Transition malienne face à l’embargo de la CEDEAO/UEMOA : Assimi en quête d’une bouée de sauvetage chez Faure ?

Après avoir appelé à la résilience du peuple malien auquel il est demandé de supporter les difficultés liées aux sanctions dont le pays est frappé, les plus hautes autorités du Mali semblent désormais résolues à jouer leur va-tout pour desserrer cet étau asphyxiant.

Les autorités de la transition malienne sont-elles aujourd’hui à bout de souffle pour lancer un cri de détresse vers le Togo de Faure Gnassingbé, un autre protégé de la France d’Emmanuel Macron ? Tout semble l’indiquer. Le pouvoir de transition avait-il surestimé sa capacité de résistance aux multiples pressions exercées contre lui afin de le contraindre à écourter la transition ? Comment le président de la Transition et son Premier ministre peuvent-ils s’inscrire dans une posture de « résistance à l’oppresseur » et finir par se livrer à un allié de l’oppresseur pour dénouer le blocus en sa faveur ?

En effet, il est de notoriété que le Togo de Faure Gnassingbé est un élément stratégiquement important du puzzle de l’influence française en Afrique de l’Ouest. Et le président Emmanuel Macron n’a de cesse de protéger et défendre le régime de Faure Gnassingbé, le fils du dictateur Eyadéma. C’est au point que lors de la dernière élection présidentielle dans ce pays, le président français n’a pu dénoncer les nombreuses irrégularités qui ont marqué le processus de proclamation des résultats qui, selon des observateurs neutres, donnaient perdant le chef de l’Etat sortant. C’est ainsi que Paris a fini par avaliser la réélection du fils d’Eyadéma pour un quatrième mandat à la tête de ce petit pays du Golfe de Guinée, dans la désolation d’une bonne partie de son peuple.

Mais ce contexte n’a pas empêché Faure Gnassingbé d’adouber les hommes forts de Kati intronisés “rois de Bamako” ! Le numéro un togolais ne se privera pas de faire des yeux doux des hommes forts de la transition de Bamako. Le dirigeant togolais, au risque d’apparaître aux yeux de ses pairs de la CEDEAO et de l’UEMOA comme un « avocat du diable », a lié des amitiés solides avec les autorités de la Transition malienne. Ce qui fera faire d’incessants va-et-vient Lomé–Bamako par Robert Dussey, le chef de la diplomatie togolaise, l’un des hommes de confiance du patron du palais de Lomé II.

Mais la question qui se pose aujourd’hui est de savoir pourquoi le Colonel Assimi Goïta et ses amis ont si longtemps attendu avant de solliciter la facilitation de Faure Gnassingbé pour desserrer l’étau contre leur pays. Cet attentisme est-il lié à un discret appel du pied de Lomé dans ce sens ? Pour quel but ? Quels intérêts particuliers le président togolais a-t-il à défendre ou à préserver au Mali pour s’aventurer sur ce terrain délicat ? Avec le risque de se mettre à dos des dirigeants hostiles aux dirigeants du Mali, comme Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire voisine ? Pourquoi Bamako désapprouve-t-il ainsi  la médiation conduite par la CEDEAO elle-même à travers le Médiateur Goodluck Jonathan du Nigéria ?

Il nous revient que l’Etat malien a aujourd’hui d’énormes difficultés de trésorerie. Les caisses de l’Etat sont plus vides et le pays risque, confient des experts, de se retrouver en cessation de paiements. Même le paiement des salaires des fonctionnaires pourrait s’avérer très difficile si cette situation de gel des avoirs financiers de l’Etat malien se prolonge dans les tout-prochains mois. Donc, la situation économique et financière du pays est alarmante. Ce qui fait redouter des mécontentements sociaux, dans la mesure où des revendications syndicales pointent à l’horizon, les syndicats estimant que le pouvoir doit simplement lâcher du lest pour renouer avec la coopération avec divers partenaires afin d’aider à satisfaire leurs doléances. Cette posture de la plus grande centrale syndicale du pays, l’UNTM maximise la pression sur le pouvoir du Colonel Assimi Goïta, qui serait prêt à revoir son chronogramme de prolongation. Des indiscrétions font croire qu’acculé, Bamako pourrait accepter d’organiser les élections de retour à la normalité dans un délai de 18 mois, au lieu des 24 mois récemment annoncés par le Premier ministre. Car, le facilitateur, Faure Gnassingbé serait dans cette prédisposition, ne pouvant aucunement plaider la clémence de Paris par l’intransigeance de Bamako…  Comme pour dire que la Transition ne peut faire que la politique de ses moyens, n’ayant pas les moyens de sa politique de refondation.

Boubou SIDIBE /maliweb.net

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