Duel autour du bilan de l’UDPM et du mouvement démocratique Le Premier ministre Docteur Choguel Maiga rappelle à l’ordre les acteurs du 26 mars 1991

Il a fallu que le chef de l’exécutif étale au grand jour certaines faiblesses du régime du président Alpha Oumar Konare lors de sa rencontre avec le Mouvement du 5 juin rassemblement des forces patriotiques (M5 RFP) pour que l’Alliance pour la démocratie au Mali (ADEMA) , Parti africain pour la solidarité et la justice (PASJ) par le truchement de certains de ses leaders élèvent la voix pour crier au blasphème.

Comme tous les régimes, le Mali du général Moussa Traore sous l’égide du parti unique l’Union démocratique du peuple malien a connu des hauts et des bas. Les acteurs du mouvement démocratique ne l’entendaient pas de cette oreille. Dans un souci de règlement de compte, ils ont essayé d’effacer de l’histoire du Mali contemporain tous les actes qui ont été posés sous le Comité militaire de libération nationale (CMLN), ensuite sous le pouvoir de l’UDPM qui est le résultat du référendum de 1974.

Mais, il faut le dire il n’ya pas pire sourd que celui qui veut faire semblant de ne pas entendre. Ce que la jeune génération issue de mars 1991 ignore ce que la plupart des cadres du mouvement dit démocratique ont grandi sous l’ombre de l’UDPM et son organe de décision le bureau exécutif central (BEC) qu’un ancien doyen de la place paix à son âme avait qualifié de « Bec ».

Pour certains avertis du landerneau politique, il fallait plutôt observer un silence de cathédrale contre cette énième provocation du Docteur Choguel Kokalla Maiga qui on le sait a été formé à l’Union nationale des jeunes du Mali (UNJM), la branche de la jeunesse politique de l’UDPM. Pour cet intellectuel qui a préféré garder l’anonymat, il n’ya pas lieu de polémiquer si réellement, il s’agit du bonheur du Mali et des Maliens. Selon le septuagénaire l’Etat étant une continuité chaque pouvoir fait ce qu’il peut.

Mais, il dit comprendre le tigre de Tabango qui veut crever l’abcès des événements du 26 mars 1991 car il estime que le général président Moussa Traore n’a pas été récompensé par ses tombeurs qui ont été formés à la moule du parti unique. Il parle de trahison, de mercenaires infiltrés qui ont tiré sur une foule manipulée par des pseudo-révolutionnaires autrement dit des hordes de pillards dont le seul but était de changer la gouvernance pour remplir leurs tubes digestifs.

Il faut le dire après 32 ans de pouvoir démocratique, il y’a des infrastructures à tous les niveaux. Mais aussi, il y’a la face cachée de l’iceberg, la corruption érigée en système, la déliquescence de l’armée, la détérioration du niveau des élèves et des étudiants du Mali. Pour cet ancien député à la fois du parti unique et du mouvement démocratique, il faut tourner la page et faire face à l’avenir.

S’agissant du bilan du général Moussa Traore, il y’a bien des acquis. Qu’on le veille ou pas il a été le champion du libéralisme économique au Mali. Du temps du régime du père de l’indépendance feu Modibo Keita, le Mali avait carrément opté pour le socialisme avec une économie planifiée marquée par des plans quinquennaux. La décision du président Modibo Keita de choisir cette orientation était liée à sa proximité avec l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques et la République Populaire de Chine dirigée à l’époque par Mao.

Rappelons que 3 semaines après la proclamation de l’indépendance de la République du Mali la France pour se venger a entretenu une pénurie de sucre, d’huile, de farine pour asphyxier le Mali. Pour résoudre la crise, le président Modibo Keita a crée à la hussarde la société malienne d’import et d’export (SOMIEX). Pire, la métropole a vidé les caisses du Mali avant de tourner les talons ; il a fallu qu’Amadou Aw se rende en Chine pour que le Mali puisse renflouer les caisses de l’Etat.

