G5-SAHEL: La dissolution envisagée par la Mauritanie et le Tchad
Dans un communiqué conjoint, le président mauritanien Mouhamed Ould Cheikh el-Ghazouani, et le président de la Transition au Tchad, Mahamat Idriss Deby Itno, ont exprimé leur intention de prendre toutes les mesures nécessaires pour dissoudre le G5-Sahel. Cette décision fait suite au retrait annoncé il y a moins de deux semaines du Burkina Faso et du Niger, ne laissant plus que la Mauritanie et le Tchad comme membres de cette organisation.
La création du G5-Sahel en 2014 puis le lancement de sa force militaire en 2017 a suscité beaucoup d’enthousiasme pour les populations de ces cinq pays, à savoir : le Mali, le Burkina Faso, le Tchad et la Mauritanie. Mais au fil des années, cette organisation n’a pas bougé d’un iota dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans ces cinq Etats du Sahel.
Neuf ans après sa création, le G5-Sahel demeure toujours l’ombre de lui-même : des Etats, aux armées sous-équipées et au manque de financement pérenne. Ces handicaps ont fait que les opérations conjointes sont restées peu nombreuses et la situation sécuritaire au Sahel n’a cessé de se dégrader.
Depuis la mort brutale d’Idriss Deby et le retrait le 15 mai 2022 du Mali de toutes les instances et organes de cette coalition de lutte contre le terrorisme, cette organisation est passée du stade de mort cérébrale de facto à une disparition totale.
Dans un communiqué commun qui a pris effet le 29 novembre le Burkina et le Niger ont décidé en toute souveraineté de se retirer de l’ensemble des instances et organes du G5-Sahel, y compris sa force conjointe.
Ouagadougou et Niamey ont précisé que l’organisation peine à atteindre les objectifs pour lesquels elle a été créée et que les ambitions légitimes des Etats, à faire de l’espace du G5-Sahel une zone de sécurité et de développement sont contrariées par des lourdeurs institutionnelles, des pesanteurs d’un autre âge qui achèvent de convaincre que la voie de l’indépendance et de la dignité sur laquelle ces pays sont aujourd’hui engagés, est contraire à la participation au G5-Sahel dans sa forme actuelle.
La Mauritanie et le Tchad, dans un autre communiqué conjoint, ont pris acte du retrait du Burkina Faso et du Niger et ont exprimé leur volonté de poursuivre leurs efforts avec tous les pays du Sahel pour relever les défis auxquels la région est confrontée.
Cependant, dans le même ledit communiqué ils (Mauritanie et le Tchad) ont également indiqué leur intention de prendre toutes les mesures nécessaires pour dissoudre le G5-Sahel, conformément à l’article 20 de sa Convention de création qui stipule que le G5-Sahel peut être dissous à la demande d’au moins trois États membres, et que la dissolution doit être prononcée par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement à la majorité des Etats membres. Cette conférence devra également décider des modalités de transfert des biens de l’organisation.
Avec la création de l’Alliance des Etats du Sahel, le G5 Sahel pourrait-elle survivre ? Analystes et experts en sécurité affirment d’ores et déjà qu’avec l’Alliance des trois pays, le G5-Sahel n’a et n’aura aucune chance de survivre.
« La naissance de l’AES marque la fin du G5-Sahel. Déjà, il était mort depuis un bon bout de temps. Depuis que le Mali s’en était retiré, il n’y avait plus de continuité géographique. Maintenant, avec l’Alliance, il est sûr et certain que le G5-Sahel ne pourra pas survivre », analyse Dr. Alpha Alhadi Koïna, géopolitologue et expert des groupes extrémistes au Sahel.
Source : Mali Tribune