ASSOUPLISSEMENT DES SANCTIONS DE LA CEDEAO CONTRE LE NIGER : Le dilemme !
Lors de sa 64ème session ordinaire tenue le 10 décembre dernier à Abuja, la CEDEAO a défini les conditions pour assouplir les sanctions imposées au Niger. Elle a également menacé d’impliquer ses partenaires pour appliquer d’autres sanctions au cas où le CNSP refuserait de collaborer.
Le feuilleton opposant la CEDEAO et le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) au Niger est loin d’atteindre son dénouement. Alors que le CNSP cherche à renforcer ses relations avec d’autres pays tels que la Russie, la Chine, le Mali et le Burkina pour atténuer les sanctions déjà infligées au peuple nigérien, la CEDEAO envisage, de son côté, l’imposition de sanctions plus sévères.
En effet, lors des sommets extraordinaires des 30 juillet et 10 août 2023, qui ont eu lieu quelques jours après le coup d’État au Niger, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décidé d’imposer une série de sanctions sans précédent au Niger. Ces mesures visaient à exercer une pression sur le CNSP, les enjoignant à rétablir l’ordre constitutionnel et à réinstaller le président déchu au pouvoir. Les quinze États membres de la CEDEAO, à l’exception de ceux déjà suspendus en raison de leur passage sous régime militaire (le Burkina Faso, la Guinée, le Mali et le Niger), ainsi que les huit membres de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), ont décidé de fermer toutes les frontières avec le Niger, de suspendre les transactions financières et de geler les avoirs du pays dans les banques étrangères.
Cependant, lors de sa session ordinaire du dimanche 10 décembre à Abuja, en République fédérale du Nigeria, la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO a fixé des conditions pour assouplir les sanctions contre le Niger.
Au cours de cette session, l’organisation a rappelé les décisions prises lors des sommets extraordinaires des 30 juillet et 10 août 2023, concernant la situation politique au Niger. Elle a salué les efforts déployés par le Président en exercice de la Conférence, Bola Ahmed Tinubu, Président de la République fédérale du Nigéria, pour parvenir à un règlement pacifique de la crise politique. L’organisation a exprimé son profond regret face au maintien en détention du Président Mohamed Bazoum, de sa famille et de ses collaborateurs par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), ainsi que du manque d’engagement de la part du CNSP à rétablir l’ordre constitutionnel.
Selon le communiqué final de la 64ème session ordinaire, la CEDEAO demande au CNSP de procéder à la libération immédiate et sans condition du Président Mohamed Bazoum, de sa famille et de ses collaborateurs. De plus, la CEDEAO décide de mettre en place un comité des chefs d’État composé de S.E. Faure Gnassingbé, Président de la République Togolaise, S.E. Julius Maada Bio, Président de la République de Sierra Leone, ainsi que des représentants du Président de la République fédérale du Nigeria et du Président de la République du Bénin. Ce comité aura pour mission d’engager le dialogue avec le CNSP et les autres parties prenantes nigériennes en vue de convenir d’une feuille de route pour une transition de courte durée, de mettre en place des organes de transition, et de faciliter la création d’un mécanisme de suivi et d’évaluation de la transition, en vue du rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel.
C’est en fonction des résultats des discussions entre le comité des chefs d’État et le CNSP que la CEDEAO pourra envisager un assouplissement progressif des sanctions imposées au Niger. En cas de non-conformité du CNSP aux conclusions des discussions avec le comité, la CEDEAO menace de maintenir l’ensemble des sanctions et demandera à l’Union africaine et à ses partenaires d’appliquer des sanctions ciblées à l’encontre des membres du CNSP et de leurs associés.
Oumar Sawadogo
Source : L’Observatoire