Grève dans les hôpitaux : le mot d’ordre bien suivi
Les travailleurs des centres hospitalo-universitaires (CHU) de Bamako et de Kati, à l’exception de ceux de l’Hôpital du Mali, observent une grève, depuis le lundi, pour réclamer l’amélioration de leurs conditions de travail. Si rien n’est fait rapidement pour trouver un terrain d’entente, le débrayage continuera jusqu’au 8 mars prochain. Les revendications tournent autour de 12 points regroupés en trois axes majeurs : la sécurisation du personnel dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, le respect des engagements pris et l’avènement d’une bonne gouvernance hospitalière ainsi que l’amélioration des conditions d’accueil, de soins, d’hospitalisation et du plateau technique.
Les syndicats des différents hôpitaux exigent de rendre effectives les mesures de sécurité et de motivation du personnel dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, de mettre le personnel bi-appartenant (des enseignants qui émargent au ministère de l’Enseignement supérieur et qui bénéficient des émoluments dans les hôpitaux pour leur participation aux activités hospitalières) dans ses droits. Ils demandent aussi de parachever le processus d’intégration dans la Fonction publique de l’État du personnel contractuel dont les dossiers ont déjà été traités, en tenant compte de leur nouvelle situation administrative et en régularisant la situation de ceux déjà intégrés. L’effectivité de la prise en charge gratuite des soins médicaux et du médicament pour le personnel socio-sanitaire assujetti à l’Assurance maladie obligatoire (Amo), l’amélioration des conditions de travail dans les CHU et le relèvement des plateaux techniques en tenant compte des nouveaux défis sanitaires font aussi partie des revendications.
En outre, les syndicalistes réclament le remboursement intégral des primes de fonction spéciale prélevées et leur augmentation substantielle ainsi que celles de garde et de monture, la révision du plan de formation et de carrière des agents et une gestion efficiente et consensuelle des ressources allouées aux services de santé. Enfin, ils exigent l’application du décret concernant les actes personnalisés dans les structures publiques. À l’hôpital Gabriel Touré, le mot d’ordre de grève est bien suivi. Dans la cour de l’établissement, ce n’était pas la grande affluence. Au bureau des entrées, les chaises étaient vides, faute de patients. On pouvait aisément garer sa voiture au parking qui d’ordinaire manque de places.
Le secrétaire général adjoint du comité syndical de l’établissement, Djimé Kanté, a indiqué que la grève est suivie depuis le premier jour par les travailleurs de l’hôpital. Mais, il s’est empressé de préciser que le service minimum est assuré dans toutes les unités, avant de déplorer ce qu’il appelle le mépris des autorités face aux doléances. Les négociations ont repris, hier, mais en cas de non conciliation, la grève s’étendra à l’ensemble du pays, a laissé croire le syndicaliste.
Même constat à l’hôpital du Point G. Le secrétaire administratif du syndicat de cet établissement, Dr Drissa Koné, dira que le mot d’ordre n’a pas été suivi au premier jour.
« Mais le syndicat a repris les choses en main et la grève est bien observée maintenant», a-t-il martelé. Au passage de notre équipe de reportage, on pouvait constater moins de mouvements des malades et du personnel. Ces perturbations ont même occasionné le report du conseil d’administration de l’établissement qui devait se tenir hier. Le directeur général adjoint, Dr Bréhima Diallo, a confirmé cette information.
Les travailleurs de l’hôpital de Kati et de l’Hôpital de dermatologie de Bamako suivent aussi le mouvement de grève. Joint au téléphone, le chef de service d’urologie du CHU de Kati, Dr Amadou Kassogué, a expliqué que ses bureaux sont restés fermés. Les consultations ne reprendront qu’après la levée du mot d’ordre. Ce bi-appartenant est concerné au premier plan.
À l’Hôpital du Mali, certes Dr Coulibaly Kalifa ne consultait pas, mais le travail se faisait normalement. Toutes les unités étaient ouvertes et les médecins présents. Cette situation s’explique par le fait que le comité syndical de cet hôpital n’est pas signataire du préavis de grève, a laissé entendre le surveillant général de l’établissement, Dr Bakary Dembélé.
Source : l’Essor