GESTION DE LA TRANSITION : Pro-Dicko et pro-Choguel en chien de faïence

Sous silence depuis plusieurs mois, l’Imam de Badalabougou Mahmoud Dicko est revenu à la charge en traitant d’« arrogants » les autorités de la transition et d’ « orgueilleuse » la communauté internationale dont la CEDEAO. Cette sortie a suscité de nombreuses réactions au sein de la société civile, mais aussi du côté de certains leaders religieux et politiques du Mali.

Les discours critiques vis-à-vis des militaires au pouvoir ont pris de l’ampleur ces dernières semaines au Mali. Longtemps sous silence, les partisans de l’imam Mahmoud Dicko commencent à donner de la voix. La situation politique et économique du Mali ne s’améliorant pas, la poursuite inébranlable du bras de fer avec la CEDEAO a poussé Mahmoud Dicko à sortir de son silence et à situer les responsabilités. Se montrant ainsi de plus en plus critique vis-à-vis de la “junte”.

Après le passage de leur mentor lors du forum de Bamako, le responsable de la jeunesse du CMAS a, à son tour, haussé le ton, taclant les autorités de la transition, notamment le Premier ministre Choguel Maïga. Les jeunes ne sont pas les seuls, plusieurs associations politiques, membres du M5, ont également réclamé la démission de l’actuel Premier ministre.

Samedi dernier, les sympathisants du leader religieux ont tenu une assemblée à Bamako où ils ont tenu un discours très musclé. Les partisans de l’imam Mahmoud Dicko sont très critiques vis-à-vis de la gouvernance actuelle au Mali. Pour eux, le pays est dans l’impasse. Selon Youssouf Daba Diawara, coordinateur général de la Coordination des mouvements, associations de sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS), les Maliens ne resteront pas les bras croisés face à l’impasse dans laquelle se trouve le pays. « Cela fait plus de vingt-deux mois que les autorités de la transition sont là et vraiment, il n’y a pas eu de changement notoire », fait-il croire. Avant de prévenir : « Les intimidations qui sont en cours aujourd’hui ne nous feront pas changer d’avis »

Une plainte en diffamation contre certains activistes

Aucun doute, l’imam Mahmoud Dicko prend de plus en plus de distance vis-à-vis de la junte malienne. Et ses partisans tiennent de plus en plus un discours politique. « Nous avons constaté aussi, ces derniers temps, l’installation d’une atmosphère défavorable à la liberté d’expression, précise Youssouf Daba Diawara. Ceux qui attaquent l’imam sur les réseaux sociaux sont le plus souvent des activistes qui sont à la solde du régime. »

Les fidèles de l’imam ont déposé une plainte en diffamation contre certains de ces activistes. Un des avocats constitués est formel : « Avec les nouvelles lois sur la cybercriminalité, il y a de quoi rapidement retrouver les responsables s’il y a de la bonne volonté et le souhait de punir les auteurs de ces insultes et attaques. »

Par contre, les soutiens de la transition juge de ratée cette sortie de l’imam le qualifiant d’être à la solde d’une puissance étrangère. Un intervenant dira que Dicko est à la recherche d’une notoriété. « A travers cette déclaration, Dicko a montré qu’il n’est plus un poids lourd au Mali. C’est vrai, qu’il a beaucoup contribué au renversement de régime mais aujourd’hui, j’estime qu’il doit tranquillement rester dans sa mosquée » conclut-il.

Pour Aboubacar Coulibaly, enseignant d’anglais et interprète, il pense que l’imam est dans la provocation. « Je ne comprends pas ce qu’il cherche. De toute façon, il n’a plus de crédibilité dans ce pays, alors tout ce qu’il dira est un non évènement. A travers son comportement, on peut clairement comprendre qu’il est en froid avec les autorités de la transition et personnellement, je trouve que les mots qu’il a utilisés sont assez durs », dit-il.

Sur les réseaux sociaux, les commentaires entre les pros et les antis imam vont bon train. Pour l’heure, aucune réaction de la part des autorités à cette sortie de l’imam.

Ahmadou Sékou Kanta

Source : Le SOFT