BAMAKO EN POSITION DE FORCE SUR LE DJIHADISME : Quel avenir pour l’accord d’Alger ?
Avec l’implication de la Russie aux côtés des forces armées maliennes, la donne a considérablement changé sur le théâtre des opérations. Les FAMa sont dorénavant les maîtres du jeu suite aux nombreux succès militaires. Cela met le gouvernement malien en position de force face aux anciens séparatiste.
Diabaly, Marebougou, Farabougou et plusieurs autres localités sont libérés des mains des groupes armés terroristes par les Forces armées maliennes (FAMa) ces dernières semaines. Signes de la montée en puissance de l’armée malienne, ces succès sont largement salués par les populations maliennes de tout bord. « L’entrée des FAMa à Farabougou est un signe d’espoir et la preuve de la progression de nos forces de défense et de sécurité dans leur lutte contre les forces obscurantistes, qui empêchent nos braves populations de mener les activités d’épanouissement de leurs localités », a déclaré le Parti pour la renaissance nationale dans un communiqué publié le 8 février 2022.
La montée en puissance des FAMa risque de mettre à mal l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. En effet, depuis sa signature le 16 mai 2015 par les groupes armés et le gouvernement du Mali une large majorité de la population malienne rejette l’Accord. Pour beaucoup de Maliens, cet Accord est un diktat imposé à leur pays au moment où le gouvernement était en position de faiblesse face aux groupes armés, qui revendiquaient l’indépendance des régions du nord du Mali.
Depuis, le vent a tourné et aujourd’hui Bamako prend le dessus. Nous assistons à un retournement de situation qui a laissé en branle les membres des différents groupes signataires de l’Accord. Récemment, ils ont effectué une visite à Rome pour discuter des termes et de l’application avec le ministre de la réconciliation du Mali le Col Ismaël Wagué. Loin est la période où ces séparatistes imposaient des conditions inacceptables à un Etat qui se trouvait en position de faiblesse. Dorénavant, ils doivent composer avec la nouvelle autorité de la transition pour trouver un compromis pour cet accord qu’on qualifierait de caduque.
Avec la militarisation à marche forcée et l’acquisition de matériel conséquent pour l’armée, le gouvernement force le respect et impose sa loi. Pour l’instant, aucune action belliqueuse n’a été commise par l’une ou l’autre partie. Une large partie de la population exige la relecture de cet accord ou tout simplement son rejet. Le gouvernement malien essaie de ne pas se mettre à dos la population. En illustration, la semaine dernière, devant la pression populaire, les autorités de la transition ont retiré le projet de loi portant création de la police territoriale dans les régions du Nord du Mali prévue par l’Accord.
Pour le moment, les autorités maliennes restent dans le cadre de l’Accord. Le Premier ministre Choguel Kokalla Maiga a réaffirmé, il y a une semaine devant les diplomates et les représentants des organisations accréditées, la volonté du Mali de respecter ses engagements internationaux. Cette promesse sera-t-elle respectée concernant l’Accord ?
Tima Traoré
Source : Miroir Hebdo
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