Longtemps tenue à distance du champ politique, la Religion, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, interfère dans le champ politique ces dernières années. Un retour rendu possible grâce à l’influence de certains leaders religieux. Ces derniers profitant de leur position religieuse le plus souvent pour ‘’marchander’’ leurs voix. Aujourd’hui, ils pèsent dans la balance électorale selon qu’ils décident de soutenir un camp contre un autre. Qu’en pensent les citoyens lambda de cette connexion Religion-politique ? Les commentaires vont bon train.
La question de que cherchent les Religieux dans le champ politique est sur toutes les lèvres ces derniers temps. La boîte à pandore est ouverte par le Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM) lors de son meeting du 10 février dernier où deux leaders religieux ont réussi à faire le plein du Stade du 26 Mars en mobilisant plus de 60.000 personnes en un seul coup. Depuis lors, Politiciens et Religieux jaugent leurs poids dans la balance. Et chacun y va de ses façons.
A partir de-là, se pose la question cruciale que cherche la Religion dans le champ politique. Politiques, leaders communautaires, jeunes se prononcent.
Daouda Poudiougou, Marabout : «Les leaders religieux doivent rester en dehors du champ politique. La connexion Religion-politique n’augure rien de bon pour l’Islam. C’est un dangereux précédent que créent les Leaders religieux au nom de leurs coreligionnaires. En ce que je sache, aucun problème ne s’est posé à la pratique de l’Islam. Que ce soit l’appel du Muezzin, lecture coranique et autres pratiques liées à l’Islam. A cet égard, rien ne justifie l’ingérence de la Religion dans la Politique. Que les gens sachent qu’il n’y a pas de problème politico-religieux ».
Seydou Kanambaye, Professeur d’Arabe : « L’Islam en train de faire une interférence dangereuse dans la politique. Ce qui est conseillé, c’est la politique constructive et non la politique politicienne que nous voyons actuellement. Les Religieux, au nom de leurs intérêts sordides, ont sacrifié l’Islam sur l’autel des politiciens. De part leur façon de faire, les Religieux ont rendu la vie dure aux citoyens. Ce qui jette le discrédit sur la religion musulmane. Il y a lieu de s’inquiéter pour la bonne marche de la Religion et, par ricochet, la société malienne toute entière. Il ne s’agit pas de dénoncer pour avoir gain de cause, mais de dénoncer par rapport aux recommandations d’Allah. Cela manque malheureusement à nos leaders religieux».
Laurent Sawadogo : «La Religion devait servir de tremplin à la politique. Nous vivons une ingérence dangereuse de la Religion sur la Politique. Les leaders religieux sont plutôt préoccupés par la Politique que de la Religion. Or, ils devaient servir de tremplin à la politique ; c’est-à-dire, intervenir dans le champ politique en cas de problème entre les Hommes politiques, pouvoir et opposition».
Abdramane Coulibaly, Universitaire: «Les politiciens ont commis une erreur monumentale. Les Politiciens ont été les premiers à démarcher les Religieux afin d’engranger plus de voix lors des élections. Les Religieux ont servi de fusibles aux Politiques lors des élections. Une fois cette étape réussie, ils ne sont pas parvenus à se débarrasser d’eux ; d’où le problème. Le mal étant connu, le remède manque. Ce à quoi nous assistons actuellement n’a rien de normal, c’est le laisser aller total. Bien que dépassés par la situation, les Politiciens cherchent à se débarrasser d’eux maintenant. Mais comment ? Pour moi, l’erreur est venue du politique qui a accordé trop de poids aux Religieux ; car, ils les ont démarchés en premier lieu. Aujourd’hui, ils cherchent à se débarrasser d’eux, mais n’y parviennent pas. Dans tous les cas, nous assistons à des dangers sans précédent».
Dr Modibo Soumaré, Président de l’URP, voit également de l’ingérence des Religieux dans le champ politique. Il l’a dit lors d’une conférence de presse organisée dans le cadre de ses activités.
Djénéba Kassogué, Communicatrice : «Pour moi, Religion et Politique se complètent, mais tel n’est pas le cas aujourd’hui. La recherche effrénée du gain facile a compliqué les choses. La Religion a perdu de son sens premier pour occuper le champ politique. Cela a créé le désagrément que nous connaissons aujourd’hui. La responsabilité est partagée entre Politiciens et Religieux».
Anonyme: «La Religion va à la dérive chez nous par la faute de ses leaders. Nous vivons les conséquences de ces derniers».
A.M.C pour maliexpress.net