France – Mali : de la lune de miel au désenchantement

Finies les embrassades et accolades à l’entrée des villes reconquises par SERVAL et dont les clés ont été remises aux FaMA. Oublié l’accueil populaire à François HOLLANDE lors de son passage à Tombouctou ! Repos éternel à Damien BOITEUX, la première victime française lors de l’arrêt brusque à Konna de l’épopée des djihadistes. Repos éternel à tous les militaires français morts pour le Sahel !

C’était la belle époque des Dioncouda TRAORE et François Hollande !

Aujourd’hui, place au dépit amoureux franco-malien, au désenchantent total. Entre les deux, 8 années de guerre larvée, de guerre lasse, d’occupation du Centre du pays, d’actions françaises unilatérales contre les populations civiles à Bounty, à Indelimane et ailleurs.

Des manifestations grandioses contre la France au Mali, au Burkina et au Niger ont relayés le sentiment anti-français. Des drapeaux français ont été brûlés et des slogans antifrançais ont remplacé l’accueil et la ferveur qu’a rencontrés François Hollande au Mali et surtout à Tombouctou, le « héros de Tombouctou libérée ». Un quotidien français rapporte: « La parole bouillonne, l’heure est au lyrisme. La versatilité des masses dans cette partie du monde est connue, mais cette fois, le cri de remerciement est fort comme les souffrances des mois écoulés. Il y a des drapeaux, des slogans pour dire merci à la France, à François Hollande et aucun n’a besoin de se forcer pour exprimer sa reconnaissance d’être “libéré”, comme le reste de la population. »

BILAN FRANÇAIS AU SAHEL

Des chefs terroristes ont été arrêtés et annoncés soigneusement comme des opérations de com bien médiatisés. Ainsi a été annoncée la mort de Dadi OuldChouaïb, alias Abou Dardar, “l’un des cadres de l’EIGS”.Il y aussi l’élimination d’un cadre du groupe Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), adversaire de l’EIGS dans la zone, Baye Ag Bakabo, responsable du rapt et de la mort de deux journalistes français de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés à Kidal le 2 novembre 2013.

Le président Emmanuel MACRON salue un “nouveau succès majeur” dans la guerre menée au Sahel avec la mort de Adnan Abou Walid al-Sahraoui, chef du groupe djihadiste État islamique au Grand Sahara (EIGS).

La France a également confirmé la mort de Nasser Al Tergui Chef de la Katiba du Gourma du Rassemblement pour la Victoire de l’Islam et des Musulmans (RVIM) et 4 de ses compagnons dans deux frappes aériennes menées au nord-ouest de Gossi, une localité située dans la région de Tombouctou, dans le nord du Mali.

Selon une annonce qui a été faite par l’armée française ce mardi 21 décembre 2021, un membre influent de Daesh a été mis hors d’état de nuire. Il s’agit de Soumana Boura, l’un des chefs locaux de l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS). L’homme serait activement recherché depuis plusieurs mois. Il aurait été neutralisé par une frappe aérienne au Grand Sahara.Selon les confidences d’un responsable de l’armée française, Soumana Boura avait été l’une des personnes à l’origine, de l’assassinat des six ressortissants français dans le parc de Kouré le 9 août 2020.

NEGOCIER AVEC LES TERRORISTES ?

Faut-il négocier avec les groupes djihadistes qui contrôlent une partie des territoires du nord et du centre du Mali ? Longtemps taboue, la question ne fait désormais plus débat à Bamako, et l’exécutif malien a dû s’y résoudre. Mais un obstacle de taille se dresse face à lui : la France, qui refuse catégoriquement cette option, du moins officiellement. Quitte à la saboter ?

Il faut en effet, se poser la question essentielle : « pourquoi l’opération Serval, déclenchée en toute hâte en janvier 2013, a été remplacée par l’opération Barkhane ? Et que les missions de celle-ci sont différentes -du moins sur le papier-, la réalité du terrain n’ayant rien à voir aujourd’hui avec celle qui prévalait il y a huit ans ? »

Le désengagement français au Mali est réel selon un journal français : « Le départ des troupes de Barkhane de la base de Tombouctou, ultime étape du désengagement français dans le nord du Mali, marque un nouveau pas dans la volonté de Paris d’internationaliser l’effort militaire au Sahel. »

Ainsi un tweet de l’Etat-major français stipule : « Transfert ce jour à Tombouctou de l’emprise Barkhane aux FAMA. Après Kidal et Tessalit, une manœuvre parfaitement coordonnée avec nos partenaires maliens et qui marque la fin de l’adaptation du dispositif dans le Nord du Mali. »

Reste Gao, base arrière de Takouba et du G5 Sahel !

Qu’en est-il de l’annulation du séjour malien de Emmanuel Macron ? Un quotidien français analyse : « Prétextant le respect des mesures sanitaires, le Président n’ira pas à Gao pour le traditionnel dîner de Noël avec les soldats français. En réalité, il évite surtout une rencontre minée avec le colonel Goïta, chef de la junte malienne. »

Entre l’intervention de Serval et la mutation de Barkhane en Takouba, qu’est ce qui a changé ? Du côté de Paris, les échéances électorales et le discours de Ouaga y sont pour quelque chose. L’annulation unilatérale sine die du voyage et de la rencontre ASSIMI-MACRON augure-t-elle quelque chose de bon ? Les observateurs avisés pensent que Wagner est passé par là. L’éventuelle visite prochaine de Poutine à Bamako serait la goutte de trop pour Paris qui a réussi à faire condamner Wagner par les autorités européennes la semaine dernière.

VICTOIRE MALIENNE

Cette surchauffe intervient après le discours du Premier Ministre Choguel Kokalla MAIGA, à l’ONU qui affirme sans ambages : « nous sommes un Etat souverain et cela nous donne le droit de coopérer avec n’importe quel Etat dans l’intérêt de notre peuple. C’est notre seul objectif. »

La montée en puissance aérienne des FaMA est la nouvelle stratégie des autorités maliennes, suite au discours de Choguel Kokala MAIGA à l’ONU.

La visite éclair de Goodluck Jonathan, l’émissaire de la CEDEAO qui a eu un seul entretien avec Assimi GOITA, unique interlocuteur rencontré, constitue la preuve du revirement de l’institution régionale. Ce qui constitue un pas positif de plus, voire une certaine victoire du Mali. La CEDEAO entend se mettre au diapason des Autorités de la Transition malienne pour un calendrier raisonnable des élections présidentielles dont l’agenda sera remis le 31 janvier 2022, donc après les conclusions des Assises nationales de la Refondation qui donneront le terme final.

ET DEMAIN ?

Les Autorités de la Transition attendent les conclusions des Assises nationales de la Refondation pour fixer le calendrier électoral donc la prolongation de fait de la Transition. Ce qui n’est du goût ni de la CEDEAO, ni de la France encore moins de l’ONU. La Transition guinéenne qui n’a fixée encore de délais à sa transition est certainement scrutée. Les partis politiques maliens opposés aux ANR n’auront que leurs yeux pour pleurer à l’heure où le fondateur du SADI croupit en prison pour propos injurieux à l’endroit du chef de gouvernement.

La France et le Mali se regardent en chiens de faïence, chacun scrutant l’autre. Macron est volubile et Assimiest aphone. Les deux interlocuteurs s’entendront-ils ou laisseront-ils la place à un troisième partenaire qui prendra la mise ? Malgré les rodomontades de Paris, Bamako n’appelle pas à la rupture du dialogue. Sur la scène internationale, l’avenir du Sahel-et du Mali- se joue à pile ou face, en ce moment.

Source : Maliweb

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