PANDEMIES : Le Mali mise sur la vaccination pour éradiquer la Covid-19

De l’obligation du port des masques, du respect des mesures barrières et de l’application de la vaccination à grande échelle, le pays est sur le point de gagner son pari car le nombre de contaminations et de décès liés à la Covid-19 a considérablement chuté. Cependant, les autorités veillent toujours au grain en misant sur la vaccination pour éradiquer la maladie.

Depuis son apparition au Mali en 2020, les autorités ont pris le problème à bras-le-corps en imposant des mesures drastiques pour briser la chaine de contamination. De nombreux efforts ont été consentis par le gouvernement dans ce sens. En effet, il y a deux ans aujourd’hui, le Mali enregistrait son premier cas de Covid-19. Le virus a d’abord été signalé à Bamako, en provenance dun pays étranger, avant de s’étendre vers les autres villes.

À la date du 29 août 2022, le pays a enregistré 31 337 cas positifs et 739 décès dus à la Covid-19. Au cours de ces deux dernières années, des mesures de santé publique, parmi lesquelles le respect des mesures barrières, l’amélioration du suivi des contacts, la communication du risque et l’engagement communautaire et récemment les efforts déployés dans le cadre de la vaccination, ont été essentielles pour endiguer la propagation du virus. La vaccination a également été renforcée pour aider à maîtriser l’épidémie au Mali.

Nonobstant le contexte politique et sécuritaire difficile, les autorités sanitaires étaient déterminées à aller jusquau bout pour préserver la santé des populations. Cest pourquoi le pays a initié plusieurs activités parmi lesquelles, les activités de communication de risque et d’engagement communautaire, des caravanes de sensibilisation avec l’utilisation des drones et des communicateurs traditionnels. Tous les moyens étaient ainsi mis en œuvre pour accroître l’adhésion à la vaccination.

Pour rappel, le pays avait réceptionné le 18 mars dernier 100 620 doses de vaccin Pfizer, un don du gouvernement américain à travers le mécanisme Covax. L’occasion était parfaite pour la ministre de la Santé et du Développement social, Mme Diéminatou Sangaré, de faire le lien entre la cérémonie de réception de vaccins et les deux années de riposte contre la pandémie de Covid-19 au Mali. Deux années de rudes épreuves qui ont mis à nu la fragilité du système de santé du pays à faire face aux épidémies.

Le Mali a souscrit à cette initiative et a élaboré et mis à jour son plan national de vaccination contre la Covid-19 avec comme objectif de vacciner 70 % des personnes âgées de 12 ans et plus sur toute l’étendue du territoire national soit 9 477 250 personnes à travers neuf campagnes de masse d’ici le 31 décembre 2022, et pour atteindre cet objectif d’immunité collective, 5 214 040  doses de vaccins Covid-19 ont été déjà mobilisés par l’initiative Covax à travers les Etats-Unis d’Amérique, lAllemagne, le Portugal et par la coopération bilatérale à travers la République populaire de Chine, l’Algérie et la Turquie.

Le représentant par intérim de l’organisation mondiale de la santé (OMS) au Mali, lors dune récente campagne de vaccination lancée le 16 août sur le terrain de football de Quinzambougou en Commune II du district de Bamako, a signalé que la vaccination contre la Covid-19 reste un grand défi dans la région africaine.

“Avec un objectif de 70 % de couverture vaccinale contre la Covid-19 dici la fin de lannée, de nombreux pays ont encore des couvertures très basses dans la région africaine dont le Mali avec le taux de couverture vaccinale contre la Covid-19 de 7 % sur l’ensemble de la population totale”, affirmera-t-il.

Il a invité au nom des partenaires techniques et financiers, les autorités de Bamako et les autorités régionales, locales, les leaders religieux, les chefs traditionnels, les enseignants à ne ménager aucun effort pour une plus grande mobilisation à Bamako, dans les régions et district du pays afin que toutes les cibles reçoivent leur première dose ou achèvent leur vaccination contre la Covid-19.

