Migration irrégulière : Un monstre que le Mali et ses partenaires tentent d’endiguer

Le Mali demeure en Afrique de l’Ouest une plaque tournante des mouvements migratoires irréguliers. Les autorités maliennes et leurs partenaires ne cessent de fournir des efforts pour enrayer le phénomène, malgré les difficultés. 

La migration irrégulière est l’un des fléaux qui gangrènent la sous-région ouest-africaine. Elle prend de plus en plus de l’ampleur et semble trouver un terreau propice au Mali où elle reste complexe du fait que le pays est une zone de départ, de transit, mais aussi de retour de migrants. Aussi bien sur les routes migratoires au Mali que dans les différents centres d’accueil, et singulièrement à Bamako, il est légion de rencontrer différentes nationalités qui ont tenté ou tentent la traversée du désert du Sahara vers l’Afrique du Nord. Selon les données de l’Organisation Internationale de la Migration (OIM), « 88% des flux migratoires étaient internes à la région en 2021 ». 

Ce dynamisme des flux migratoires dans la région de l’Afrique de l’Ouest s’explique par la pression démographique, les besoins de trouver de meilleures opportunités économiques, les catastrophes naturelles et le changement climatique.  Aussi bien au Mali que dans la sous-région, « ces mouvements échappent aux contrôles frontaliers officiels, dû à des frontières larges ou des difficultés d’accès par les migrants à la documentation d’identité ou de voyage nécessaire ». 

Si malgré la dangerosité des routes, certains migrants bravent le désert et la Méditerranée au risque de perdre leurs vies ou de disparaître, force est de constater que d’autres rebroussent chemin.  Pour juguler le phénomène, il est primordial de développer l’engagement actif des entités étatiques au niveau technique et financier. La mise en œuvre de politiques migratoires sûres et humaines s’avère donc une priorité pour prévenir de nouveaux décès, assurer la libre circulation des migrants tout en protégeant leurs droits humains.  

« Entre 2017 et 2022, 29 056 migrants maliens ont pu être aidés à retourner chez eux en sécurité », a récemment publié l’OIM Mali dont les actions de sensibilisation ne font pas défaut. Dans son appui à l’Etat malien, l’OIM-Mali a mis en place un outil dénommé Mécanisme de Référencement National, « destiné à améliorer la qualité des services et de prises en charge des migrants vulnérables de retour ou bloqués sur le territoire malien ». « Cet outil permettra aux personnes de revenir pour être un atout au niveau de la société », a soutenu Pascal Reyntjens, Chef de Mission de OIM Mali, lors du lancement dudit outil. 

Il faut ajouter à cet outil le projet de la cartographie des acteurs pour une collecte « plus représentative, holistique et inclusive » des migrants décédés ou disparus, impliquant toutes les parties prenantes. « La collecte de données sur les migrants disparus s’avère nécessaire afin de documenter ces cas et d’y apporter des solutions », a expliqué Arthur Langouet, le 3 août dernier à Azalai Hôtel de Bamako, lors de l’atelier de validation de ladite cartographie rendue possible grâce au module du Projet Migrants Disparus, ajouté aux enquêtes des flux de l’OIM. 

La dynamique de coordination et de synergie d’actions entre le Mali et son partenaire de l’OIM s’est aussi traduite par la création du cadre régional de concertation sur la migration. Sans oublier le projet « Renforcer la protection des migrants en Afrique occidentale et centrale par une gouvernance consolidée des migrations au Mali et au Niger 2022 », financé par le Royaume du Danemark. Via ledit projet, les membres des organisations de la société civile et des structures étatiques au Mali intervenant dans le domaine de la migration sont formés sur les droits des migrants et le cadre de gouvernance de la migration au Mali. 

Appui aux migrants

La formation et l’appui au lancement d’activités économiques restent le nœud gordien de la réintégration des migrants de retour au Mali. Selon les statistiques, sur les 29 056 migrants maliens aidés à retourner chez eux en sécurité et dans la dignité, entre 2017 et 2022, 23 991 ont bénéficié de l’aide de l’OIM-Mali, « essentiellement dans le cadre de l’Initiative conjointe UE-OIM pour la protection et la réintégration des migrants en Afrique ». 

Ces actions se matérialisent par des formations des migrants en gestion simplifiée d’entreprise notamment dans les secteurs du commerce, de la quincaillerie, de la couture et de la soudure, mais aussi en maçonnerie, carrelage, plomberie et peinture et autres, assurées par l’OIM Mali et ses partenaires, qui dotent les bénéficiaires, soit de kits soit d’attestations de formations.

Cyril Adohoun pour Maliexpress.net

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