Le président Modibo Keita au bout de 8 ans a pu mettre sur pied plus de 32 sociétés et entreprises que certains ont assimilé à des éléphants blancs autrement dit une réalisation d’envergure prestigieuse qui en définitive devient plus coûteuse que bénéfique dont l’entretien devient au finish un fardeau financier. Au plan politique si la diplomatie malienne a brillé à travers le monde, il n’en demeure pas moins que sur le plan interne la situation politique et économique devient difficile.

Sur le plan international le Mali contribua à la création de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) à Addis Abeba le 25 Mai 1963. Même le terme non aligné est un terme du président Modibo Keita. En effet lors du lancement du mouvement des non-alignés à Belgrade en septembre 1961, pendant que le président Modibo Keita lisait son discours, il est stoppé par le président de la République fédérale de Yougoslavie Josip Broz Tito qui extasié par l’éloquence du père de l’indépendance du Mali affirma que la conférence retiendra d’emblée le terme non-aligné.

Grâce à sa diplomatie active le Mali de Modibo Keita obtient le statut de membre non permanent du conseil de sécurité. Dans le monde musulman, le Mali obtiendra une place de choix grâce à sa participation à la création de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), à l’UMMA islamique. Mais il faut le dire au plan interne les mécontentements s’accumulent pour devenir une bombe à retardement avec le système de parti unique, le Parti progressiste soudanais est dissout et suite à une manifestation de commerçants lassent du système de socialisation et des déboires du franc malien qui n’a cessé de chuter à la faveur de l’inflation , le régime procède à des arrestations musclées.

Fily Dabo Cissoko , Amadoun Dicko , Maraba Kassoum Toure (commerçant) meurent exécutés sur les dunes de sable de Kidal . Dans le pays des rumeurs de corruption circulent ce qui aboutira à l’opération taxi. Après la chute du rédempteur l’Osagyefo Dr Kwame nkrumah president du Ghana en 1966, la paranoïa de Modibo Keita augmente, il dissout l’Assemblée nationale et met en place le Comité de défense de la révolution (CNDR).

C’est dans cette atmosphère chargée d’électricité qu’intervient les événements du 19 novembre 1968. Dans son ouvrage intitulé la chute du président Modibo Keita l’historienne et non moins ancien député Madame Bintou Sanankoua retrace le film de la chute du père de l’indépendance jusqu’à la maison du peuple où il refusera d’abandonner l’option socialiste qui à ses dires et le choix du peuple malien. Peu après le lieutenant Moussa Traore désigné par ses frères d’arme prononce ce discours : « Maliens et Maliennes le régime dictatorial du président Modibo Keita et ses valets à chuter ».

A la bourse du travail, le monde découvre le visage du nouvel homme fort, le lieutenant Moussa Traore, un jeune de 32 ans. Pour assurer la continuité de l’Etat, le groupe met en place le comité militaire de libération national(CMLN) dirigé par le lieutenant Moussa Traore. Le peuple est enthousiaste car c’est la fin des milices, des restrictions sur le plan commercial. Les religieux n’ont pas vu d’un mauvais œil ce coup d’état. Au plan international, le jeune président Moussa Traore s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur.

Pour asseoir son pouvoir à la suite d’un référendum adopté le 2 juin 1974 qui instaure un régime à parti unique, il crée l’Union démocratique peuple malien (UDPM) le 30 mars 1976. Il faut le souligner à cette époque de l’histoire de l’Afrique contemporaine la majorité des pouvoirs reposait sur le parti unique qui rimait avec nos réalités socioculturelles. Si on a accusé le président Moussa Traore d’avoir interdit le parti de l’indépendance l’US-RDA , il faut le rappeler le président Modibo Keita a fait disparaitre le PSP et ses leaders pour effacer toute trace.

Sous le régime du président Moussa Traore, dans les conversations on parlait souvent du président Modibo Keita et de son parti. Le président Moussa Traore pour assurer l’autosuffisance alimentaire va créer des opérations de développement comme l’opération de développement du Kaarta (ODIK), il entreprendra des grands travaux dans la zone office du Niger dont le plus ambitieux a été le projet Mema-Farimake qui malheureusement a pris fin avec la chute de l’Union soviétique.

