Crise sécuritaire et lutte contre le terrorisme : Le Mali entre complot, pressions et précautions ?
Pour sa position géostratégique et des richesses enfouies dans son sous-sol, l’Etat malien est finalement confronté à non seulement à une invasion terroriste, mais aussi à des manœuvres et pressions multiformes émanant de pays partenaires.
Dans une récente interview, le Premier ministre de transition, Dr Choguel Kokalla Maïga s’est voulu précautionneux par rapport à la gestion de la crise sécuritaire : « Notre gouvernement a compris que s’il ne compte que sur un seul partenaire, il pourra à tout moment être abandonné ».
Ces propos du chef du gouvernement traduisent le climat d’appréhensions des dirigeants maliens quant à l’appui militaire apporté au pays pour se défaire de l’hydre terroriste. Cet appui, notamment par la force française Barkhane est-il franc et sincère ou plutôt calculé et malicieux ? Comment le Premier ministre peut-il évoquer la possibilité de voir son pays « être abandonné » s’il n’y a pas de signaux le confirmant ?
En effet, Dr Choguel Maïga n’hésite pas à laisser entendre l’accusation d’un « complot international » visant à semer la confusion au Mali. Ce qui fait qu’aujourd’hui, le territoire est infecté à près de 80% de hordes terroristes et d’extrémistes violents. Cela n’empêche pas de rappeler l’intervention inachevée de l’Etat français en 2013. C’était suite à l’appel de détresse des dirigeants maliens face à une invasion de terroristes se dirigeant vers le Sud de Mopti. L’on a pu se poser la question de savoir pourquoi l’opération Serval a cru devoir apprêter la progression des terroristes, mais a fini par empêcher l’armée malienne de poursuivre le nettoyage de ces hordes criminelles au niveau de Kidal. Et Paris n’a jamais pu expliquer pourquoi elle n’a pas aidé les FAMA à se redéployer dans la ville de Kidal depuis 2013. Ce fut par ce bastion de ce que l’on a appelé la rébellion touarègue que le loup du péril terroriste est entré dans la bergerie malienne !
En outre, des experts et des chercheurs découvriront, par la suite, que le sous-sol kidalois était riche de réserves diverses, notamment d’hydrocarbures, qui ont suscité la convoitise de multinationales françaises. Et des indices d’exploitations de ces richesses n’ont pas manqué au puzzle du complot contre l’Etat malien. La France en sait-elle quelque chose ? Difficile de le démentir ! Puisque les premiers exploits médiatiques des groupes indépendantistes comme le MNLA ont eu lieu à Paris, en particulier sur la chaîne France 24 du groupe France Média-Monde. Dès lors, les autorités françaises peuvent-elles accepter des démarches de négociations avec des groupes terroristes pour aller à la paix ? Des discussions avec des chefs terroristes comme Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa n’aboutiraient –elles pas à un éventuel accord transparent de gestion de richesses et de contrôle de l’Etat malien sur les zones sous leurs contrôle ? Quid des préoccupations de l’Etat français qui n’a pas d’amis mais seulement des intérêts français ? Là réside tout le nœud du drame qui endeuille le Mali depuis au moins 9 ans.
Par ailleurs, cette piste du complot et des pressions contre les intérêts du Mali est mise en évidence par des menaces émanant d’officines occidentales. C’est pourquoi à la question de savoir si l’Etat malien ne craint pas perdre d’autres partenaires et être isolé, le Premier ministre s’est montré rassurant, tout en prenant des précautions. « Ce que nous avons, c’est un accord avec l’Etat russe (conclu en juin 2019). Dans ce cadre, nous achetons des équipements militaires – on en a reçu récemment –, et nous demandons à des instructeurs russes de former nos militaires. Nous sommes en discussion avec l’Etat russe, nous ne le cachons pas. Nous cherchons tous les moyens et le concours de tous les Etats qui pourraient nous aider à sécuriser notre peuple ». Comme pour dire que le pays de Soundiata Kéita ne peut plus se contenter de faire confiance à la France, dont les menaces de retraits et/ou de réduction de son appui militaire laissent perplexes.
Le Mali peut-il alors faire appel à son grand voisin du Nord, l’Algérie pour voler à son secours par rapport à cette menace sécuritaire ? Certainement ! Et le chef du gouvernement ne s’en fait pas prier. « Notre Etat le souhaite. L’insécurité sévit le long de notre zone frontalière. Si l’Algérie s’impliquait de façon forte dans la lutte contre le terrorisme, ce que nous espérons, ce serait un grand plus », a-t-il indiqué. Et d’ajouter que la Constitution algérienne, qui a récemment été révisée, le permet désormais. Ce sont aux Algériens de décider d’apporter cet appui appréciable, histoire de prouver aux uns et aux autres que le Mali demeure soutenu, malgré un précédent… « Lâchage en plein vol » !
Source : Maliweb.net