Des avis sur la question 

Face à la multiplication des efforts dans la lutte contre la pandémie, Maliexpress a approché le centre d’information pour la Covid-19 pour faire un bilan de la situation. Ici, notre interlocutrice nous a fait savoir qua la date du 24 août 2022, en terme de vaccination, 558 730 doses sont incomplètes tandis que 1 591 120 ont complètement été effectuées.

Par ailleurs, elle a relevé que le nombre de cas positifs sélève à 31 263 contre 30 436 guéris, soit un taux de guérison de 97,35 %. En outre, 12 sont sous traitement contre 739 décès, soit un taux de 2,36 %. Au vu de ces statistiques, le centre dinformation s’explique : “Aujourdhui, nous arrivons progressivement à contenir la maladie et le nombre de contaminations a beaucoup baissé comme vous pouvez le voir dans les statistiques. Cependant, le virus demeure, de ce fait, nous continuons à demander à la population de rester vigilante et de respecter les gestes barrières pour rompre la chaine de contamination. Dautre part, nous convions l’ensemble de la population à procéder à la deuxième phase du vaccin”.

Pour sa part, face à une hausse subite des cas de contamination, le Pr. Bourema Kouriba, membre du comité scientifique, pense que cela est lié à un facteur environnemental.

“La première raison est que nous sommes dans une période où l’environnement est favorable à une contamination à grande échelle. Nous pensons que c’est lié à l’environnement. Egalement quand il y a accalmie, les gestes barrières sont abandonnés. Vous avez vu quand les cas ont baissé, les gens ont pratiquement baissé les bras en abandonnant les gestes barrières. On ne doit pas oublier qu’il y a une reprise globale dans le monde. Actuellement, il y a des pays qui ont adopté des méthodes strictes pour contenir la maladie. Cest un ensemble de facteurs qui fait qu’il y a une remontée des cas mais les gens ne doivent pas s’alarmer car, en réalité, le nombre de cas n’est pas aussi extraordinaire que ça. Nous savons tous que cette maladie se transmet par le contact donc la meilleure façon d’éviter c’est de se protéger”, dit-il.

Le gestionnaire des incidents Covid-19 au Bureau régional de lOrganisation mondiale de la santé pour l’Afrique (AFRO), Dr. Thierno Baldé lors dun point de presse numérique animé le mardi 6 septembre 2022 sur la situation de la maladie à coronavirus dans les 47 pays de l’Afrique subsaharienne y compris lAlgérie estime que la vaccination viendra à bout de la maladie.

Selon lui, depuis quelques mois, l’Afrique connait globalement une tendance baissière par rapport au nombre de nouveaux cas de Covid-19. “A la date du 22 août 2022, la région africaine de l’OMS comptait plus de 12, 3 millions de cas confirmés, environ 256 000 décès, avec un taux de létalité de 2,1 % et un taux de guérison de 91 %”, affirme-t-il.

En outre, Dr. Baldé souligne que le vaccin a été un enjeu important pour l’Afrique car “l’essentiel des vaccins commandés était produit à l’extérieur du continent. Le taux de vaccination est faible dans beaucoup de pays africains même si la tendance baissière de la contamination à la Covid-19 est due à l’arrivée du vaccin. Dans des pays comme le Rwanda, le Botswana, les Seychelles le taux de vaccination a déjà atteint les 70 %. Mais dans dautres tel que le Mali, le taux de vaccination reste faible. Le Niger est placé en résurgence”.

En vue d’augmenter le taux de vaccination contre la Covid-19 sur le continent, le gestionnaire des incidents Covid-19 du Bureau Afrique de OMS déclare que des stratégies ont été développées par l’OMS en soutien aux différents pays basées sur l’engagement communautaire. “Des campagnes d’intensification de la vaccination sont organisées dans les pays en allant vers les populations surtout pendant des manifestations culturelles. Il y a eu la mobilisation de beaucoup de ressources additionnelles par l’OMS. Nous essayons de comprendre les causes de la résistance des populations à la vaccination afin de trouver des solutions à travers l’engagement de la communauté surtout les acteurs qui ont une influence sur la communauté”, ajoute-t-il.

