ASSISES NATIONALES DE LA REFONDATION : L’Imam Dicko a-t-il raté la coche ?

La phase nationale et finale des assises nationales de la refondation de l’état du Mali ont pris fin le 30 décembre 2021 à Bamako. Toutes les forces vives de la nation ont été conviées. Surprise de taille, le très respecté et éclairé imam Mahmoud Dicko qui a mené la fronde politico-sociale en 2020 contre IBK avant le coup d’État n’a pas pris part aux assises nationales, ce qui suscite des interrogations.

Autrefois grand acteur et leader incontestable des différents mouvementés qui ont précipité la chute de l’ancien régime, l’imam Dicko se retrouve aujourd’hui très isolé. En effet, le patron de la CMAS bénéficiait d’une très grande notoriété auprès de l’opinion publique. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Le dimanche 28 novembre 2021, après la cérémonie de prière organisée à Bamako, l’imam Dicko s’est exprimé en langue locale sur la situation du Mali. Il avait notamment affirmé que cette situation à laquelle son pays fait face n’était pas bonne. « Vous êtes nos fils, Dieu vous a confié la gestion du pays mais nous avons constaté que ça ne va pas ». Dans son intervention, il avait souligné que lui et d’autres leaders religieux avaient sollicité une rencontre avec la junte mais qu’ils étaient restés face à une porte fermée. Dans son entretien, il avait lancé un appel à la CEDEAO et aux voisins du Mali de faire preuve de clémence en cette période tumultueuse. « Le peuple malien est un peuple reconnaissant, nous ne sommes pas un peuple ingrat » avait déclaré l’imam.

L’homme fort de Badalabougou était très écouté et ses conseils étaient appliqués à la lettre par les occupants de Koulouba. Cependant, depuis un certain temps, l’on a remarqué que l’emprise de l’imam sur la nouvelle autorité diminuait. En illustration, son absence aux assises nationales de la refondation initiée par les autorités de la transition en dit long. D’où vient cette tension entre Dicko et le pouvoir ?

En guise de réponse, la CMAS à travers un communiqué en date du 10 décembre 2021 citait : « la CMAS n’a jamais été consultée et elle n’a reçu aucun document comme support de participation aux assises nationales de la refondation. Par conséquent, le bureau exécutif de la CMAS informe tous ses membres, ses coordinateurs, ses mandataires et tous ces sympathisants de ne pas prendre part aux travaux des ANR »

Un document limpide qui explique la non-participation du mouvement de l’imam aux assises. Cette absence n’est pas passée inaperçue car elle a suscité bon nombre d’interrogations au sein de l’opinion publique. Assistons-nous à une rupture entre les autorités de la transition et le leader religieux ?

De toute évidence, les travaux des ANR ont connu leur épilogue et des recommandations ont été établies par les participants de plusieurs régions du Mali. A la date du 2 janvier, aucun commentaire n’avait encore été formulé par Mahmoud Dicko mais la tension reste cependant palpable.

Cependant, une grande figure siégeait aux premiers rangs lors de la clôture des ANR. Il s’agit bien évidemment du célèbre chérif de Nioro Bouyé qui semble soutenir mordicus les militaires. Selon ses sympathisants, le Cherif de Nioro aurait même proposé une prolongation de 5 ans à la transition en cours. 

Ahmadou Sekou Kanta

Source : Miroir Hebdo

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