Infox : Non, les Chefs d’État de la CEDEAO n’ont pas adopté de décision sur un visa obligatoire pour les ressortissants des pays de l’AES !
Contrairement à des rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux, lors de leur sommet ordinaire tenu ce dimanche 7 juillet à Abuja, au Nigeria, les Chefs d’État de la CEDEAO n’ont adopté aucune décision relative à l’exigence d’un visa obligatoire pour les ressortissants des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) pour circuler dans la sous-région.
Le Président de la Commission de la CEDEAO, Dr Alieu Oumar Touray, a évoqué ce cas de figure comme un impact potentiel sur la libre circulation des personnes et des biens, du retrait des États de l’AES de l’organisation, un divorce qui ne prendra d’ailleurs effet qu’en février prochain, à l’expiration du délai d’un an fixé par les textes de la CEDEAO. Du reste, l’exigence de visas entre les ressortissants des deux espaces (AES et CEDEAO) sera une conséquence logique de l’entrée en vigueur du retrait des pays de l’AES de la CEDEAO. C’est pourquoi d’ailleurs, lors de leur sommet de Niamey, les Chefs d’État de l’AES, s’agissant de la libre circulation des personnes et des biens, ont instruit les ministres compétents d’élaborer en urgence des projets de protocoles additionnels relatifs à cette question, en vue de faire face aux implications liées aux retraits des États de l’AES de la CEDEAO.
Le retrait du Niger, du Mali et du Burkina de la CEDEAO, « affectera les conditions de voyage et d’immigration des citoyens de ces trois pays, car ils auront désormais à mener des démarches en vue de l’obtention d’un visa avant de voyager dans la sous-région », a déclaré le Président de la Commission de la Cédéao, Dr Omar Alieu Turay, lors de son allocution à l’ouverture du Sommet des Chefs d’Etat de l’organisation communautaire, dimanche 7 juillet, à Abuja, au Nigeria.
Sortie de son contexte, la déclaration a été vite détournée pour faire de l’évocation des conséquences potentielles du retrait des pays de l’AES par le Président de la Commission, une véritable infox qui a vite fait le buzz sur les réseaux sociaux et animée les discussions dans les forums et fadas.
« Il faut désormais un visa obligatoire pour les ressortissants des pays de l’AES pour circuler dans la sous région », est-il ainsi relayé, le contexte géopolitique sous-régional aidant, beaucoup avait cru et cela a amplifié la désinformation.
Or, la déclaration du De Dr Omar Alieu Turay a été faite à l’ouverture du Sommet c’est-à-dire avant même le huis-clos des chefs d’Etat dont les décisions sont ensuite annoncées dans le communiqué final. Et dans le communiqué final justement, aucune mention explicite de cette décision n’a été évoquée.
En réalité, le Président de la Commission de la CEDEAO soulignait dans son allocution, l’impact de cette désintégration sur la région. Lors de son discours d’ouverture, il a rappelé que les populations bénéficiaient d’une liberté de mouvement et commençaient à voir les avantages du marché commun de plus de 400 millions d’habitants. La fin de cette intégration, selon lui, va donc perturber la liberté de mouvement et d’établissement, tout en aggravant l’insécurité régionale.
« Le retrait des trois pays portera un coup dur à la coopération en matière de sécurité, notamment en termes de partage de renseignements et de participation à la lutte contre le terrorisme dans la sous-région, et d’autres initiatives conjointes de sécurité, telles que la mise en œuvre de la force régionale en attente de la CEDEAO que les ministres de la défense de nos États membres viennent de convenir d’activer », a déclaré Omar Alieu Turay.
Dans son discours, Dr Omar Alieu Turay, a souligné que le retrait du Niger, du Mali et du Burkina Faso de l’institution sous-régionale aura également des répercussions significatives sur les conditions de voyage et d’immigration des citoyens de ces trois pays. D’où la déclaration selon laquelle, « ce retrait affectera les conditions de voyage et d’immigration des citoyens de ces trois pays, car ils auront désormais à mener des démarches en vue de l’obtention d’un visa avant de voyager dans la sous-région ». C’est cette phrase qui a été complètement sortie de son contexte et qui a été maquillée, à dessein peut-être pour certains, qui veulent ajouter de l’huile au feu qui couve actuellement entre les chefs d’Etat des deux institutions.
Il faut aussi noter que dans son discours d’ouverture, le Président de la Commission de la Cédéao a, en outre, prévenu qu’en cas de divorce consommé, les citoyens du Niger, du Mali et du Burkina Faso ne pourront plus résider ni créer des entreprises librement dans le cadre des facilités de la CEDEAO. « Ils seront soumis aux diverses lois nationales des autres États membres », a déclaré Dr Omar Alieu Turay.
Ces impacts potentiels du retrait des pays de l’AES de la CEDEAO ne seront, d’ailleurs, que des conséquences logiques de l’entrée en vigueur de la décision de retrait. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. La seule alternative en cas de consommation du divorce, c’est la signature des accords bilatéraux ou multilatéraux ainsi que d’autres dispositions à convenir dans l’intérêt des populations des deux régions. C’est pourquoi d’ailleurs, lors de leur sommet de Niamey, les Chefs d’Etat de l’AES, s’agissant de la libre circulation des personnes et des biens, ont instruit les ministres compétents « d’élaborer dans l’urgence, des projets de protocoles additionnels y relatif en vue de faire face aux implications liées aux retraits des Etats de l’AES de la CEDEAO ».
Il y aura certainement des négociations pour éviter le pire mais il va falloir s’y faire au sein de l’AES. Il y aura des conséquences fâcheuses pour les deux communautés et il va falloir négocier pour accorder les violons et maintenir l’harmonie du couple qui sera alors formé…
Actuniger