Issa Diallo, agent chargé de vaccination croit savoir les raisons de la faible mobilisation des Maliens concernant la seconde dose du vaccin Pfizer : “Nous avons entamé la campagne pour cette deuxième et dernière phase du vaccin, mais force est de reconnaitre que la mobilisation reste morose. Les gens ne sont pas très enclins à se revacciner. La plupart pense qu’après l’inoculation de la première dose, qu’ils sont immunisés contre la maladie. Ce nest pas le cas. J’invite une fois de plus l’ensemble des Maliens à achever cette étape décisive dans la lutte contre la Covid-19. En termes de statistiques, pas plus de 10 personnes ne viennent. Nous devons continuer cette lutte pour gagner définitivement le combat contre cette maladie”.

Les efforts de l’OMS

Cela fait maintenant 1 an que le Mali recevait ses premières doses de vaccin contre la Covid-19 fourni par le Mécanisme Covax et lançait la vaccination avec ces donations.

A ce jour, plus dun million de personnes ont été complètement vaccinées et les efforts se poursuivent pour accroître l’adhésion à la vaccination afin datteindre une plus grande proportion de la population.

Depuis les premières livraisons, le pays a reçu 3 803 420 doses de vaccins anti-Covid-19, dont 2 803 420 à travers le mécanisme Covax et 1 million à travers les accords bilatéraux et les dons. En tout, 2 millions de doses ont été administrées et 10 % de la population cible âgée de 18 ans et plus et près de 5 % de la population générale a été entièrement vaccinée. La couverture vaccinale contre la covid-19 s’améliore et l’objectif fixé par le Ministère de la santé et ses partenaires est de couvrir 70 % de la population d’ici fin décembre, un taux réaliste et atteignable.

“Malgré les difficultés majeures liées à l’approvisionnement en vaccins, les autorités sanitaires du Mali ont consenti d’importants efforts pour encourager la vaccination contre la Covid-19 notamment en augmentant le nombre de sites de vaccinations, en sassurant d’une utilisation efficace des réserves disponibles, en mobilisant les communautés et en répondant aux doutes et à la désinformation”, salue le Dr. Jean Pierre Baptiste, représentant de lOMS au Mali. “L’OMS félicite le Mali pour ce qui a été accompli jusquà présent et continuera à soutenir le gouvernement et ses partenaires afin que ses objectifs soient atteints”.

Pour augmenter la demande, le pays a entrepris plusieurs activités. Ces efforts paient, avec désormais 1 899 019 doses de vaccins administrés, ce qui représente 49 % de l’ensemble des vaccins reçus depuis de début du déploiement. L’OMS renforce son appui pour généraliser l’adhésion à la vaccination contre la Covid-19, ce qui devrait limiter l’émergence de variants. Cet appui est effectué au même titre que le renforcement de la surveillance et des capacités de séquençage génomique, l’augmentation du dépistage pour faciliter la détection précoce et la riposte aux foyers de cas, et le maintien des efforts d’adhésion aux mesures sociales et de santé publique indispensable pour maîtriser la pandémie.

“Nous avons été en première ligne des efforts pour faire reculer cette pandémie et nous continuons de soutenir tous les efforts que les autorités nationales entreprennent pour lutter avec efficacité contre la Covid-19 et assurer la sécurité de la population”, clame Dr. Jean Pierre Baptiste, représentant de l’OMS au Mali.

La vaccination reste une arme puissante contre cette pandémie. L’OMS s’efforce, avec ses partenaires, de renforcer l’adhésion à la vaccination dans le pays. Jusquà présent, 961 186 personnes ont été entièrement vaccinées. Davantage defforts sont nécessaires pour atteindre une plus large partie de la population et la protéger du risque de maladie grave et de décès.

Jean Yves pour maliexpress.net

 

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