Démission du colonel-major Nouhoum Dabitao du CNT : Le sacrifice d’un homme de devoir au nom de la justice

Démission du colonel-major Nouhoum Dabitao du CNT : Le sacrifice d’un homme de devoir au nom de la justice

Cité dans le dossier «des équipements militaires-HCCA», le Colonel-major Nouhoum Dabitao (1er questeur) a démissionné le 7 mars du Conseil national de transition (CNT) pour se mettre à la disposition de la justice et mieux se défendre.

Une décision qui découle de sa foi en la justice de son pays. Sa motivation est fondée car, selon nos investigations, il n’a rien à se reprocher dans ce dossier.

«Dans l’arène souvent tumultueuse de la politique et de la gestion des affaires de l’État, il est rare de trouver des exemples de pureté morale et de dévouement inconditionnel envers la patrie. Cependant, de temps à autre, une figure émerge, éclairant le chemin avec sa dignité et son sens du devoir». C’est ce qu’une autorité morale du pays nous a confié en se référant au Colonel-major Nouhoum Dabitao, ancien DFM du ministère de la Défense et des Anciens combattants, et questeur du CNT jusqu’à sa démission le 7 mars 2024. Dans les rangs de la grande muette et au sein du personnel d’appui du CNT, il est décrit comme un homme dont l’action récente a non seulement captivé l’attention, mais a également ravivé l’espoir en la noblesse de l’engagement public.

En tout cas, dans un geste d’une grandeur sans pareille, il a choisi de démissionner de son poste, non pas pour échapper à ses responsabilités, mais pour se mettre volontairement à la disposition de la justice. Ce qui rend cet acte encore plus remarquable, à notre humble avis, c’est le fait que le Colonel-major Dabitao a pris cette décision avant même que sa propre immunité ne soit levée. Cette action préventive, motivée par un profond sens du devoir et de l’honneur, témoigne de son engagement inébranlable envers la vérité et la justice, des valeurs qui transcendent les considérations personnelles ou politiques.

Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? Il faut rappeler que le Colonel-major Nouhoum Dabitao est soupçonné de corruption dans l’acquisition de matériel pour le compte de l’Armée malienne. Les faits portent notamment sur un protocole d’accord GUO Star. Il s’agit d’un contrat passé entre le ministère de la Défense et des Anciens combattants (MDAC) et la société GUO Star de M. Amadou Baïba Kouma. II a été piloté par Sidi Mohamed Kagnassi alors conseiller spécial du Chef de l’Etat chargé des questions d’équipement des Forces armées comme l’atteste le mandat en date du 5 novembre 2013 délivré par le Directeur de cabinet du Chef de l’Etat de l’époque.

Ce contrat porte sur l’achat de matériels d’habillement, de couchage, de campement et d’ameublement (HCCA) et de véhicules de transport pour un montant total de soixante neuf milliards cent quatre vingt trois millions trois cent quatre vingt seize mille quatre cent soixante quatorze (69.183.396.474) Francs CFA, dont plus 34 milliards F CFA (34.066.867.000) au titre du matériel HCCA. Pour ce faire, M. Kagnassi a opéré un montage financier avec la Banque Atlantique pour que le paiement s’étale sur trois ans avec un an de différé et une garantie donnée par le ministère de l’Économie et des Finances.

Le contrat des surfacturations qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive

Le protocole a été passé sous l’article 8 du décret N° 08-485/P-RM du 11 août 2008 portant procédures de passation, d’exécution et de règlement des marchés publics et des délégations de service public. On se rappelle que ce contrat, qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive, a été traité comme celui des «surfacturations». A y regarder de près, on retient que GUO STAR, en tant qu’entreprise cherchant légitimement à faire du profit, n’a fait que réduire le prix d’achat pratiqué habituellement.

En amont, GUO STAR avait consulté les fournisseurs traditionnels de la Direction du Commissariat des Armées (DCA) et de la Direction du matériel, des hydrocarbures et du transport des Armées (DMHTA). Le Colonel-major Nouhoum Dabitao était à l’époque Directeur du Commissariat des Armées. Les sociétés consultées pour le matériel HCCA au profit de la DCA sont SOFRAMA, EUROMATEX MAGFORCE et Group MAROK. Toutes basées en France, celles-ci ont fourni leur cotation conformément aux besoins exprimés par la DCA. A l’issue du processus, M. Kagnassi a retenu les moins disantes, à savoir MAGFORCE et SOFRAMA. Il a négocié les prix d’achat avec les fournisseurs et a soumis sa facture au MDAC en tenant compte de sa marge, des frais d’approche et du nantissement bancaire. C’est une mission du Bureau du Vérificateur Général qui a fait de ce marché en parlant de «surfacturation».

Ce qui est important et que tout un chacun doit savoir, en aucun cas, le Colonel-major Nouhoum Dabitao n’a été impliqué dans la négociation des prix. D’ailleurs, il avait été déjà entendu par le Pôle économique et financier en février 2020 au sujet de ce marché suite aux conclusions du BVG. C’est convaincu de son innocence et en ayant foi en la justice de son pays, qu’il a démissionné pour se mettre à sa disposition. A travers cette décision, rappelle notre autorité morale, le Colonel-major Nouhoum Dabitao «incarne cette idée selon laquelle le véritable patriotisme ne réside pas dans les discours enflammés ou les drapeaux agités, mais dans les actions concrètes et les sacrifices personnels pour le bien commun». Et cela est en son honneur et plaide en sa faveur !

Naby

LE MATIN

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