Face aux difficultés que rencontrent ses assises : Choguel Maiga craque, plaide et lance des piques à tout-va
Au lendemain de la visite de la mission d’évaluation de l’envoyé spécial et médiateur de la CEDEAO, M. Goodluck Jonathan, le Premier ministre, Choguel K Maiga, a rencontré, le 9 septembre 2021, au CICB, le corps diplomatique et consulaire ainsi que les organisations internationales accréditées au Mali. Objectif : se conformer à l’engagement des autorités maliennes de maintenir et de renforcer le dialogue politique et la concertation permanente avec les partenaires. Engagé également dans un schéma de prorogation de la transition, le PM en a profité pour tenter d’arracher une caution à la communauté internationale et n’a pu se passer de régler ses comptes avec les composantes de l’ex majorité présidentielle opposées à toute idée de prorogation. Le PM n’a pas manqué au passage de tomber à bras raccourci sur la Cedeao
Des piques en direction de la classe politique et de la Cedeao
En digne héritier de l’ex dictateur Moussa Traoré, le PM Choguel a profité de cette tribune pour régler ses comptes avec les tombeurs de son mentor, notamment sur la question de l’organe unique. Au sujet du projet qu’il défend bec et oncles depuis son avènement à la Primature, il soutient que l’ensemble de la classe politique lui est favorable pour avoir sollicité depuis 2002 l’instauration d’un organe unique de gestion des élections à l’effet de minimiser les crises post-électorales. Et de relever au passage qu’une mission de la Cedeao, dans la foulée de la crise de 2018, s’était même sanctionnée par des recommandations dans ce sens comme condition s’organisation de toute élection au Mali. Et c’est transgression desdites recommandations, explique-t-il, qui a servi de ferment aux mécontentements et au soulèvement populaire ayant emporté le régime défunt dans le sillage des législatives de 2020.
Dans cette logique de reformes, selon Choguel, des politiques, depuis son arrivée à la Primature, ne sont plus preneurs de cet organe unique et veulent aller avec l’architecture actuelle. Et le Premier ministre de marteler que les assises auront lieu et définiront la manchette du nouveau Mali, avant de laisser entendre qu’il ne capitulera sous leur pression d’aucun détracteur.
Tout en caressant la Cedeao dans le sens du poil devant les diplomates, Choguel MaÏga n’a point épargné l’organisation sous-régionale lors d’une interview en langue nationale où il explique aux consommateurs maliens de ses propos que «le Mali n’appartient pas à la Cedeao»
Une demande de prorogation qui ne dit pas son nom
Celui qui est devenu PM par la force des choses a par ailleurs tenté dans la foulée d’arracher la caution des diplomates pour une prorogation du délai de la transition. C’est à ce dessein qu’il s’est livré à un diagnostic de la situation malienne face à ses interlocuteurs en insistant sur des perspectives nécessitant forcément une échéance supplémentaire.
Dans la même lancée, le Premier ministre a axé son plaidoyer sur les législatives de 2020 en relevant que c’est au motif d’une conformité au délai constitutionnel que leur organisation a plongé le pays est dans une impasse déplorable. En mettant ainsi tacitement en garde contre l’organisation d’élections bâclées et son corolaire de crises cycliques, Choguel MaÏga soutient que cette transition est le meilleur moment pour opérer des reformes difficiles à travers des assises de la refondation alors que le temps restant est manifestement insuffisant pour ce faire.
Et, à l’appui de ses intentions de proroger le délai, le chef du Gouvernement rappelle à la communauté internationale que l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger imposé une modification de la constitutionnelle. Quant aux partenaires techniques et financiers, il dira que la lutte contre la corruption sera menée afin d’assouvir la soif de justice de ses concitoyens et promet de remettre à la justice les dossiers de contrôle et de vérifications tout en ouvrant de nouveaux contrôles dont les résultats pourront être exploités par les futures autorités.
Le plaidoyer du Premier ministre pour une rallonge d’échéance ne repose pas moins sur son bilan qu’il crédite d’un apaisement du front social en trois mois alors même que les résultats du DEF demeurent l’otage d’enseignants grévistes par rétention des notes de classe. Et de laisser entendre que la Transition n’a pris le départ qu’avec lui en relevant au passage que les neuf premiers mois sont partis en fumée.
Sur les engagements devant la CEDEAO, le PM assure que les autorités de la Transition tiendront parole mais en mentionnant au passage un désir des Maliens de redéfinir le type d’Etat dans lequel ils veulent vivre. D’où le besoin d’assises de la refondation – dont les termes de références seraient déjà prêtes et qui se prononceront sur le délai nécessaire pour les réformes à conduire.
Comme on le voit, les développements et argumentaires convergent vers la prorogation du délai d’une transition qui pourrait probablement connaître un chef d’orchestre différent de l’actuel Premier ministre. Et pour cause, Issa Kaou Djim n’est plus le seul douter des compétences de l’actuel PM à mener à bon port la transition en cours, à en juger par les alliances contre-nature qui semblent se nouer sur le dos de l’équipe gouvernementale, notamment entre l’iman Dicko, ancienne autorité morale des tombeurs d’IBK, et les dignitaires du régime déchu.
Face une telle donne qui rebat les cartes, l’offre de Choguel MaÏga aura-t-elle preneurs dans les rangs des représentations diplomatiques ? Il faut attendre les conclusions et recommandations de ces assises pour répondre à cette question
Source: Le Témoin