INSECURITE AU NORD L’armée appelée au secours

INSECURITE AU NORD L’armée appelée au secours

Depuis sa libération en 2012 par Serval, le nord du Mali sombre encore dans la violence. Outre les combats sanglants entre groupes terroristes, les civils des principales grandes villes payent un lourd tribut dans cette insécurité généralisée. Les forces armées maliennes semblent avoir des difficultés à contrôler ces zones qui se transforment de facto en sanctuaires djihadistes.

Assassinats ciblés, enlèvements, séquestrations, viols, vols… tel est le quotidien des habitants des principales villes du nord du Mali. Gao en est la principale illustration car selon une source sous le couvert de l’anonymat, il ne peut se passer un seul jour sans qu’on évoque une quelconque attaque ciblée ou une tentative d’assassinat contre un civil. En plus de la dangerosité d’accès à ces villes, les hordes terroristes y règnent en maîtres. 

Ainsi, notre témoin relate que : ’’si on échappe aux balles des Kalachnikovs, on doit alors craindre les EEI dissimulés sur les routes’’. Le bilan de ces personnes tuées par ces engins explosifs est élevé. Cela a également un impact très négatif sur l’économie locale qui demeure fortement ébranlée. 

Que fait l’Armée ?

Les Forces armées maliennes sont présentes dans la zone. En dépit des patrouilles menées dans ces secteurs, la situation demeure toujours tendue. Gao, la principale ville septentrionale est loin d’être sécurisée. En effet, les syndicats de cette région ont appelé à un arrêt de travail de 48 heures mardi et mercredi pour protester contre la dégradation de la situation sécuritaire et « l’inaction du gouvernement ». Ils ont exigé notamment « une riposte sécuritaire » et « le rappel à l’ordre de certains agents des forces de sécurité qui s’adonnent à des dérives d’intimidation et de racket non justifiés ». Cependant, les autorités de la transition n’avaient pas réagi à l’appel des syndicats. Hormis Gao, Ansongo est aussi entré dans la danse en réclamant de la part des autorités beaucoup plus de sécurité. Des mouvements armés alliés de Bamako se battent ‘’bec et ongle’’ contre les GAT pour sécuriser la ville de Menaka et ses alentours. 

Face à cette situation qu’on pourrait qualifier d’abandon, un général de l’Armée et leader d’un mouvement armé progouvernemental, le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia) Mali a appelé les jeunes Touareg dans le pays et à l’extérieur à se battre contre l’expansion du groupe Etat islamique dans le Nord, dans un message audio circulant sur WhatsApp. El Hadj Gamou est une figure populaire et emblématique du conflit malien. Fortement engagé dans les combats contre l’organisation Etat islamique au grand Sahara (EIGS, affilié à l’EI), il a donné dix jours à tous les jeunes Touareg d’Algérie, Libye et d’ailleurs pour rejoindre les environs de Gao, en proie aux violences du groupe djihadiste, dans un message en langue tamasheq authentifié.

A noter qu’à Ménaka, l’Etat a une très faible présence et les populations, principalement des nomades vivant dans des campements éparpillés dans le désert, sont prises entre deux feux, victimes de massacres et de représailles parce que soupçonnées de pactiser avec l’ennemi, ou privées de moyens de subsistance. La communauté touarègue est établie dans le Sahara entre plusieurs pays, principalement au Mali, en Algérie, au Niger, et en Libye.

En 2012, des groupes armés indépendantistes en majorité composés de combattants touareg avaient déclaré l’indépendance du territoire du nord du Mali, qu’ils ont appelé Azawad, avant d’abandonner leurs velléités indépendantistes en signant trois ans plus tard un accord de paix avec Bamako. D’autres ont rejoint la nébuleuse djihadiste d’Al-Qaida, aujourd’hui dirigée par Iyad Ag-Ghali, lui-même touareg.

Ahmadou Sékou Kanta

Source : l'Observatoire