Attaque terroriste près de Moscou : ce que l’on sait de l’attentat dans une salle de concert, revendiqué par le groupe Etat islamique
Une enquête pour « acte terroriste » a été ouverte par les autorités russes. La présidence ukrainienne assure n’avoir « rien à voir » avec cette attaque, qui a fait « plus de 60 morts » et une centaine de blessés.
Les sirènes ont résonné une bonne partie de la nuit dans Moscou. Au moins 93 personnes ont été tuées et plus d’une centaine blessées dans une attaque contre une salle de concert située dans une banlieue de la capitale russe, vendredi 22 mars. Une enquête a été ouverte pour « acte terroriste », a annoncé le Comité d’enquête russe, alors que les forces de l’ordre étaient toujours, en fin de soirée, « à la recherche » des assaillants. Celle-ci a été revendiquée par l’Etat islamique, via la messagerie Telegram, quelques heures après les premiers coups de feu. Franceinfo fait le point sur ce que l’on sait de cette attaque meurtrière.
Le bilan provisoire est de 93 morts
L’attaque a causé la mort de 93 personnes et fait plus d’une centaine de blessés, selon un bilan provisoire communiqué samedi par le Comité d’enquête.
« À la suite de l’attaque terroriste contre le Crocus City Hall, 115 personnes ont été hospitalisées, dont cinq enfants », a déclaré vendredi le ministre de la Santé russe Mikhaïl Mourachko, cité par à l’agence de presse russe Tass sur Telegram. Parmi ces victimes, soixante adultes et un enfant ont été grièvement blessés, précise le ministre. Le ministère de la Santé avance, lui, le chiffre de 145 victimes de l’attaque dans une liste accessible sur Telegram.
Selon le ministère russe des Situations d’urgence, les pompiers sont parvenus à évacuer une centaine de personnes qui se trouvaient dans le sous-sol de la salle de concert. Des opérations étaient toujours en cours, en fin de soirée, pour « sauver des personnes se trouvant sur le toit du bâtiment à l’aide d’équipements de levage ».
Onze personnes interpellées dont quatre assaillants, selon le Kremlin
Les autorités russes ont arrêté onze personnes, dont quatre soupçonnées d’avoir directement participé à l’attentat, a annoncé le Kremlin sur Telegram samedi.
Les services de secours, cités par l’agence russe Interfax, ont fait état d’un « groupe de deux à cinq personnes non identifiées portant des uniformes tactiques et armées d’armes automatiques » qui ont « ouvert le feu sur les agents de sécurité à l’entrée de la salle de concert » puis « commencé à tirer sur le public ». Une description de l’attaque que confirme un journaliste de l’agence de presse publique Ria Novosti. Selon lui, des individus en tenue de camouflage ont fait irruption dans la salle de concert avant d’ouvrir le feu et de lancer « une grenade ou une bombe incendiaire, ce qui a provoqué un incendie ».
Les chaînes Telegram d’actualités Baza et Mash, réputées proches des forces de l’ordre, ont publié des vidéos montrant au moins deux hommes armés avançant dans le hall. Sur ces images, on peut également voir des corps au sol et des groupes de personnes se précipitant vers la sortie.
Les forces de l’ordre russes ont affirmé dans la soirée être à la recherche des assaillants. « Des unités spéciales travaillent sur le site de l’attaque terroriste du Crocus City Hall. Elles sont à la recherche des criminels et évacuent les citoyens du bâtiment », assure la garde nationale sur son compte Telegram.
Le groupe Etat islamique revendique l’attaque
Sur l’un de ses comptes Telegram, le groupe jihadiste Etat islamique a revendiqué être à l’origine de l’attaque : des combattants de l’EI « ont attaqué un grand rassemblement de chrétiens (…) dans les environs de la capitale russe Moscou », est-il écrit dans le message relayé par l’organe de propagande de l’organisation. Ces assaillants « se sont retirés dans leurs bases en toute sécurité », assure également le groupe terroriste.
L’ambassade américaine en Russie avait averti il y a deux semaines ses citoyens que des « extrémistes ont des plans imminents de cibler de grands rassemblements à Moscou, y compris des concerts ». « Si les Etats-Unis disposent ou disposaient de données fiables à ce sujet, ils doivent les transmettre immédiatement à la partie russe », a indiqué la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, vendredi.
