Avec l’argent volé au peuple malien : Les milliardaires des régimes AOK- ATT- IBK constituent une menace pour la démocratie malienne

Arrivés au pouvoir en 1992 sans caisse, ni sous, les pseudo- démocrates, qui se sont succédé au pouvoir, ont mis en place des mécanismes d’enrichissement illicite et rapide en faisant fortune sur les richesses nationales. Et pour échapper à la justice, ils ont élaboré des textes qui leur permettent de vivre dans l’impunité la plus totale. Aujourd’hui, plus qu’hier, ils manœuvrent dans les eaux troubles pour faire échec au changement souhaité par le peuple malien. Il serait bon de faire l’état de la nation pour mettre hors d’état de nuire cette race de voleurs, sinon, elle va toujours constituer une menace pour la démocratie malienne.

La démocratie a fabriqué des cadres ou intellectuels du parti de la ruche des milliardaires venus au pouvoir sans sous ni caisse. Quand on prend la liste des ministres des gouvernements successifs et les présidents successifs des institutions du pays, on sait qui sont les voleurs du patrimoine national et qui sont ceux qui ont détourné les fonds publics. C’est patent après le passage de tel ou tel cadre à la tête d’une telle structure étatique, d’un département ministériel ou d’une institution. Concernant les maisons, immeubles, il suffit de consulter les archives aux Domaines (section cadastres et plans) pour connaître le propriétaire du titre foncier ou de la maison. Ainsi, deux (02) personnalités, tous anciens ministres de notre pays, défraient la chronique dans la possession de bâtiments et immeubles à Bamako. Elles sont toutes deux (02) multimilliardaires.

Comment les démocrates ont bafoué la démocratie pour s’enrichir

Le tableau de la situation politique actuelle est ambigu. Sa compréhension n’est pas aisée par l’homme de la rue. 80% de la population malienne ne sait ni lire, ni écrire, ni calculer, un bon indice  pour manipuler le peuple. Le pouvoir de l’ADEMA (présidence d’Alpha Oumar Konaré 1992-2002) a permis la mutation de bon nombre de cadres en gros bourgeois et dont la fortune a été bâtie à travers l’appareil d’État. Les traits caractéristiques de cette mutation sont, outre que la gestion des affaires sous le régime Konaré a ouvert et rendu le pouvoir accessible à un éventail large et diversifié des différents secteurs maliens, mais il faut ajouter que les principales reformes économiques initiées et réalisées sous Alpha Oumar Konaré ont bénéficié principalement à des acteurs politiques, intellectuels, cadres et non à des opérateurs économiques.

Une mutation sociale s’est opérée. Les politiciens qui sont censés arbitrer les conflits entre les opérateurs économiques sont devenus eux-mêmes les opérateurs économiques dans certaines  entreprises et sociétés reformées. À partir de 1998, vingt et un (21) milliardaires étaient   épinglés par un rapport de la Banque mondiale dont seize (16) cadres de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ). Au contraire de son prédécesseur, le général Amadou Toumani Touré (ATT), qui avait une conception restrictive de la gestion, n’a pas manqué de suivre Alpha dans sa ‘‘production de milliardaires’’ (cession de la SOTELMA 180 milliards de F CFA).

La gestion d’ATT, à partir de 2002, menaçait  l’opulence de certains secteurs de la bourgeoisie adémiste et autres partis politiques ayant géré le pays avec Alpha Oumar Konaré (Cf. Partis signataires du pacte républicain (PSPR) et autres). La gestion d’ATT était clanique. D’où le titre d’un ouvrage intitulé «ATTcratie, la promotion d’un homme et son clan». Son effet essentiel a été de provoquer le dégraissement économique et social des secteurs de la bourgeoisie, du régime Konaréen.

En revanche, on a vu des nouveaux riches, très repus et gavés qui ont fait leur apparition. Se référent aux rapports du Bureau du Vérificateur général (12), on dénombre 100 personnalités milliardaires au Mali, qui aujourd’hui sont une menace pour la bonne gouvernance et le respect des textes fondamentaux.

