Cancer, la quête permanente de guérison
En raison des cas de plus en plus croissants, des efforts sont constamment fournis pour la lutte contre le cancer. Itinéraire d’une maladie dont la prise en charge reste complexe et l’espoir de guérison se poursuit au quotidien sous nos tropiques.
Au Mali, quand il est question de lutte contre le cancer, un nom revient forcément, Dr Sidibé Fatoumata, oncologue médicale au CHU du Point-G, service d’hémato-oncologie médicale et unique spécialiste dans le domaine au Mali. S’il s’agit de faire un état des lieux de la lutte contre le cancer au Mali, c’est d’abord les difficultés. « Les premières difficultés sont d’ordre financier. On manque beaucoup de moyens notamment les ressources humaines, financières et infrastructures pour faire face au cancer. Les patients, eux-mêmes, sont le plus souvent des démunis et le système sanitaire aussi n’est pas fait de telle sorte pour pallier ce problème financier. Donc, on fait souvent face à des ruptures de traitements, à des retards de diagnostics. Ce qui rend plus complexe la prise en charge et diminue les chances de guérison», nous a confié en 2020. De cette période à nos jours, y-a-t-il eu un changement dans la lutte ? Dans une récente interview accordée au quotidien Le Républicain, Dr Sidibé évoque la nouvelle donne. « Pour les patients diagnostiqués au début, I’ONG Médecins Sans Frontières prend en charge à 100% la chimiothérapie et la chirurgie de ces patients au niveau du CHU point G. Il reste le volet radiothérapie qui n’est pas fonctionnel depuis pratiquement deux ans. Ce qui fait que si on n’a pas les moyens d’aller à l’étranger pour faire cette radiothérapie, le traitement sera incomplet. Alors déjà on pense qu’il y a une forte augmentation parce que le fait que les gens soient au courant, qu’on ait accès à la sensibilisation, à l’information, aux moyens diagnostiques, fait déjà qu’on va plus diagnostiquer qu’avant quand les gens ne venaient pas à l’hôpital. Il y a un réveil de conscience actuellement. Mais la vraie augmentation est liée à notre mode de vie. II faut reconnaitre que maintenant le mode de vie sain a presque disparu de nos mœurs, de nos habitudes. On est de plus en plus sédentaire, on est de plus en plus obèse, on consomme des substances illicites, on mange de façon pas du tout équilibrée. Donc c’est ce qui fait que le nombre de cancer augmente. Il y a aussi les mutations génétiques qui existent au Mali, mais qu’on a une peine à mettre en évidence parce qu’on n’a pas assez de moyens pour les prouver », a fait remarquer la pionnière de la lutte contre le cancer au Mali.
Mortalité plus élevée
Au regard des statistiques, on constate une mortalité plus élevée au Mali. « Pas que le Mali figure parmi les pays les plus touchés par cette maladie ! Ce qui est sûr, il fait partie des pays où certains cancers sont plus fréquents comme le cancer du col, le cancer du sein. Il fait partie des pays aussi dont la mortalité est plus élevée. Même quand on compare l’incidence ou les taux de fréquences, je peux dire que les pays occidentaux sont à peu près pareils. Quand on regarde les mortalités, ça change tout parce qu’on a plus de 70% des cas qui meurent dans l’année où le diagnostic est fait. C’est ça qui est la gravité au Mali », précise-t-on.
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Comment est-ce que les populations peuvent prévenir cette maladie ? Pourtant, elles peuvent prévenir le cancer : « Les études ont montré qu’au minimum 40% des cas ou types de cancer peuvent être évités parce que la majorité des cancers sont liés à nos comportements, à nos modes de vie notamment le fait de fumer, de boire de l’alcool. Vous voyez maintenant que tous les jeunes s’adonnent au tabac, à la chicha, à l’alcool, il y’a aussi les infections dont certaines sexuellement transmissibles. Le virus le plus connu est le ‘’human papiloma’’, virus qui est responsable du cancer du col. Il y’a aussi le HIV qui donne beaucoup d’autres types de cancer, l’hépatite virale B qui est très fréquent au Mali, qui donne le cancer du foie et une autre bactérie qu’on oublie, qui se trouve dans l’estomac, du nom de helicobacter pylori, qui donne beaucoup de cancers digestifs. Ces cancers sont en général beaucoup fréquents au Mali ».
Diagnostic tardif
Cependant, on note d’autres facteurs. « On est beaucoup sédentaires alors que le sport, l’activité physique régulière est très bien. Que ce soit contre le cancer ou contre les autres maladies cardiovasculaires. Il y’a beaucoup de bonnes conduites qui nous permettent d’éviter le cancer. Il y’a le fait que notre alimentation soit toujours trop épicée ou trop salée, sont des facteurs de risque du cancer. Ce qui est conseillé, c’est d’avoir une alimentation équilibrée et surtout riche en fruits et légumes », souligne-t-on, Et à Dr Sidibé de révéler que la situation du moment : « Le cancer du sein est le premier cancer le plus fréquent au Mali, chez la femme, et de façon générale. C’est aussi le cancer le plus meurtrier au Mali, parce que sur 2500 cas à peu près par an, on en perd plus de 80% dans la même année, pour faute de moyens ou parce que le diagnostic est tardif».
Une autre équation à résoudre de la prise en charge des patients du cancer, le recours tardifs aux structures sanitaires. En 2018, Dr Sidibé a conduit une étude sanctionnée par un rapport sur les cas des patients. « De 2018 à 2019 et dans 80% des cas, les patients nous arrivaient lorsque la maladie était très avancée. Dans 80% des cas certains, soit on ne pouvait plus opérer. Ils viennent tardivement pour des raisons, soit qu’ils ne croient pas au cancer car au Mali on appelle le cancer ‘’Bon’’ (sort) ».
Aujourd’hui, il faut noter que le nombre de patient augmente d’où l’effort continu afin d’améliorer la prise en charge du cancer.
Ousmah