Coup d’État au Niger : La CEDEAO risque de s’effondrer
D’échec en échec, la CEDEAO est devenue une coquille vide pour les putschistes.
Tout commence avec le coup d’Etat au Mali
Après une longue période de résistance à un soulèvement populaire, le régime du président feu Ibrahim Boubacar Keïta a fini par tomber le 18 août 2020, à la suite d’un coup d’Etat militaire. Cette action bien qu’antidémocratique a été saluée par plusieurs acteurs de partis politiques, de la société civile et une grande majorité des Maliens.
La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) n’a pas tardé à lancer un “matraquage correctionnel” aux nouvelles autorités. Une multitude de mesures et de sanctions ont été prises immédiatement à l’encontre des putschistes pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel. Se focalisant sur le soutien de la population, ces nouvelles autorités ont préféré s’affronter aux durs moments pour les Maliens, au nom de la souveraineté.
Pendant des mois d’embargo, les négociations entre les militaires et la CEDEAO se sont poursuivies sans connaitre une grande évolution. Ces sanctions édictées par la CEDEAO seraient une manipulation des chefs d’Etats par la main invisible de l’impérialisme français. Car, dès le départ, les putschistes n’ont pas été tendres avec la France qui semble être la source de tous les problèmes.
Connaissant la position catégorique des nouvelles autorités maliennes sur la gouvernance du pays, une série de médiations a été engagée par cette organisation sous régionale afin de trouver un consensus aboutissant à l’organisation des prochaines élections présidentielles en février 2024. Cette histoire était le premier échec de la CEDEAO en matière de gestion des affaires de coup d’Etat. Elle a perdu la crédibilité aux yeux du monde africain qui voit en elle une organisation pilotée par l’humeur de l’occident, une Organisation au service des chefs d’Etat insoucieux de leurs peuples et déterminés à défendre leur fauteuil présidentiel.
Les menaces de la CEDEAO sont-elles devenues des jeux d’enfants ?
Effectivement, les autorités du coup d’Etat en Guinée Conakry, au Burkina Faso ont aussi affronté les décisions de la CEDEAO sans crainte. Les défaites sont devenues nombreuses à cause de son incapacité à trouver une attente rapide avec les auteurs de putschs. A force de lancer des menaces dans l’émotion, les putschistes sont désormais requinqués à surmonter les situations imposées par elle (CEDEAO).
Aujourd’hui l’Afrique en a marre de l’occident et les putschistes l’ont bien compris. Alors, le peuple est le bouclier des putschistes dont les premiers actes sont l’expression de lutte contre l’occident. Ainsi, par solidarité, le peuple s’attaque aux décisions sévères prises lors des sommets de la CEDEAO. Le cas récent du Niger est une illustration parfaite.
Au lendemain du renversement du pouvoir de Mohamed Bazoum, la CEDEAO a vite lancé un ultimatum au Comité National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) pour le retour rapide à l’ordre constitutionnel. Suite à une conférence extraordinaire des chefs d’Etats tenue le 30 juillet 2023, elle a pris des mesures et sanctions dures envers le Niger. Pire, elle est allée jusqu’à une menace d’intervention militaire au Niger si le président Bazoum n’est pas réinstallé avant le 06 août 2023.
Elle comptait peut-être sur cette option pour provoquer une révolte du peuple contre les putschistes. Et si c’était le cas, cela n’a malheureusement pas marché car le peuple nigérien est sorti en masse pour soutenir les putschistes. Mais rien n’a été fait à la date indiquée même si l’option militaire est toujours d’actualité. Apparemment les putschistes ont tiré des enseignements du cas Mali, de la Guinée Conakry du Burkina Faso.
La CEDEAO reste faible face à cette situation, vu qu’elle a perdu la crédibilité par des intimidations, des menaces sans effets contre des pays qui réclament défendre leur souveraineté. Chose étonnante encore, les putschistes nigériens ont refusé de recevoir la délégation de la CEDEAO, de l’UA et de l’ONU le mardi 08 août 2023 pour une mission de médiation. Les raisons de ce refus sont explicitement connues dans un communiqué du CNSP. C’est clairement pour répondre à l’une des décisions de la CEDEAO qui a demandé la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes des États membres de l’organisation avec le Niger.
En somme, la CEDEAO ne fait plus peur, elle est devenue une coquille vide pour les putschistes qui la considèrent comme une organisation à la solde des agendas cachés des puissances étrangères. Les multiples échecs de la CEDEAO finiront par causer sa perte, son effondrement total. Seul le peuple a le dernier mot et le pouvoir lui appartient.
Ce peuple se trouve au service des putschistes par des actes de soutiens et solidarités. Les agissements de la CEDEAO peuvent être légitimes car les coups d’Etats sont des crimes imprescriptibles mais les réalités de la situation s’y opposent malheureusement. Les approches de la CEDEAO doivent alors changer pour gagner la confiance des putschistes et des populations par l’ouverture d’esprit face aux situations critiques telles que les coups d’État sinon elle risque de disparaître.
Adama SAGARA
Source : Soloni