Gouvernement de Transition : Négligences coupables à proscrire

Si en temps normal, gouverner c’est prévoir, pour un gouvernement de transition, dans un contexte de crise multidimensionnelle, la gestion des affaires publiques doit être dans l’anticipation permanente.

Ceux qui ont le privilège de nous gouverner ont une lourde responsabilité d’agir constamment en bonus pater familias (bon père de famille). Ils doivent s’évertuer à déployer tous les efforts pour assumer les missions que l’Etat leur confie afin de parvenir à satisfaire le plus grand nombre de citoyens. C’est pour cela que de conséquents avantages et rémunérations leur sont accordés. Ils ne doivent donc pas faire preuve de légèretés susceptibles de perturber le bien-être des populations. Tel est le cas de la récente grève de la plus grande centrale syndicale du pays.

En effet, la grève de la semaine dernière de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) traduit, à n’en point douter, une grave négligence à imputer au gouvernement Moctar Ouane (démissionnaire). Il est incompréhensible que le Premier ministre et son ministre du Travail et de la Fonction publique aient pu réceptionner un préavis de grève de l’UNTM depuis plusieurs semaines et n’aient point pris les dispositions pour désamorcer ce projet d’arrêt de travail. Quelles que soient les priorités du plan d’actions gouvernemental, à partir du dépôt d’un préavis de grève, le 5 février, le chef du gouvernement, Moctar Ouane, son ministre du Travail et son collègue de l’Economie et des Finances avaient principalement la lourde responsabilité historique de tout mettre en œuvre pour ne serait-ce qu’amorcer un début de négociation. Et le plus tôt devrait être le mieux. Et tout cela devrait se  faire avec les instructions fermes et diligentes du président de la Transition, Bah N’Daw, qui doit travailler en véritable de chef d’orchestre afin de relever les nombreux défis du moment.

Ces plus hautes autorités directement concernées par cette menace de grève n’ont rien pu faire, laissant le temps passer jusqu’au mois de mai, avant de relancer la machine de la commission de conciliation.

Pire, c’est sur ces entrefaites que le président de la Transition a choisi de dissoudre le gouvernement, alors qu’une première rencontre venait d’avoir lieu avec la partie gouvernementale et les représentants de la centrale syndicale, en présence du Patronat. Comment comprendre que ceux qui dirigent le pays puissent agir avec autant de légèreté coupable ? Comment peuvent-ils autant  banaliser le principe de la continuité du service public, pour dissoudre un gouvernement en pleine négociation pour désamorcer un préavis de grève ? Surtout que cette grève allait paralyser le pays. Bah N’Daw et Moctar Ouane ont-ils oublié qu’une journée d’arrêt de travail fait perdre au pays 5 à 10 milliards F CFA, dans un pays en guerre et dont les défis sont colossaux ? Les 5 jours de grève devraient générer une perte de 25 à 50 milliards au minimum pour un Etat du Mali, dont l’économie est exsangue et où tout est prioritaire. Comment comprendre que la décision de dissolution du gouvernement, du vendredi 14 mai, n’ait pas été murement réfléchie, pour en mesurer toutes les conséquences ? Surtout que cette démission n’a eu finalement que pour mérite du moment que de congédier tous les ministres, puisque le Premier ministre a été reconduit juste après la remise de sa lettre de démission au chef de l’Etat. Quelle urgence avait cet acte, quand on sait que jusqu’à ce jour et à cette heure, où nous écrivons cet article (dimanche 23 mai à 16 heures), le nouvel attelage gouvernemental n’est pas encore constitué. Pourquoi Bah N’Daw et Moctar Ouane ont décidé de limoger l’équipe gouvernementale sans que les consultations pour la formation du « gouvernement de large ouverture » n’aient été circonscrites ? La preuve, l’on assiste depuis plusieurs jours à de véritables pourparlers ou plaidoyers pour que le mouvement M5-RFP intègre cette équipe, apparemment sans succès. Quel gâchis ? Quel amateurisme !

Sous d’autres cieux, ces fautes lourdes des plus hauts dirigeants du pays ne devraient pas rester impunies. Elles doivent au moins être définitivement évitées dans l’avenir. Au risque de mettre en péril l’existence même de notre Etat.

Source : maliweb.net

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