CRISE POLITIQUE AU MALI : Alger s’impose en allié sûr de Bamako

Contrairement à l’ancienne puissance coloniale, l’Algérie se taille une place de choix au Mali. A travers ses coopérations avec les autorités actuelles, Alger s’impose comme un solide partenariat et multiplie les actions diplomatiques afin de s’implanter comme un allié sûr du Mali.

Le 24 janvier dernier, le Président de la transition, Assimi GOÏTA, Chef de l’État, a accordé une audience à Delmi Boudjemaa, Président du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la Réconciliation nationale issu du processus d’Alger, également Directeur général de l’Agence algérienne pour la coopération internationale. Il était porteur d’un message du Président de la République algérienne Démocratique et populaire, M. Abdelmadjid TEBBOUNE.

L’émissaire algérien a expliqué que cette visite d’amitié vise surtout à trouver une voie de sortie de crise.  « J’ai été porteur d’un message verbal du Président TEBBOUNE à son excellence le Président de la Transition, Chef de l’État. Nous avons essentiellement fait une évaluation. J’ai écouté le Président de la Transition, Chef de l’État, sur son évaluation des derniers développements de la région. Une évaluation qui me paraît extrêmement objective et qui va peut-être nous permettre de faire en sorte que ces consultations puissent produire un effet positif sur le Mali mais sur l’ensemble de la région Sahélo-Saharienne », a-t-il confié. 

Et de poursuivre : « L’Algérie attache beaucoup d’importance à la sécurité, à la stabilité, à l’unité de ce pays, à la préservation de son intégrité territoriale mais également à l’indépendance de sa décision politique. Nous avons estimé que le moment est venu, après les sanctions extrêmement dures qui ont été imposées au Mali, de faire en sorte que nous puissions jouir ce rôle de facilitateur qui permet aux frères africains de se retrouver autour d’une table et de dialoguer sereinement sur la meilleure manière d’envisager les problèmes et de les régler ».    

Outre les rencontres diplomatiques fructueuses avec le Mali, l’Algérie a envoyé ce lundi une aide humanitaire constituée de 108 tonnes de nourriture et 400 000 doses de vaccin anti-Covid-19, par étapes, vers le Mali et ce avec les pays voisins, indique un communiqué du ministère national algérien. Cette opération a eu lieu à la base aérienne de Boufarik à bord d’avions cargo militaires de l’armée algérienne en direction de Bamako. Cet élan de solidarité vise à renforcer les liens d’amitié et de coopération entre les deux peuples.

En effet, l’Algérie a proposé de servir de médiateur entre la junte militaire malienne et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), une démarche qui a fait sourciller la communauté internationale. Selon les médias Al-Arab, plusieurs observateurs ont vu dans cette manœuvre une volonté de gagner une influence politique et religieuse au Sahel, région à laquelle l’Algérie a opposé son veto, et ainsi d’être plus présent face à son grand rival politique qu’est le Maroc. 

En outre, les dirigeants algériens ont cherché à favoriser l’expansion russe au Mali et dans d’autres pays subsahariens par la présence du groupe Wagner, une société militaire russe privée active dans la région. Il s’agit également d’une confrontation avec la France, un pays ayant une forte présence historique et politique au Sahel, qui a également été en désaccord avec les autorités algériennes sur certaines questions.

Le régime algérien, qui, selon plusieurs analystes, est en fait dirigé par la direction militaire, le véritable pouvoir dans ce pays d’Afrique du Nord, soutient la junte militaire qui dirige le Mali, mais n’a pas le poids international nécessaire pour servir de médiateur entre le Mali et la CEDEAO, l’organisation qui a imposé des sanctions au Mali après le dernier coup d’État de l’année dernière et après l’entrée en scène de la Russie, qui a entraîné le report des élections souhaitées. La junte militaire avait promis un processus électoral rapide pour sortir le Mali de la situation post-coup d’État actuelle, mais le report des élections a poussé la CEDEAO à agir par des mesures de sanctions impliquant la suspension des frontières, la suspension des transactions commerciales et financières des États membres de la CEDEAO avec le Mali, et le gel des avoirs maliens dans les banques centrales des États membres de la CEDEAO.

Comme le rapporte Al-Arab, les analystes soulignent que l’Algérie agit dans l’intérêt de la Russie et lui ouvre la porte pour consolider son influence au Mali afin de défier la France, ce qui pourrait nuire à la nécessaire stabilisation du pays, notamment en raison du soutien apporté à la junte militaire au pouvoir face à un chemin vers la démocratie tant espérée. 

Ahmadou Sékou Kanta

Source : Miroir Hebdo

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