Au Mali, en matière de droit à la santé, moins de 30% des maisons d’arrêt disposent d’une infirmerie et moins de 20% ont un personnel soignant dans leur effectif. La visite médicale d’admission n’est pas faite dans bien de maisons d’arrêt, révèle le rapport 2020 de la Commission nationale des Droits de l’Homme (CNDH).
Le rapport 2020 de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) publié il y a quelques jours, passe en revue entre autres sur la situation carcérale et les conditions de détention ainsi que le droit à un environnement sain. Dans ce rapport, Aguibou Bouaré et les siens ont relevés tout ce qui a trait à la violation ou au non respect des conditions de détentions des détenus.
La surpopulation carcérale, qui se caractérise par une situation où le nombre de personnes détenues est supérieur au nombre de places disponibles dans les établissements pénitentiaires, continue à constituer un défi portant atteinte aux droits des personnes privées de liberté. Elle est un facteur d’aggravation des conditions de détention. Ainsi, nombreux sont les détenus contraints à dormir à même le sol. Le phénomène dira-t-il, porte atteinte à l’intimité et à l’hygiène des personnes détenues. « Il constitue également un obstacle à la délivrance des soins de santé favorisant ainsi l’apparition des maladies dont les plus fréquentes sont celles dermatologiques. Il favorise un climat propice à l’insécurité et aux tensions entre détenus et les agents pénitentiaires d’une part, et entre les détenus eux-mêmes d’autre part », souligne le rapport.
Cette situation peut occasionner des désagréments sur le plan sanitaire
La CNDH regrette que dans la totalité des unités d’enquête, l’alimentation des gardés à vue soit assurée par leur famille, à défaut par les unités elles-mêmes « alors que celles-ci ne disposent pas de ligne budgétaire à cet effet ».
En matière de droit à la santé, dira-t-il, moins de 30% des maisons d’arrêt disposent d’une infirmerie et moins de 20% ont un personnel soignant dans leur effectif. Par conséquent, la visite médicale d’admission n’est pas faite dans beaucoup de maisons d’arrêt. De même, la prise en charge correcte de la maladie en milieu carcéral est une préoccupation », regrette la CNDH.
Sur le plan de la fourniture des médicaments, malgré les efforts faits par la DNAPES, en termes de respect de la périodicité (semestrielle), le problème de l’offre et de la demande reste toujours non résolu, car les médicaments les plus sollicités sont en quantité insuffisante. Le gros problème à ce niveau reste la continuité des soins surtout après la fermeture des cellules, il n’existe aucun moyen de recevoir des soins même en cas d’urgence.
Tout comme l’année 2019, la CNDH écrit le rapport « déplore l’accès très limité des détenus aux services d’un avocat, notamment à l’intérieur du pays. L’accès à une justice équitable dans un délai raisonnable reste un défi majeur, comme constaté dans toutes les maisons d’arrêt visitées. Le cas des détenus en attente d’assises en constitue l’illustration parfaite ». La CNDH déplore la détention de plus d’une année de certaines personnes dont la peine maximale encourue ne dépasse pas deux ans. Pour la structure dirigée par M. Bouaré, l’alimentation demeure une préoccupation importante dans les maisons d’arrêt et surtout dans les unités d’enquête. Malgré la prescription par la DNAPES des normes de qualité et de quantité par détenu, la CNDH déplore l’inobservation de cette mesure par la quasi-totalité des maisons d’arrêt.
La CNDH a constaté des difficultés relatives à l’exercice d’activités sportives et récréatives nécessaires à l’épanouissement des détenus. Le nombre insuffisant de surveillants, le manque de dispositifs sportifs et d’espaces expliquent en partie cet état de fait. La Commission salue le projet GFP pour les efforts déployés en vue de doter pratiquement toutes les maisons d’arrêt d’équipements sportifs.
En matière de contact avec le monde extérieur, via les appels téléphoniques et les transactions financières, la CNDH déplore des spéculations et pratiques corruptrices. Ainsi, certains appels peuvent être facturés jusqu’à 500 F CFA par unité et le tarif de retrait par Orange money ou Mobicash peut atteindre 30% du montant à retirer. De même, la CNDH déplore l’absence de possibilité de visite conjugale qui favorise les agressions sexuelles et le développement de certaines maladies comme la Prostate bénigne.
La formation professionnelle et la réinsertion sociale constituent un défi majeur, en termes d’acquisition de matériels de formation et de mise à disposition de fonds (fonds d’installation, de mise en œuvre et de suivi post carcéral). Le second volet de la réinsertion sociale qui est l’installation post carcérale et le suivi post carcéral ne sont pas prises en compte par la plupart des organismes et organisations qui interviennent dans les maisons d’arrêt.
Source : Arc-en-ciel