrition aiguë. Parmi les facteurs favorisant cette situation, on peut citer les chocs climatiques, les prix élevés des denrées alimentaires, les déplacements massifs et les conflits armés.
Au Mali, près de cinq millions d’enfants ont un besoin urgent d’aide humanitaire, selon l’UNICEF. Sur ce chiffre, on estime à près de 1,4 million d’enfants âgés de six à 59 mois souffrant de la malnutrition aiguë, soit environ 5% de moins d’enfants malnutris que l’année dernière (2022).
Au Mali, la malnutrition aiguë sévère affecte 313 185 personnes. Outre les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes malnutries aiguës représentent 1 407 925 cas. Ces chiffres prouvent que près d’un quart de la population malienne souffre d’une insécurité alimentaire modérée ou aiguë.
Parmi les localités les plus touchées figure la région de Ménaka où plus de 2 500 personnes sont menacées de famine, dont de nombreux enfants. Au total, 11 des 19 régions administratives maliennes sont touchées par la crise alimentaire et nutritionnelle, avec une prévalence très critique de la malnutrition aiguë dans la région de Ménaka. D’autres régions comme Kayes, Mopti et Bamako connaissent également une situation nutritionnelle difficile. Ce, à cause des pratiques d’allaitement inadaptées entraînant une malnutrition aiguë, en particulier chez les enfants en bas âge.
Pourtant, le Programme alimentaire mondial (PAM) n’a pas manqué de tirer la sonnette d’alarme, mettant l’accent sur la nécessité d’un soutien urgent. Cette organisation a également appelé à des fonds pour fournir une assistance alimentaire et nutritionnelle à des millions de personnes vulnérables.
Cette situation nutritionnelle difficile est également l’une des causes pour lesquelles des centaines d’écoles ont été fermées à travers le pays empêchant un demi-million d’enfants d’accéder à l’éducation. D’où l’impérieuse nécessité de mettre en place des programmes de prévention et de traitement en faveur des enfants dont la combinaison de ces facteurs a conduit à une augmentation significative de la malnutrition aiguë, mettant en danger la vie de bon nombre d’entre eux au Mali.
De plus, il convient de noter une dégradation des conditions d’hygiène et une diminution de la disponibilité des aliments, contribuant autant à la malnutrition aiguë. Autres facteurs favorisant cette situation, on peut également citer les prix élevés des denrées alimentaires, les déplacements massifs dus aux conflits et aux chocs climatiques.
Des mesures prises pour améliorer la situation
La prévalence élevée de la malnutrition aiguë est aussi liée à la difficulté d’accès à la nourriture pour de nombreuses familles, en raison de la situation économique difficile. La perturbation du flux d’approvisionnement alimentaire dans les régions du nord, en raison du blocus imposé par les groupes armés, a également aggravé la situation dans le nord et le centre du pays.
Pour autant, plusieurs mesures ont été mises en place pour améliorer la situation nutritionnelle dans les régions touchées par la crise alimentaire au Mali avec des résultats très mitigés. Ainsi, outre l’appel lancé par le Programme alimentaire mondial (PAM), on peut aussi évoquer le Plan d’action national sur l’alimentation et la nutrition (PANAN) mis en place par les autorités en 2017, afin d’assurer la sécurité alimentaire de la population malienne et à améliorer l’état nutritionnel des couches les plus vulnérables.
Il y a également le Programme d’appui à la sécurité alimentaire (PCIMA) lancé en 2019 pour renforcer la sécurité alimentaire et améliorer la nutrition des populations touchées par la crise. S’y ajoute le Protocole de prise en charge intégrée de la malnutrition aiguë au Mali (PIC-MA) lancé en 2010 afin de prévenir et traiter la malnutrition aiguë chez les enfants et les femmes en situation d’insécurité alimentaire.
Avant ces mesures, il y avait notamment la Politique de Développement Agricole (PDA) adoptée dans les années 90 pour améliorer la productivité agricole, l’accès aux denrées alimentaires et à la nutrition des populations. On se souvient aussi du Programme d’action du gouvernement 2014-2018 (PAG) visant à renforcer la gouvernance institutionnelle et financière ainsi qu’à améliorer l’équilibre énergétique, la qualité et la sécurité alimentaire pour les populations.
Dans la même veine, les autorités avaient initié un certain nombre d’activités de sensibilisation et d’éducation sanitaire pour promouvoir la prise de décision éclairée en matière d’alimentation et de lutte contre la malnutrition, notamment l’exclusivité exclusive et complémentaire pour les femmes enceintes et allaitantes et les enfants de moins de 5 ans.
Ces mesures visent à aborder les défis nutritionnels et à améliorer la situation alimentaire des populations touchées par la crise alimentaire au Mali. Toutefois, force est de constater qu’elles n’ont pas atteint les résultats escomptés. C’est dire toute l’urgence de changer de fusil d’épaule avant que la situation déjà difficile ne s’empire et devienne hors de contrôle.
Abdrahamane SISSOKO
Source : Le Wagadu