Situation économique du Mali : « Aujourd’hui, notre pays est dans une très mauvaise direction », dixit Moussa Mara, ancien Premier Ministre

En marge de la présentation de son livre, « Pour un Mali meilleur », le jeudi 25 août 2022 à la Faculté des Sciences Administratives et Politiques de Bamako (FSAP), l’ancien Premier Ministre du Mali, Moussa Mara, a attiré l’attention des autorités actuelles maliennes sur la question financière du Mali. Cet expert comptable, connu sur la scène politique de notre pays, pense que la question de la dette doit interpeller les tenants du pouvoir. « Aujourd’hui, notre pays est dans une très mauvaise direction. Nous sommes tellement endettés que nous sommes en train de prendre de la dette pour rembourser la dette. En jargon économique, ça c’est le signe de la faillite », a expliqué Moussa Mara.

La question de la dette est une grande préoccupation pour l’ancien maire de la commune IV du district de Bamako. Sur ce sujet, Moussa Mara a, sans langue de bois, affirmé sa pensée sur la conduite des affaires économiques de notre pays. « Aujourd’hui, notre pays est dans une très mauvaise direction. La très mauvaise direction a été prise sous IBK et elle est en train d’être poursuivie par les autorités de transition sans aucune question sur là où nous sommes en train d’aller. Nous sommes en train de nous mettre la corde au cou », a averti Moussa Mara.

Il a aussi rappelé que le Mali a bénéficié de l’effacement de sa dette en 2001 à hauteur de 80%. Ensuite, dit-il, le pays a recommencé à s’endetter  avec une vitesse d’accélération. « Plus nous avons des problèmes, plus nous nous endettons. L’endettement est une solution facile. C’est un peu comme une famille : vous avez des problèmes de revenus, au lieu de chercher à augmenter ce que vous gagnez, vous allez à la banque pour qu’elle vous prête de l’argent. Pour la banque, il n’ y a pas de problème sauf que vous allez rembourser cet argent. Si nous comptons sur l’annulation, on va s’endetter  et à un moment, ils vont effacer. Cette fois-ci c’est différent », a expliqué Moussa Mara.

Aux dires du leader du parti YELEMA (changement), de l’indépendance du Mali jusqu’à 2002, le Mali n’était pas  endetté vis-à-vis des pays et des institutions internationales (Banque mondiale, Union monétaire, et autres). Il a exprimé le regret de voir qu’aujourd’hui, le Mali soit endetté vis-à-vis du marché. « Le marché, ce n’est pas autre chose, c’est nous tous parce que nous mettons notre argent dans les banques. Ce sont les banques qui sont en train de prêter de l’argent au Mali. Donc, cette fois-ci, il n’y aura pas d’annulation. Aujourd’hui, nous sommes tellement endettés que nous sommes en train de prendre de la dette pour rembourser la dette. En jargon économique, ça c’est le signe de la faillite. Quand une entreprise commence à faire ça, on ferme. S’endetter pour rembourser la dette, c’est la faillite. Mais comme nous sommes un Etat, les gens continuent à nous donner de l’argent », a déclaré Moussa Mara.

Pour l’ancien Premier Ministre, le remboursement de la dette est important. A l’en croire, le remboursement de la dette est devenu la première poche du budget de l’Etat malien en 2021. Cet ancien député de la commune IV a fait savoir que le pays injecte aujourd’hui plus d’argent dans le remboursement de la dette que dans l’éducation. « L’éducation, c’était notre première poche :700 milliards. Le remboursement de la dette est devenu supérieur au budget de l’éducation.  Je vous donne l’exemple : des 200 milliards que nous avons pris la semaine dernière, le taux d’intérêt est de 6%. Chaque année, avant même le remboursement de la dette, ce sont 12 milliards que nous payons en intérêt. 12 milliards, c’est plus de 3 ou 4 universités. On a créé l’université de Sikasso. Les 12 milliards pouvaient rendre opérationnelles au moins deux universités. Les 12 milliards, nous les payons en intérêt chaque année, pas en capital, et nous allons payer les 200 milliards. Donc, nous sommes en train d’aller droit dans le mur financièrement », a-t-il affirmé.

Dans ses propos, le plus jeune ancien Premier Ministre de l’histoire du Mali dira ce qui suit : « La situation financière est catastrophique. Ce n’est pas être contre la transition, c’est une réalité. Et cela a commencé sous la période IBK. Dans la période IBK, on a commencé à avoir des problèmes avec les banques et des problèmes de gouvernance, de corruption. Les partenaires ont commencé à se retirer depuis cette période.»

Sidiki Dembélé

SourceLerepublicainmali

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