Le lieu visé est une salle de concert
Elle a eu lieu au Crocus City Hall, une salle de concert située à Krasnogorsk, une banlieue située juste à la sortie nord-ouest de la capitale russe. Le groupe de rock russe Piknik devait s’y produire. Un vaste incendie s’est déclaré dans le bâtiment au cours de l’attaque.
« Aujourd’hui, une tragédie s’est produite à la salle de concert Crocus, dont nous ne pouvons pas encore évaluer l’ampleur. Nous suivons la situation en attendant les informations officielles. Les musiciens et le management du groupe sont vivants et en sécurité », a réagi le groupe Piknik sur Instagram.
« Il reste encore quelques foyers mais l’incendie a été pratiquement circonscrit », a déclaré dans la nuit sur Telegram le gouverneur de la région de Moscou. Les travaux de déblayage y ont commencé « et vont durer toute la journée », a précisé le responsable dans la matinée, en précisant que 477 secouristes étaient déployés sur les lieux.
Le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, a annoncé l’annulation de tous les évènements publics dans la ville samedi et dimanche, tout comme plusieurs autres régions russes en signe de solidarité. Sur la messagerie Telegram, les autorités locales ont demandé aux Moscovites de ne pas ouvrir les fenêtres et de ne pas sortir de chez eux.
Moscou dénonce un « crime monstrueux »
« Dès les premières minutes de l’incident au Crocus City Hall, le président a été informé du début de la fusillade. Le président est constamment informé par tous les services concernés de ce qui se passe et des mesures prises », affirme un porte-parole du Kremlin, cité par les agences de presse russes.
La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova a dénoncé quant à elle un « attentat terroriste sanglant » et un « crime monstrueux ». L’ex-président russe Dmitri Medvedev a assuré que Moscou tuerait les dirigeants ukrainiens s’il s’avérait qu’ils sont impliqués dans cette attaque.
L’Ukraine dément toute implication
La présidence ukrainienne assure n’avoir « rien à voir » avec cette attaque et accuse le Kremlin et ses services spéciaux d’avoir orchestré l’attaque meurtrière pour pointer du doigt l’Ukraine et justifier une « escalade » de la guerre. « L’attentat terroriste de Moscou est une provocation planifiée et délibérée des services spéciaux russes sur ordre de Poutine », avait affirmé le GUR, le renseignement militaire ukrainien, avant que l’Etat islamique ne revendique l’attaque. « Son objectif est de justifier des frappes encore plus dures contre l’Ukraine et une mobilisation totale en Russie. »
La légion Liberté de la Russie, l’unité de combattants russes anti-Kremlin à l’origine de plusieurs incursions armées à la frontière russe ces derniers mois, nie également toute implication. « La Légion ne combat pas les civils russes », assure le groupe.
Paris, Bruxelles et Washington dénoncent l’attaque
La Maison Blanche est « en pensées aux côtés des victimes de la terrible attaque », affirme un porte-parole de la présidence américaine, évoquant des « images horribles et difficiles à regarder ». Elle assure par ailleurs n’avoir « pas d’indication à ce stade que l’Ukraine ou des Ukrainiens soient impliqués ». Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres condamne lui « dans les termes les plus forts l’attaque terroriste » qui a eu lieu à Moscou, a annoncé son porte-parole adjoint dans un communiqué.
L’Union européenne se dit « choquée et consternée » après « l’attaque terroriste » à Moscou, selon un porte-parole de l’UE sur X. Emmanuel Macron a « condamné fermement » cette « attaque terroriste revendiquée par l’Etat islamique ». « La France exprime sa solidarité avec les victimes, leurs proches et tout le peuple russe », a affirmé le chef de l’Etat, selon l’Elysée.
Le président chinois Xi Jinping a présenté ses « condoléances » à Vladimir Poutine, en assurant que la Chine « soutient fermement les efforts du gouvernement russe pour maintenir la sécurité et la stabilité » en Russie. Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, proche de Moscou, a par ailleurs annoncé sur Telegram l’annulation de toutes les manifestations publiques dans sa république. Les drapeaux seront mis en berne demain en Tchétchénie.
franceinfo avec AFP