Il est l’initiateur de la création de l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM) le 20 mars 1982 , l’Opération pour le développement intégré des produits arachidiers et cotonnier (ODIPAC) , l’Opération haute vallée du Niger (OHVN) , les coopératives agricoles céréales, les Fédérations des groupements ruraux. Pour que tous les Maliens puissent manger et boire, il a mis un accent sur la maitrise de l’eau et la lutte contre le déboisement abusif et les feux de brousse. Afin de rendre accessible les médicaments avec la coopération chinoise, il mettra en place la Pharmacie populaire du Mali (UMPP).

C’est grâce au plaidoyer du général Moussa que l’Organisation de mise en valeur du fleuve Sénégal bénéficiera de l’immense barrage de Manantali qui profite au Mali au Sénégal et à la Mauritanie. C’est sous son magistère que le barrage de Sélingué a été construit et inauguré en 1976. Pour le désenclavement du Mali, il a réalisé la route Sévare –Gao. Ami personnel du roi Fahd, il obtiendra de la par du royaume Wahhabite 12 milliards de fcfa pour la construction du deuxième pont appelé pont Fahd.

Champion de l’intégration africaine, il pèsera de tout son poids pour la création de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) le 28 Mai 1975 avec le soutien de feu Gnassimgbe Etienne Eyadema ancien président du Togo et feu Yakubu Gowon président de la république fédérale du Nigeria. Rappelons que le président Moussa Traore a été porté par ses pairs à la tête de l’ex Organisation de l’unité africaine (OUA) de 1988 à 1989.

Durant son mandat à la tête de l’organisation panafricaine, il s’est impliqué pour que les armes se taisent en Angola en parvenant à faire asseoir à la même table feu Jonas Savimbi leader de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) et Jose Edouardo de Santos ancien président de l’Angola, leader du MPLA aujourd’hui décédé. Avec les pays de la ligne de front (Angola, Zambie, Zimbabwe, Mozambique, Afrique du Sud), il a contribué à la libération de Nelson Mandela en février 1990 emprisonné pendant 27 ans par le régime raciste de l’Afrique du Sud et à l’indépendance du sud ouest africain actuel Namibie.

Conséquence Peter Botha, le président de la nation arc en ciel est contraint de rendre le tablier. Pour son engagement en faveur des enfants, il est reçu en grande pompe par Ronald Reagan en 1988 et pour lui rendre les honneurs le vice des Etats Unis George Bush père fera le déplacement de Bamako. Il recevra le président Allemand Richard von Weizsäcker ensuite le président François Mitterrand.

A la libération de Mandela, il devait faire le déplacement de Bamako pour remercier le général Moussa Traoré mais en raison des événements, Moussa Traore a reporté la visite au mois d’Avril, malheureusement, il sera déposé le 26 mars 1991. Champion des droits l’homme, il fermera le bagne de Taoudenni ce qui permettra la libération de Karim Dembele dernier rescapé de la bande des quatre.

Homme à ne pas se laisser manipuler les déboires de l’homme du 19 novembre 1968 commence lorsqu’il s’oppose à François Mitterrand au sommet de la Baule en juin 1990 en lui faisant savoir que la démocratie n’est pas une camisole de force. L’africain étant ce qu’il est au lieu de le soutenir dans sa quête pour la libération de l’Afrique, des traitres vont rapidement se mettre au service de la France pour le déposer.

Aucune œuvre humaine n’est parfaite, nous sommes ce que nous sommes c’est-à-dire le commun des mortels. Le président Moussa Traore qui a été accusé à tort du détournement de plus de 600 milliards de fcfa n’a pas détourné un kopek la preuve quand, il est sorti de prison, il ne savait même pas où aller loger. Mais comme un ancien président à droit au logement, il a été logé dans une superbe maison au bord du fleuve Niger à Djicoroni para.

Badou Sidi Koba

Source : Le Triomphe 

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