France: polémique après les propos d’un député RN sur la binationalité de Vallaud-Belkacem

France: polémique après les propos d’un député RN sur la binationalité de Vallaud-Belkacem

Le député sortant du Rassemblement national Roger Chudeau a estimé jeudi 27 juin sur « BFMTV » qu’un membre du gouvernement ne pouvait pas être binational car cela posait un « problème de double loyauté », prenant l’exemple de l’ancienne ministre de l’Éducation Najat Vallaud-Belkacem dont la nomination fut « une erreur ». Des propos qui suscitent une vive polémique.

C’est une nouvelle polémique dont se serait bien passé le Rassemblement national à deux jours du premier tour des législatives. Après les propos critiqués de Marine Le Pen sur le titre « honorifique » de chef des armées, un député sortant de son parti d’extrême droite a estimé jeudi 27 juin 2024 sur BFMTV que la binationalité de Najat Vallaud-Belkacem a posé un « problème de double loyauté », lorsqu’elle a été ministre de l’Éducation entre 2014 et 2017.

Roger Chudeau était interrogé sur les emplois que le RN interdirait aux citoyens titulaires d’une double nationalité en cas d’accession au pouvoir. C’est alors qu’il a évoqué les emplois ministériels, en citant un « exemple précis » : « Najat Vallaud-Belkacem, franco-marocaine, qu’a-t-elle fait ? Elle a détruit le collège public et surtout elle a voulu instituer au CP des cours d’arabe », a-t-il lancé.

« Elle disait elle-même qu’elle était une sorte de passerelle, de pont, entre le Maroc et la France. Elle le revendiquait comme une qualité », a-t-il ajouté. Toujours selon lui, sa nomination a été « une erreur, et pas une bonne chose pour la République ». Le député sortant a réclamé des « postes ministériels » qui « doivent être détenus par des franco-français, point final ».

« La honte »
Ses propos interviennent après que le RN a fait part en début de semaine de son souhait d’« empêcher » les personnes avec une double nationalité d’occuper « des emplois extrêmement sensibles » dont la liste sera définie « par décret ». Le patron du RN Jordan Bardella avait pris l’exemple d’un patron de centrale nucléaire et le député Sébastien Chenu avait évoqué des secteurs « notamment liés à la sécurité et à la défense ».

Sur le réseau social X, Roger Chudeau a tenté, ce jeudi matin, d’éteindre la polémique, estimant que sa position était « un avis strictement personnel » qui « n’engage nullement » son parti.

Cette sortie a suscité plusieurs réactions indignées, dont celle du député PS Boris Vallaud, époux de Najat Vallaud-Belkacem, qui a évoqué un « grossier mensonge. Grossier menteur ». « Elle est le meilleur de la République et vous en êtes la honte », a-t-il poursuivi.

Marine Le Pen « absolument pas d’accord »
Najat Vallaud-Belkacem a de son côté interpellé Emmanuel Macron sur la même plateforme : « Cautionnez-vous cela ? Sinon, vous savez ce qu’il vous reste à faire : vous engagez, à chaque fois que vous arriverez troisième, à vous désister en faveur du candidat qui respecte les valeurs de la République. » Plusieurs partis, comme les Écologistes ou le Parti communiste français, ont déjà annoncé que leurs candidats arrivés troisièmes se désisteraient au second tour pour faire barrage au RN.

Cette déclaration de Roger Chudeau suscite également la polémique au sein de son propre parti. Sur CNews, ce jeudi, Marine Le Pen a pris ses distances avec le député, ne se disant « absolument pas d’accord » avec lui. Elle a dénoncé « un avis qui lui est personnel mais qui est totalement contraire au projet du Rassemblement national ».

« J’ai renoncé à l’interdiction de la double nationalité il y a plusieurs années parce que je me suis rendu compte que cette mesure était profondément injuste. L’amour que l’on a pour son pays ne dépend pas du fait d’avoir ou de ne pas avoir une double nationalité », écrit-elle sur le réseau social X.

« Son avis n’est quand même pas interdit par nos lois »
Jean-Philippe Tanguy, député sortant du RN, a également évoqué « une erreur » sur TF1. « Je ne sais pas pourquoi Roger Chudeau a utilisé cet exemple. La proposition ne concerne pas du tout les ministres, les députés ou autres élus de la République, qui peuvent tout à faire avoir une binationalité », a-t-il commenté. « Son avis n’est quand même pas interdit par nos lois », a-t-il néanmoins nuancé.

La présidente sortante de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet a pour sa part estimé que « le vrai visage du RN est toujours là : un racisme décomplexé, un tri entre les Français ».

Quant à la patronne des députés écologistes Cyrielle Chatelain, elle a épinglé « toute la logique excluante et raciste du RN » qui « différencie les Français entre eux en fonction de leur origine, de leur lieu de naissance ».

Ouest-France

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