IBK s’en va : Sur fond de rupture entre ses deux familles

Après les nombreuses fausses annonces et autres oiseaux de mauvais augure, la loi de la finitude a fini par s’imposer à l’ancien président de la République, IBK, près de 15 mois jour pour jour après son éviction du pouvoir par l’armée à qui il pensait avoir suffisamment donné pour s’épargner une surprise aussi dramatique et cauchemardesque.

La nouvelle de son extinction est tombée tôt dans la matinée du dimanche 16 janvier et aurait probablement provoqué davantage plus de stupéfaction dans l’opinion si celle-ci n’y avait été préparée par les alertes et ébruitements sur son état de santé, ses innombrables séjours sanitaires à l’étranger, etc. Sa disparition aura été néanmoins accueillie par une vague de tristesses et de consternations à la dimension de sa dignité et empreintes d’homme d’Etat : ambassadeur, ministre, Premier ministre, député, président de l’assemblée nationale et un double quinquennat de présidence interrompu par son renversement le 18 août 2020. De l’Adema-PASJ, son parti d’origine, au RPM, le parti qu’il a fondé, en passant par d’autres partenaires et composantes de la classe politique malienne, toute une salve de témoignages a envahi les tribunes et espaces publics à la mémoire de l’illustre disparu et en guise de reconnaissances de son parcours d’homme public. Les autorités de Transition, ses tombeurs, n’ont pas été en reste.

En plus d’avoir mérité un deuil de 3 jours décrété pour la circonstance, l’ancien Chef suprême des armées aura droit à des obsèques nationales dignes de son rang quoique d’une modestie en deçà d’un homme qui a toujours vu les choses en grand de son vivant. En l’absence du président de la Transition et de toute personnalité étrangère, le décor funéraire était étrangement surplombé par un personnage en froid avec la famille du défunt à cause de sa partition dans la chute du régime, l’actuel Premier ministre. C’est sous l’égide de Choguel Maïga, en effet, qu’ont été déroulés les différents actes d’un adieu national essentiellement rythmé par l’oraison funèbre du cadet des fils du défunt.

La victimisation jusqu’où bout

Boubacar KEÏTA, il s’agit de lui, s’est illustré par un speech beaucoup moins émouvant que déclamatoire où l’expression de reconnaissances le dispute au réquisitoire. Non pas du défunt père – dont les qualités morales et l’étoffe d’intellectuel ont été magnifiés au point de faire ombrage à ses traits et faits d’homme d’Etat habilement esquivés – mais plutôt du cercle de concitoyens à l’endroit duquel l’illustre défunt, selon le témoignage de son fils, n’éprouvait ni amertume ni rancoeur lors son voyage sans retour. L’allusion aux circonstances de sa déchéance est nette et ravive en filigrane la vieille rengaine de victimisation qui accompagne finalement jusqu’à a sa dernière demeure un personnage présenté comme plus irréprochable que blâmable alors même qu’on ne gouverne pas innocemment.

Le RPM sous le boisseau

La famille du défunt n’en a guère fait les frais moins que les autres, pour n’avoir eu droit au moindre clin d’œil après avoir pourtant maintes fois porté à bout de bras les ambitions politiques d’IBK jusqu’à son ultime sacre politique. La rupture entre ses héritiers biologiques et politiques est visiblement passée par là. En tout cas, il ne parait pas superflu de s’interroger jusqu’où la famille biologique d’IBK en veut-elle au RPM, taxé par d’aucuns de n’avoir suffisamment joué sa partition lors de la lutte du M5-RFP. Et mot n’a été pipé sur les camarades politiques du défunt ni dans le témoignage lu par la petite-fille du défunt, Aminata Jeanne Keita, ni dans l’oraison funèbre de son fils. Il s’agit d’une omission apparemment intentionnelle car le parti d’IBK a été passé sous le boisseau également dans le propos de ceux qui y ont eu droit à l’intervention sans être de la même famille politique. Il s’agit de Baba Hakib Haïdara, d’Amadou Koita, et de Kassoum Tapo.

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Obsèques du président fondateur : Comble d’absences intrigantes

Le Mali a rendu, vendredi dernier, un ultime hommage à l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, décédé le 16 janvier, à 76 ans, des suites d’une crise cardiaque, un an et demi après avoir été renversé par les militaires. Après avoir décrété un deuil national de trois jours, la junte militaire a honoré sa mémoire d’obsèques dignes de son rang.

C’était sous la présidence du Premier ministre de la Transition, Choguel Kokalla Maïga, l’un des instigateurs et têtes pensantes de la fronde ayant eu raison du régime de celui qui repose désormais dans sa résidence privée de Sébénicoro. C’était en présence de nombreuses personnalités, dont l’ancien président par intérim Dioncounda Traoré, d’anciens Premiers ministres et ministres, de dignitaires religieux et des diplomates.

La cérémonie aura toutefois été marquée par des défections intrigantes, quoiqu’imputables en partie à l’isolement croissant du pays. Seule la Guinée Conakry, partenaire privilégié de la junte malienne face aux pressions internationales, a dépêché son ministre des Affaires étrangères Morissanda Kouyaté, tandis qu’ont brillé les délégations des organisations sous régionales. Aucun président en exercice n’a daigné déroger à l’embargo, en dépit du rapport personnel qu’ils entretenaient avec l’illustre disparu. Et ce n’est pas tout.

Sur le plan national, on a pu constater l’absence de figures comme l’Imam Dicko et l’ancien président Alpha Oumar Konaré, éternel absent aux cérémonies du genre. Autre absent à la cérémonie et bons des moindres, Karim Keïta, fils aîné de l’ancien président sous le coup d’un mandat d’arrêt pour sa présumée implication dans l’assassinat du journaliste Birama Touré. Réfugié en Côte d’Ivoire, il est revenu à son frère cadet, Boubacar Keita, selon des sources concordantes, de jouer le rôle de conseiller spécial de leur père, lequel l’aurait chargé en même temps de lire l’oraison funèbre.

Source: Le Témoin

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