Ce que nous ne savons toujours pas après la sortie médiatique de Macky Sall
Les Sénégalais ont, dans leur grande majorité, suivi hier l’interview du président Macky Sall dans l’espoir d’être enfin fixés sur quelques questions importantes après le report de l’élection présidentielle.
Le président Macky Sall s’est adressé jeudi soir aux Sénégalais à travers un format d’interview avec des journalistes de quatre maisons de presse.
« Le 2 avril 2024, ma mission à la tête du Sénégal prend fin… Je voudrais que ce débat soit clairement tranché », a-t-il déclaré dès le début de son intervention.
Il a aussi beaucoup insisté sur la nécessité du pardon et de la réconciliation dans le pays, mettant en exergue le projet de loi d’amnistie qu’il envisage de soumettre à l’Assemblée nationale.
Quand se tiendra l’élection présidentielle au Sénégal ?
Le président Sall a indiqué que la date des élections dépendra du dialogue national prévu lundi et mardi prochain. La liste des participants incluera des groupes de la société civile, des partis politiques et des candidats retenus ou non par le Conseil constitutionnel.
Il a insisté sur le fait qu’il quittera ses fonctions le 2 avril, date à laquelle son mandat doit s’achever.
Toutefois, Macky Sall a déclaré qu’il ne pensait pas que les élections pourraient se tenir avant qu’il ne quitte le pouvoir. Il a écarté toute idée de démission.
M. Sall est sous pression pour annoncer une date d’élection depuis qu’il a tenté de la retarder au début du mois.
Il souhaitait reporter la présidentielle au mois de décembre afin que les différends relatifs à l’éligibilité des autres candidats puissent être résolus.
Mais la plus haute juridiction du pays a jugé ce report inconstitutionnel et a demandé que l’élection se tienne « dans les meilleurs délais ».
Que se passera-t-il le 2 avril si un nouveau président n’est pas élu ?
On ne sait pas encore qui dirigera le pays après l’expiration du mandat de M. Sall et avant la tenue des élections. Il a déclaré qu’il était certain qu’il n’y aurait pas de vide.
« On ne peut pas laisser le pays sans Président, ce n’est pas possible », a-t-il dit.
Macky Sall a renvoyé les Sénégalais au dialogue national qui devra décider de ce qui se passera après le 2 avril.
A défaut d’un consensus sur la question, il a dit que de « toute manière, la Constitution a déjà réglé la question. »
Dans son article 36, la Constitution du Sénégal dit que : « Le Président de la République élu entre en fonction après la proclamation définitive de son élection et l’expiration du mandat de son prédécesseur. Le Président de la République en exercice reste en fonction jusqu’à l’installation de son successeur. »
Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye seront-il libérés ?
Le président Sall a déclaré qu’il envisagerait de libérer ses rivaux, notamment Ousmane Sonko, figure de l’opposition, et Bassirou Diomaye Faye, le candidat de la coalition Diomaye 2024 à la présidentielle.
« Je n’ai aucune objection. Je regarde le pays. Je ne regarde pas une personne (…) une liberté provisoire pour Ousmane Sonko et Diomaye ? Oui c’est possible, ça va dépendre de leurs avocats, de la justice… », a répondu le président Sall à la question d’un journaliste.
Depuis quelques jours, 344 détenus arrêtés durant les manifestations violentes qui se sont déroulées dans le pays entre mars 2021 et juin 2023 ont obtenu une liberté provisoire.
Cela fait suite à un appel à la pacification de l’espace public du président Sall après des manifestations contre le report de la présidentielle qui ont fait 4 morts.
Emprisonné depuis presque sept mois, Ousmane Sonko avait été arrêté le 28 juillet 2023. Il est accusé entre autres d’un vol de téléphone appartenant à une femme gendarme. Il est également poursuivi pour « appel à l’insurrection, actes de natures à compromettre la paix publique. »
Bassirou Diomaye Faye, quant à lui, a été arrêté, le 14 avril 2023 par la Direction des Investigations Criminelles (Dic) devant la Direction générale des Impôts et des Domaines, suite à une publication sur Facebook dénonçant l’attitude de certains magistrats.
Toujours en détention, il était poursuivi pour 3 infractions, notamment :
Diffamation à l’encontre de personnes à raison de leurs fonctions ou leur qualité,
Outrage à magistrat dans l’exercice de ses fonctions,
Actes de nature à compromettre la paix publique. »
En septembre 2023, le magistrat instructeur a décidé de joindre les procédures impliquant Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye.
Dans son réquisitoire supplétif, le juge du deuxième cabinet a été dessaisi. En clair, Bassirou Diomaye Faye est installé dans le dossier Ousmane Sonko et il devrait être inculpé pour les mêmes chefs d’accusation.
Bassirou Diomaye Faye figure parmi les 19 candidats maintenus par le Conseil constitutionnel pour le compte du parti dissous Pastef une première au Sénégal qu’un candidat à la présidentielle est en prison.
BBC