À titre d’exemple, le régime ADEMA avait comme opérateur économique Bakoré Sylla (paix à son âme), patron du Grand Grenier du Bonheur (GGB). Pour le régime d’ATT, candidat indépendant élu, en 2002, il a créé l’opérateur Modibo Keïta et porté son choix sur certains Diawambé.

Quant au régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), il a mis les membres de sa famille au devant des affaires. Ils se sont mués en affairistes pour mettre sur le marché le patrimoine national. Peuple souverain du Mali, l’heure est grave ! Notre pays a été dépouillé de tous ses biens par des dirigeants prédateurs.

Comment les nouveaux princes se sont enrichis ?

S’il y a eu plus de bourgeois parasitaires sous Alpha Oumar Konaré par rapport à l’époque du général Moussa Traoré (paix à son âme), l’explication se trouve dans l’évolution du régime économique du pays. Le président Konaré a bénéficié de subventions et d’aides plus importantes que son prédécesseur, le Général Moussa Traoré (GMT).  Non pas qu’il  démocrate, mais parce que c’est sous Alpha Oumar Konaré que les bases politico- juridiques de toutes les privatisations ont été posées.

À titre de rappel, la privatisation a commencé au Mali avec la mise en œuvre du Programme de reforme des entreprises publiques (PASEP). Ce programme qui a couvert trente-cinq (35) entreprises est arrivé à terme, en 1992. Une loi, N°41 du 22 février 1994, fixant les principes fondamentaux de la privatisation des entreprises du secteur public a été votée. Puis l’Ordonnance, N°00-67 du 29 février 2000, a crée la Direction générale de l’administration des biens de l’État (DGAB). En 2001, le décret, N°026 du 02 janvier, fut pris et fixe les modalités de liquidation des EPIC et sociétés d’État.

Si on prend la loi N°41 du 22 février 1994, outre qu’elle ne s’applique pas à la délégation globale de gestion (la technique de la concession et de l’affermage que l’ADEMA a inventée sans taxe), mais pire les offres et leurs conditions étaient faites n’importe comment ! Pire encore, la possibilité était donnée à une autorité d’attribuer un marché sur la base de gré à gré alors même que cette autorité n’est pas précisée ?

Mais il y a plus grave. Le compte Ad hoc que cette loi impose comme préalable aux privatisations n’a jamais existé. Pourquoi ? Plus grave encore, le décret d’application de la même loi n’a jamais vu le jour. Pourquoi ? Et pour quelle raison ? Il s’est constitué sur cette base des bourgeois rentiers. Des gens qui au départ n’avaient  ni caisse ni sous. Des gens qui n’avaient que pantalon et chemise.

Aujourd’hui, on en voit  dont les moustaches et les cheveux sont blanchis par la délinquance financière. C’était une partie de ces secteurs de la bourgeoisie qui était menacée par la gestion d’Amadou Toumani Touré (ATT) qui avait promis pendant sa campagne de nettoyer les écuries d’Augias «Si tu bouffes, tu payes». Mais hélas ! Les propos de Dioncounda Traoré sont assez révélateurs ‘‘Si l’ADEMA ne soutient pas ATT, nous aurons à faire avec la gendarmerie’’. À la fois, ils expriment les dix années de gabegie de l’ADEMA-PASJ (1992-2002) à l’époque, mais aussi la crainte d’être poursuivis.  Ce n’est pas en chantant l’hymne national du Mali que les problèmes seront réglés. L’enjeu des problèmes posés va au-delà.

L’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) qui a remporté les premières élections générales de 1992 sans difficulté, n’avait nullement besoin de gouverner avec Samba ou Demba. Cependant, si Alpha Oumar Konaré a géré le pays avec les autres, c’est parce qu’il savait que ces élections n’étaient pas fiables et pour ne pas être renversé, en 1993, tout comme en 1997, il ouvre son régime aux intellectuels affairistes. Ces faits sont là, Alpha a pris le pouvoir dans des conditions très ambigües. La gauche de l’ADEMA-PASJ a été vaincue par les affairistes sans foi ni loi. Et finalement, tous ceux qui n’avaient aucune conviction de gauche établie se sont bien enrichis (surfacturation, décombres des privatisations, trafic d’influence, etc.). C’est exactement aujourd’hui ce que nous voyons aujourd’hui.

Source: L’Inter de Bamako

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