Choguel Kokalla Maïga, « l’élection à elle seule ne suffit pas pour asseoir la démocratie »

En recevant, hier, à la primature un parterre de diplomates accrédités au Mali, le Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, est largement revenu sur les tensions avec la CEDEAO et les raisons qui justifient, selon lui, le report de la date des élections présidentielles.

-maliweb.net– Face aux hôtes de la primature, le chef du gouvernement a une fois de plus déploré les tensions diplomatiques avec la CEDEAO et jugé les sanctions « illégales, illégitimes et inhumaines ». Il a ensuite tenté de dédramatisé sur la rupure diplomatique et l’arrêt des échanges commerciaux ainsi que des transactions financières; le gel des avoirs du Mali à la BCEAO et la fermeture des frontières, en les comparant à une brouille passagère entre les membres d’une même famille. « Ce qui nous oppose à la CEDEAO en ce moment est la différence de grille de lecture sur la Transition politique en cours au Mali », a-t-il expliqué.

Le Premier ministre est visiblement opposé à l’exigence de la CEDEAO de ramener raisonnablement la Transition à la tenue seulement et uniquement d’élections. «Depuis 1992, le Mali a régulièrement organisé divers scrutins, qui ne lui ont pourtant pas épargné des ruptures à répétition de l’ordre constitutionnel, a t- il argumenté, rappelant au passage la démission de l’ancien Président de la République en 2020 qui était née justement d’une crise électorale.

Et devant l’insistance de la conférence des Chefs d’Etats de la CEDEAO de retourner à l’ordre constitutionnel dans la délai prévu par la charte de la transition, il rétorque que « les différents épisodes électoraux démontrent à suffisance le besoin de mener des réformes politiques et institutionnelles substantielles pour qu’à l’avenir, les processus électoraux soient les moins contestables possibles et de renforcer la stabilité et la légitimité des institutions constitutionnelles ».

Le Premier ministre a par ailleurs exprimé son regret et déploré que les dirigeants de la CEDEAO, en recevant le projet de chronogramme des autorités maliennes, n’ont mené aucune consultation avec le Mali et ont préféré automatiquement lui imposer des sanctions punitives. « Au lieu d’ouvrir le dialogue autour des propositions formulées par le Mali, il a été décrété des mesures injustes et sauvages dont l’objectif est d’asphyxier le Mali et de le présenter comme un paria parmi les nations sœurs », soutient -il, avant d’assurer que « les Autorités de la Transition n’ont aucune intention de s’isoler de leurs partenaires ». Dans la même lancée, il rejete toute allégation tendant de faire croire que le Mali a opté pour l’isolement, tout en martelant que le Mali d’aujourd’hui mérite la solidarité et non des sanctions dans sa lutte contre le terrorisme. « Perdre cela de vue relève soit de l’hérésie, soit d’un agenda de déstabilisation dont on ne sait à qui il va profiter », lâche le Dr Choguel Kokalla Maïga.

L’impuissance des forces étrangères dans la lutte contre le terrorisme s’est également invité dans son propos, référence faite notamment à l’échec de la Communauté internationale face au Talibans, après 20 ans de présence militaire en Afghanistan. « Le peuple malien a en mémoire les images de ces Afghans accrochés avec énergie du désespoir d’atterrissage des avions, voulant abandonner leur pays, malgré deux décennies de démocratie électorale et de sécurité artificielle, pourtant largement soutenues par les troupes internationales », a indiqué Choguel, expliquant que « l’expérience de ce pays prouve bien que l’élection à elle seule ne suffit pas pour asseoir la démocratie ». Et d’en déduire que l’élection est une condition essentielle, mais pas suffisante pour instaurer une démocratie, justifiant ainsi la détermination de la transition malienne à privilégier l’option de la sécurisation du pays. Choguel Maïga estime quil s’agit d’un choix patriotique que les autorités de la transition assument pleinement et qui leur vaut aujourd’hui « des menaces, des invectives, des pressions politiques, diplomatiques, économiques et financières » de la part de certains partenaires. Lesquels, selon toujours lui, ne conçoivent le partenariat que dans le sens de leurs intérêts exclusifs et de leur seule vision de l’organisation de l’Etat. « Ceux -ci estiment que c’est à eux, mais pas au peuple malien, de décider d’avoir à la tête du pays les dirigeants qu’il veut et qui font son bonheur », a affirmé le chef du gouvernement malien.

Source : Maliweb.net

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