En réponse au mandat d’arrêt international émis à leur encontre par le Procureur général de la Cour suprême de Bamako, l’ancien Premier ministre Dr Boubou Cissé et l’ancien ministre de la Défense et des Anciens combattants, Tiéman Hubert Coulibaly, fustige la démarche judiciaire. Si le premier se réclame « étranger » dans cette affaire, le second se dit prêt à affronter la justice.
Dans un communiqué lu sur la chaîne nationale ORTM le 28 Juillet, le Procureur Général de la Cour suprême, Mamadou Timbo, a informé de l’ouverture d’une information judiciaire par la Chambre d’instruction sur « les faits qualifiés de crime de faux et usage de faux, d’atteinte aux biens publics et de complicités de ces infractions ». Lesquels faits sont liés à « l’affaire du marché public dit Paramount » dans le cadre de la mise en œuvre de la Loi d’orientation et de programmation militaire ainsi que de la Loi de programmation pour la sécurité intérieure.
Le communiqué a indiqué qu’un mandat d’arrêt international, en date du 25 juillet 2022, a été lancé contre trois ex-ministres à savoir Mamadou Igor Diarra, Dr Boubou Cissé et Tiéman Hubert Coulibaly. Quelques jours après cette annonce, les intéressés sortent de leur silence qu’ils observent depuis des mois, à la suite de la chasse aux sorcières engagée contre eux par les tenants du pouvoir à Bamako.
Sur sa page Facebook, Tiéman Hubert Coulibaly, ancien ministre de la défense affirme avoir appris de manière surprenante, qu’un mandat d’arrêt international serait émis contre lui et d’autres personnalités, à l’initiative de monsieur le Procureur général près la Cour suprême du Mali. Chose qu’il qualifie de ‘’manière si singulière et pour le moins cavalière n’est pas la façon qui sied véritablement, si le parquet général près la haute juridiction est, un tant soit peu, animé de justice’’ cite-t-il.
« Je rappelle que je suis absent de mon pays depuis plusieurs mois, en exil, compte tenu des menaces quotidiennement distillées par la rumeur ronflante, savamment entretenue, qui, au fil des mois, a fini par révéler le dessein réel des personnes en commandite » dénonce-t-il. En outre, il a rappelé qu’au mois d’octobre 2021, deux semaines après son départ de Bamako, l’information quant à son absence avait suscité une réaction aussi inattendue qu’agressive, notamment sur les réseaux sociaux et autres mass média. Et j’ajouter que des rumeurs folles ont immédiatement circulé qui l’accusaient, selon lui à tort, d’être l’animateur de toutes sortes de complots. « Les intentions malveillantes que je soupçonnais se sont révélées à travers l’acharnement de ces attaques régulières à coup d’intoxications » précise M. Coulibaly dans le communiqué.
Par ailleurs, il a affirmé que les auteurs dans leur mission le rendaient coupable de nombreux délits et forfaits inventés pour les besoins de leur cause illégale et illégitime dont l’objectif est clairement d’anéantir toute voix politique républicaine dissonante. De ce fait, l’ancien ministre de la défense a tenu a rappelé que sa mission en tant que ministre de la Défense et des Anciens Combattants a débuté le 8 janvier 2015 et s’est terminée le 3 septembre 2016. « Elle était parfaitement définie dans le cadre de prérogatives claires. Je n’ai jamais agi que dans ce cadre et, je n’ai agi que pour assurer la meilleure préparation opérationnelle de nos forces face au défi sécuritaire » se défend-t-il.
Ainsi, il précise que si la justice malienne devait rechercher à situer sa responsabilité, dans le cadre d’une quelconque information judiciaire, elle a la latitude de procéder au moyen d’une commission rogatoire à laquelle il s’engage à répondre prestement. D’ores et déjà, il affirme avoir pris l’initiative de constituer une équipe de conseils qui l’accompagnera dans l’éventualité souhaitable d’une confrontation.
Quid de Boubou Cissé ?
Outre le ministre de la défense T.H Coulibaly, Boubou Cissé ancien PM emboite le pas. Il s’étonne de ce mandat lancé contre sa personne dans cette affaire. Dans son communiqué, il a précisé qu’en ce qui concerne ce marché, qui selon lui n’est pas une affaire, qu’il serait absolument serein et déterminé à laver son honneur. En effet, il a affirmé que contrairement à ce que veulent faire croire les personnes qui ont été chargées d’instruire ce dossier, qu’en aucun cas il a posé un acte illégal dans l’exercice de ses fonctions et d’ajouter qu’au moment de la conclusion de ce marché, en octobre 2015, il était en charge du Ministère des Mines, donc étranger à la conclusion de ce dit marché.
« Je tiens à préciser que je n’ai jamais cherché à fuir mes responsabilités ou à échapper à mes devoirs de justiciable, pour autant que la justice de notre pays demeure indépendante et impartiale. À la suite de l’affaire dite de ‘’complot contre le gouvernement’’, qui m’a valu une visite musclée des forces de l’ordre à mon domicile en décembre 2020, dont la procédure a finalement été annulée par la justice en mars 2021 en l’absence totale de preuves, et constatant la situation et les pressions exercées sur ma famille, j’ai pris la douloureuse décision de m’éloigner momentanément de notre pays » ajoute-t-il.
De ce fait, l’ancien PM dira que son absence obéit à sa volonté d’observer une posture de réserve afin de permettre aux autorités de la transition d’œuvrer au plus vite pour le rétablissement des équilibres socio-politiques nécessaires au retour rapide à un ordre constitutionnel régulier dans notre pays. Selon ses dires, la justice malienne ne doit pas faire l’objet d’une instrumentalisation et ainsi détourner l’opinion publique nationale des vrais enjeux du moment en matière sécuritaire, sociale et économique.
A noter qu’outre ces deux personnalités, deux autres noms sont cités dans cette affaires en occurrence Babaly Bah ex patron de la BDM-SA et Mamadou Igor Diarra ancien ministre de l’économie et des finances.
Ahmadou Sékou Kanta
Source : Le SOFT