Déscolarisation, les causes à la loupe !

Déscolarisation, les causes à la loupe !

Pendant que les élèves reprennent le chemin de l’école, le phénomène de la déscolarisation va crescendo. Les facteurs en sont multiples et divers. Regards croisés de deux enseignants de surcroit directeurs d’écoles.
En effet, l’éducation, quelle que soit sa nature, vise à lutter contre l’obscurantisme. Elle est indispensable pour le développement d’un pays et l’épanouissement d’une personne. Malgré les échos à la promotion de la scolarisation certains élèves abandonnent trop tôt et banalement les études. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?
Les propos de certains acteurs de l’enseignement aident à mieux le comprendre. Souleymane Coulibaly, directeur d’école, croit savoir que la déscolarisation s’explique par plusieurs facteurs. Il incrimine de prime à bord les parents d’élèves dont la responsabilité est, selon lui, énorme. Il argumente ‘’il y a un manque de suivi des élèves par les parents. Les travaux ménagers submergent les jeunes filles au point qu’elles consacrent peu de temps aux études. Au fil du temps, elles en perdent tout gout pour l’école’’.
Pour sa part, M.Demba Sissoko, directeur d’école également au 1er cycle, abonde dans le même sens en y ajoutant que les parents ne consacrent plus de temps pour suivre régulièrement les élèves à la maison. D’après son constat, hormis le jour de la rentrée, certains parents ne se présentent plus à l’établissement pour se renseigner sur l’évolution de leurs enfants. Il en conclut que l’élève est laissé à lui-même.
Le mariage constitue aussi un des facteurs, selon Souleymane Coulibaly, lui, qui a l’expérience de ce genre de situation. Il raconte qu’en l’espèce, son intervention s’avère souvent veine auprès des parents ou du mari pour que la jeune fille puisse continuer ses études. Pour M. Coulibaly, l’âge est également déterminant. Par exemple, explique-t-il, le règlement de l’éducation stipule que tout élève dépassant l’âge de 20 ans n’a plus droit de passer les examens du diplôme d’étude fondamentale(DEF). Ainsi commente-t-il, ça en rajoute donc à la panoplie des problèmes majeurs qui peuvent provoquer l’abandon de l’école, selon M.Coulibaly.


Statistiques
D’après lui, c’est au moins une vingtaine de cas d’abandon en l’année scolaire 2010-2011, qu’il dit avoir enregistré à son niveau.
Mais bien d’autres évènements contrarient l’évolution des élèves. Au compte desquels, Demba Sissoko retient les effectifs pléthoriques, les grèves intempestives des contractuels, la survenue précoce de grossesses chez les filles. Toutes choses, opine-t-il, qui n’incitent pas celles-ci à emprunter les chemins de l’école, au risque d’être la risée de leurs camarades de classe. ’’Du coup, elles abandonnent l’école’’, une alternative très souvent privilégiée par les filles.
Demba Sissoko dit avoir aussi enregistré des cas d’abandon qu’il évalue à approximativement une vingtaine .Toutefois, pour remédier à ce problème, il propose que les parents soient attentifs et suivent de façon régulière leurs enfants à la maison ainsi qu’à l’école. Ceci pourrait aider, estime-t-il, considérablement l’enseignant. ‘’Ils doivent se sacrifier’’ conseille ce directeur d’école. Contre la pléthore, le remède serait peut-être, suivant ses convictions, un recrutement conséquent d’enseignants. Et, la construction des classes pour absorber les flux d’élèves. Cependant, concède-t-il faut encore creuser les méninges pour trouver des solutions à la déscolarisation.


Des alternatives face à la nouvelle donne
Dans le vocabulaire du Ministère de l’éducation nationale, il est plutôt question d’écoles non fonctionnelles et non d’écoles fermées. La raison est simple et c’est bien une nuance très importante : « Toutes les écoles ne sont pas nécessairement fermées, en raison des violences », a fait remarquer un observateur du milieu éducatif.
Par ailleurs, les statistiques restent tout de même à actualiser sur la question. Néanmoins, en janvier 2024, le Cluster Education, regroupant les ONG intervenant sur la question a révélé que plus de 1 657 écoles ont dû fermer leurs portes en raison de l’insécurité ou de la crise humanitaire.
Face à la situation, certains proposent des solutions alternatives. À titre illustratif, la création des écoles mobiles permet de toucher le maximum d’enfants. En lieu et place d’enseignants, des agents de forces armés et de sécurité peuvent dispenser des cours aux élèves. Une initiative qui a fait ses preuves au Burkina Faso où les gendarmes ont enseigné des élèves dans certaines localités.
Au demeurant, l’UNICEF avait misé sur le soutien scolaire dans les zones d’insécurité. En effet et en pratique, l’agence onusienne a travaillé ainsi avec le gouvernement, notamment le département de l’éducation nationale afin de donner des cours à travers la radio. De même que le recours et le recrutement d’enseignants volontaires dans les communautés dans ces zones d’insécurité.
Des initiatives et actions salvatrices dont la finalité est de réduire le taux d’abandon scalaire et de lutter contre la déscolarisation dans notre pays.
Tima Traoré pour maliexpress.net

 

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