DECES D’IBK : Des hommages !
Le dernier hommage a été rendu, vendredi dernier, à l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, décédé un an et demi après avoir été renversé par un coup d’Etat militaire. Dans le pays, l’émotion est vive.
Depuis le renversement de son régime le 18 août 2020, à la suite soulèvement populaire, IBK était resté très discret. L’ex locataire du palais présidentiel de Koulouba, affaibli par la maladie, faisait régulièrement la navette entre Abu Dhabi (Émirats Arabes Unis) et Bamako, dans le cadre de ses contrôles médicaux.
Sa mort subite a pris de court les habitants de la capitale malienne : « C’est un coup dur », a témoigné M. Soumana Keleta, médecin à la retraite. « Cet homme aimait profondément le Mali, sa mort est véritablement un choc. Quand j’ai appris la nouvelle, je n’en croyais pas mes oreilles. Maintenant, tout ce qu’on peut faire, c’est de prier pour le repos de son âme », a-t-il dit, sous le coup de l’émotion.
A Sebenikoro, dans la résidence privée de l’ancien président de la République, c’est comme si le temps s’était arrêté ce dimanche, tant l’abattement est grand chez ses proches. Mahamadou Diarassouba, secrétaire à l’organisation du RPM, le parti fondé par IBK au début des années 2000, a soutenu que l’homme était un grand patriote. « Le Mali perd un grand patriote, il faut se le dire. Les circonstances de la vie font qu’aujourd’hui, nous sommes à un niveau ou peut-être dans notre parcours, dans la gestion de l’Etat, nous avons trébuché. Mais dire qu’il n’aime pas le Mali ou qu’il a posé des actes contre le Mali, cela n’est pas fondé. Il ne l’a pas fait », a-t-il fait croire.
Mohamed Assaley Ag Ibrahim, membre du M5-RFP, le mouvement contestataire à l’origine de la chute d’IBK, estime que la mort d’IBK est une page noire dans l’histoire du Mali : « Le sentiment qui m’anime est un sentiment de compassion. On ne peut jamais se réjouir de la mort d’un homme, fut-il, le pire des hommes. C’est ce sentiment de compassion à l’égard de sa famille biologique, mais également à l’égard de sa famille politique qui nous anime aujourd’hui. Nous prions pour lui. Nous prions pour que Dieu l’accueille dans son paradis ».
Entretemps, dans un communiqué, le gouvernement avait adressé ses condoléances à la famille de l’illustre disparu et a indiqué que des obsèques nationales seraient organisées pour rendre un dernier hommage au président IBK. Chose faite. Au pupitre, derrière le cercueil enveloppé du tricolore malien, discours et élégies se sont succédé. Il y a la petite-fille du défunt Président qui se souvient de son grand-père, sa grande bibliothèque. Outre sa petite fille, l’avocat, ami de la famille, Kassoum Tapo, s’écria : « Le baobab qui se couche en faisant un farouche bruit dans le crépuscule ». Ce proverbe illustre la grandeur de la personnalité qu’était le Président Ibrahim Boubacar Keita.
Baba Akhib Haïdara, l’ancien directeur de cabinet, a qualifié le défunt de grand républicain, un démocrate pragmatique, un homme d’Etat très ouvert au dialogue, s’employant à préserver le pays des aventuristes.
Son fils Boubacar a remercié la junte, mais regretté tout de même l’absence aux funérailles du colonel Assimi Goïta, Président de la transition, auteur du coup d’Etat contre son père. « Je ne peux m’empêcher de faire une comparaison avec Socrate qui sous le coup des sycophantes fut condamné à mort en buvant la ciguë, dit-il soudain. Papa, cette ciguë, tu l’auras bue jusqu’à la lie. » Silence dans l’assemblée. Boubacar poursuit : « Devant les lamentations de sa femme qui trouvait la condamnation injuste, Socrate lui répondit : On peut me tuer, mais l’on ne peut me nuire. Ainsi plus rien ne peut t’atteindre désormais. Allah le miséricordieux t’a mis hors de portée ».
Quant à l’ancien ministre de la Santé, Michel Sidibé, ‘’IBK était un homme d’esprit, un homme de culture, mais aussi, un homme de cœur’’, il s’était toujours battu pour son pays, même si le défunt président avait ses faiblesses. « Ce qui le caractérisait, c’était sa dignité et son patriotisme, et cela a été mentionné aujourd’hui », a-t-il renchéri.
Il faut rappeler qu’aucun chef des Etats d’Afrique de l’Ouest voisins n’était présent aux obsèques d’IBK. La Cédéao a fermé ses frontières avec le Mali le 9 janvier, le gouvernement de transition regimbant à passer le relais démocratique. Seule la Guinée a dépêché une délégation pour assister aux obsèques.
La Rédaction
Source : La Rédaction
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